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Un Far au goût de Genius

Je me suis rendue à la Maison des Arts de Créteil le mardi 15 mars avec une légère appréhension. Celle de voir dans Far, la nouvelle création de Wayne McGregor, un ressassé de son Genius présenté par le Ballet de l’Opéra de Paris il y a quelques mois. Deux indices m’avaient mis la puce à l’oreille : la critique du Lyon Capitale, enthousiasmante, mais qui décrivait presque mot pour mot ce que j’avais ressenti en voyant le deuxième ballet, et le propos du chorégraphe. “Poser la question du corps“, “Un environnement hypnotisant fait d’ombres et de lumières“. Du copier-coller.

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Mes craintes se sont révélées justifiées dès la première mesure. Même gestuelle, même extrémisme physique dans les pas, même écran vidéo en fond. Pour se donner bonne conscience, la musique était classique (du moins au début), et les costumes différents. Mais le fond n’avait pas de surprise. Tout ça commence bien mal. Certes, c’est beau à regarder, sa troupe Random Dance a un niveau excellent, mais je commence à craindre le supplice de l’aiguille, celle de la montre qui avance de façon lentement stupéfiante.

Finalement, la soirée ne fut pas si mal que ça. J’irais même jusqu’à pousser qu’elle fut agréable. Si certain-e-s sont assez rebuté-e-s par le style McGregor, qui aime pousser le corps à ses limites, pour ma part, j’apprécie beaucoup. J’aime quand ça danse, quand ça bouge. Je suis souvent frustrée par le contemporain, qui n’utilise pas la liberté prise sur le classique en tombant parfois dans la contemplation. McGregor n’a pas ces principes. Pour quelques regards, sa danse reste du cirque et de la performance physique. Le chorégraphe s’en fout, il fait lever les jambes encore plus haut, se désarticuler les corps encore plus fort. Et ça reste de la danse, à l’image de ce duo de danseurs qui jouaient sur la souplesse de leurs dos. Deux anguilles sans colonne vertébrale totalement fascinantes.

Il faut parfois lâcher prise pour apprécier Far. Contrairement à Genius, et c’est bien là leur seule différences, les danseur-s-e veulent visiblement exprimer quelques chose. Quoi, c’est encore la question. Pourquoi tant de peur dans leur regard, pourquoi tant de torture, pourquoi ce décompte lumineux en fond de scène ? C’est mon habitude classique qui parle, qui veut toujours voir une histoire dans chaque scène. Mais le sens n’a finalement pas vraiment d’importance, peu-être pas pour le chorégraphe, mais pour le public en tout cas. Et le ballet prend toute sa force lorsque l’on laisse la puissance des pas prendre le dessus. Il m’a fallu 20 bonnes minutes pour y parvenir, ce qui m’a tout de même laissée 45 minutes de saveurs. J’ajoute à cela une très bonne utilisation de la musique, une bande-son inécoutable seule qui devient une véritable partition de ballet, sachant porter les artistes.

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C’est dommage tout de même ne de pas avoir de surprise, de ne pas se demander ce qui va se passer ensuite. C’est dommage de devoir de contenter, à défaut de l’étonnement, de la puissance de la danse. C’est dommage d’avoir l’étrange impression d’avoir fait le tour du chorégraphe en deux oeuvres. Mais ceux et celles pour qui c’était le premier McGregor ont dû être assez abasourdi-e-s.

Far de Wayne McGregor a été donné dans le cadre de la Biennale du Val-de-Marne, qui continue jusqu’au 2 avril.

© Photos : RaviDeepres

Commentaires (1)

  • AAAAhhhhhhaaagggggrrr. Je te déteste, parce que je me déteste de ne pas avoir appelé pour réserver une place sous prétexte que j’étais crevée, que j’aurais mieux fait de bosser et que Créteil paraît-il craint un peu le soir. Dis-moi que c’était archi plein une semaine avant (ou oublie de répondre). Bon, j’arrête de faire ma mauvaise ballatomane larmoyante, je devrais m’estimer heureuse d’être pleine de courbature (les muscles reviennent !).

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