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Yvan Vaffan de Jean-Claude Gallotta

Cette re-création d’Yvan Vaffan est un pari courageux de Jean-Claude Gallotta. L’idée ? Reprendre une pièce créée en 1984, il y a 30 ans. La faire danser par de nouveaux interprètes, la retravailler. Puis la confronter à notre nouvelle époque et voir si la chorégraphie a résisté au temps.

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La réponse n’est ni oui, ni non. Ou plutôt oui, mais en perdant quelque chose au passage. En se lançant dans Yvan Vaffan, Jean-Claude Gallotta voulait créer une histoire, pour que le public puisse se raccrocher à sa nouvelle danse, qui n’était pas encore acceptée à l’époque. Aujourd’hui, cette danse est digérée et presque trop : elle ne choque et ne marque plus. C’est du déjà-vu. Yvan Vaffan n’a pas mal vieilli, elle n’est pas ringarde, elle n’est pas dépassée. Elle pourrait sans problème être créée aujourd’hui. Mais elle laisse déjà un goût de lassitude. Elle a perdu la fraîcheur de son geste. C’est le genre de pièce qu’on l’on a vue et revue en 2013, jusqu’à connaître par coeur chaque énergie. À croire que la danse contemporaine française n’a fait que se répéter depuis 30 ans.

C’est pourtant une totale jeunesse qui est sur scène, avec dix interprètes survolté-e-s se lançant corps et âme dans cette histoire tribale. Certaines scènes cependant paraissent franchement dépassées. Est-il encore vraiment utile, dans une oeuvre contemporaine, de se moquer des pas de deux classiques ? Le pastiche de Giselle semble pointer du doigt la danse académique. Ah ah, regardez comme c’est ringard, nous sommes tellement mieux dans la création contemporaine. J’aurais pu en rire moi aussi, s’il n’y avait pas eu ce sous-entendu de voir la danse classique comme quelque chose de si dépassée. Le pas de deux se termine par un viol, tourné en élément comique qui a beaucoup fait rire mes voisin-e-s de derrière. Le choc des époques se fait cruellement ressentir. Si en 1980 cela pouvait passer, en 2013, un gros malaise s’installe (et d’avance merci, ne me parlez pas de politiquement correct).

Yvan-Vaffan

Il y a pourtant des moments de folie dans ce remonté Yvan Vaffan. Les scènes d’ensemble restent les plus fortes, boostées par l’énergie du groupe, visiblement très soudées. Le vent de la jeunesse souffle sur un esprit parfois mal engoncé. Mais ça ne suffit pas pour inscrire la pièce dans la durée. Le constat est dur au bout de l’heure 1/2 : la chorégraphie n’a pas passé le mur des époques.

 

Yvan Vaffan de Jean-Claude Gallotta au Théâtre de Chaillot. Avec Ximena Figueroa, Ibrahim Guétissi, Mathieu Heyraud, Georgia Ives, Bruno Maréchal, Cécile Renard, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Stéphane Vitrano, Béatrice Warrand. Mardi 19 novembre 2013.

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