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Soirée Forsythe : épisode 2 [Ballet de l’Opéra de Paris]

Mercredi 12 décembre 2012. Soirée William Forsythe/Trisha Brown par le Ballet de l’Opéra de Paris, au Palais Garnier. Quatre ballets : In the middle, somewhat elevated de William Forsythe (Christelle Granier, Fabien Révillion, Valentine Colasante, Emilie Hasboun, Alexandre Gasse, Lydie Vareilhes, Maxime Thomas, Juliette Hilaire et Charlotte Ranson) ; O Zlozony / O Composite de Trisha Brown (Isabelle Ciaravola, Nicolas Le Riche et Jérémie Bélingard) ; Woundwork 1 de William Forsythe (Emilie Cozette, Benjamin Pech, Eléonora Abbagnato et Nicolas Le Riche) ; Pas./Parts de William Forsythe (Sabrina Mallem, Agnès Letestu, Audric Bezard, Nolwenn Daniel, Yvon Demol, Aurélien Houette, Eléonore Guérineau, Christelle Granier, Simon Valastro, Alexandre Carniato, Pauline Verdusen, Sébastien Bertaud, Aurélia Bellet, Emilie Hasboun et Laurène Levy).

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Pas de grosse surprise pour ce deuxième épisode de la soirée Forsythe/Brown. Sous-entendu par rapport à la Première. In the middle, somewhat elevated n’a toujours pas cette folle énergie, même si le geste était plus précis, et Pas./Parts est toujours un grand moment d’enthousiasme.

L’équation de la La distribution d’In the middle était ce soir différente, et a un peu mieux fonctionné. C’était une distribution de corps de ballet. Rien de péjoratif en ce terme, c’est un constat, et le fait est que les passages d’ensemble étaient de loin les plus réussis. Cette pièce fonctionne aussi grâce à ça, à l’énergie du groupe, à une certaine symbiose. Les gestes semblaient affinés par rapport à la Première, moins d’extensions envoyés sans y penser, plus de complexité dans les lignes qui se brisent, cette recherche constante de déséquilibre.

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Je n’y ai toujours pas retrouvé cet enthousiasme qui m’avait fait lever de ma chaise en décembre dernier, mais dans certains moment de groupe, on sentait que ce n’était pas forcément très loin. On se plait aussi à suivre des artistes que l’on voit peu, comme Emilie Hasboun vraiment à l’aise dans de répertoire, ou Fabien Révillion qui s’impose de plus en plus. Valentine Colasante s’est aussi plutôt bien tirée de son rôle de cheffe de file. Malheureusement, l’absence de forte personnalité s’est tout de même encore fait sentir. Et lors des solos ou duos, les danseur-s-es avaient l’air bien petit-e-s sur la scène de Garnier. L’ampleur du geste, une certaine démesure, ce n’est pas si facile à avoir.

O Zlozony / O Composite, pas non plus de surprise. Ce ballet est toujours d’un ennui et d’une prétention finie, la chorégraphe s’écoutant merveilleusement bien parler. Alors oui, Isabelle Ciaravola est toujours subliiiiiiime (quel plaisir de la retrouver), Nicolas Le Riche est toujours magnifiiiiiiique, Jérémine Bélingard est toujours Jérémiiiiie. Mais non, vraiment non, ça ne tient pas 25 minutes. Même pas 10. Pour passer le temps, je me suis mise à compter les étoiles de la toile de fond, on s’occupe comme on peut.

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Woundwork 1
se savoure de plus en plus, mais il faut savoir tomber dedans. Surtout que la distribution, assez déséquilibrée, ne provoquait pas forcément l’effet escompté. D’un côté, un couple en totale symbiose, qui vous retrace une histoire amoureuse en 15 minutes et donne une démonstration de style. De l’autre, deux personnes qui n’ont visiblement pas grand chose à se dire et un cruel manque de subtilité pour elle. Forcément, on ne regarde que le premier couple, et s’est tellement beau que l’on n’est pas loin d’avoir les larmes aux yeux. Mais cette pièce se danse à quatre, dommage.

Pas./Parts, et plus globalement la deuxième partie de la soirée, est définitivement ce qu’il y a de plus intéressant, même si cela reste un peu plus difficile d’accès. In the middle, c’est une explosion d’énergie, quelque chose qui ne s’arrête pas et laisse le public à bout de souffle (car malgré le manque de personnalité ce ballet fait toujours son effet. La personne qui m’accompagnait ne connaissait pas Forsythe, et est ressortie enthousiaste de cette première pièce, de loin sa préférée). Pas./Parts est moins démonstratif, plus subtil, mais tout aussi passionnant.

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Ce qui marche en fait si formidablement bien avec cette pièce, c’est la gestion du suspens (ou de l’intensité, mais le mot “suspens” me paraît finalement plus approprié). Pas./Parts, c’est un peu comme un excellent roman : une image forte pour débuter, une histoire qui se dévoile petit à petit et qui déstabilise parfois, des surprises à chaque chapitre, des personnages marqués, et une fin à couper le souffle, que l’on ne veut surtout pas voir s’arrêter. Ce ballet, je pourrais le voir encore et encore, tant il y a de surprises, de richesse, de choses à découvrir. Chacun sur scène est unique, se découvre, se régale j’imagine. C’est pour ce genre d’œuvre que j’aime aussi la danse.

Soirée Forsythe/Brown par le Ballet de l’Opéra de Paris, jusqu’au 31 décembre au Palais Garnier.

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