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[Exposition] Habiller l’Opéra, costumes et ateliers de l’Opéra de Paris au CNCS de Moulins

Le Centre National du Costume de Scène s’est paré des étoffes de l’Opéra de Paris auquel il s’est associé à l’occasion des 350 ans de l’institution pour une exposition intitulée Habiller l’Opéra. Un parcours imaginé par la directrice du CNCS Delphine Pinasa et Martine Kahane, les deux commissaires de cette exposition qui se veut comme il est écrit dans le superbe catalogue qui l’accompagne “une déclaration d’amour aux Ateliers de costumes de l’Opéra de Paris“. Et pour circuler et faire ce voyage dans l’histoire du costume d’opéra et de ballet à Garnier et Bastille, Alain Batifoulier et Simon de Tovar ont imaginé un décor sobre qui évoque avec élégance le Palais Garnier.

Costume  pour le 1er acte de de Giselle (Serge Lifar, 1954) porté par Claire Motte et dessiné par Jean Carzou

Qui n’a pas rêvé un jour d’aller en coulisses vers les ateliers de décors et de costumes pour voir comment ils se fabriquent  ? C’est ce à quoi nous invite l’exposition : entrer dans les secrets d’une production, ou plus exactement des productions qui ont émaillé l’histoire de l’Opéra de Paris. Celles qui ont fait date par leur splendeur, le nom du couturier ou le tournant esthétique qu’elles représentaient.

Plusieurs personnalités ont accompagné l’évolution du costume d’opéra et de ballet et Jacques Bouché, qui présida aux destinées de l’Opéra de Paris de 1914 à 1944, est à l’origine d’un changement radical. Jusqu’à son arrivée, les costumes étaient confiés à un dessinateur en chef qui concevait toutes les productions. C’était l’époque où les mêmes costumes étaient recyclés d’une œuvre à une autre. Joseph Pinchon, graveur et illustrateur de formation, fut le dernier à occuper ce poste. Les choses changent avec Jacques Bouché et le ballet n’est pas pour rien dans cette révolution. Ce directeur a en effet été largement influencé par Serge Diaghilev qui crée le concept d’unité stylistique, qu’il met en œuvre dans les Ballets Russes. C’est la fin des décorateurs et des  costumiers uniques et l’avènement au Palais Garnier d’artistes qui vont insuffler de la modernité.

Serge Lifar, qui arrive à l’Opéra de Paris en 1916, fut l’un des artisans de cette révolution esthétique. Et pour les amateurs et amatrices de danse, c’est un des éléments les plus passionnants de cette exposition. On y voit en effet de nombreux costumes imaginés pour les ballets de Serge Lifar qui régna en maitre absolu à l’Opéra de Paris  et imposa ses chorégraphies. Elles ont hélas presque toutes disparu mais le CNCS conserve dans ses collections la plupart de ces costumes (et on se prend à imaginer une exposition spécifique consacrée à Serge Lifar…). Certains sont exposés à Moulins  et notamment ceux du ballet Salade sur une musique de Darius Milhaud créé à Garnier en février 1935 et dont les costumes sont signés André Derain, rien de moins !

Tutu d’Aurore dans La Belle au bois dormant d’Alicia Alonso dessiné par José Varona (1974). Costume porté par Noëlla Pontois.

Les productions lyriques se taillent  bien sur la part du lion pour différentes raisons. Les costumes de ballet sont plus fragiles par essence car pour danser, il faut des étoffes légères qui peuvent être portées sans gêner l’interprétation. Ils sont aussi moins nombreux mais Martine Kahane a déniché des trésors : “Nous voulions montrer des costumes qui sont associés à des noms emblématiques de la maison et c’est ainsi que nous avons retrouvé le costume de Giselle porté par Yvette Chauviré, celui de La Sylphide pour Ghislaine Thesmar. Ou encore ces étiquettes doubles avec un même costume, pour l’acte 1 de Giselle, porté tour à tour par Sylvie Guillem et Marie-Claude Pietragalla et c’était très émouvant de les retrouver…“.   

L’exposition fait le bonheur du.de la lyricomaniaque et du.de la balletomane, mais c’est aussi un voyage passionnant dans l’histoire de l’Opéra de Paris. On retrouve ainsi une iconographie qui nous replonge dans l’atmosphère des ateliers de coutures au début du XXe siècle. Mais pas de nostalgie ! C’est un panorama complet qui nous est proposé et qui culmine dans la dernière salle, entièrement consacrée à la danse avec des cintres mouvants qui montent et descendent, dévoilant des costumes qui nous ramènent aux ballets d’aujourd’hui et à leurs costumiers.

Costume pour Le Chevalier Errant de Serge Lifar (1959) dessiné par Pedro Flores

 

Habiller l’Opéra – Costumes et Atelier de l’Opéra de Paris – Exposition au Centre National du costume de Scène à Moulins. À voir jusqu’au 3 novembre 2019 (ouvert tous les jours).




 

Commentaires (1)

  • Giulia

    Très déçue par la partie costumes de ballet. Il n’y a quasiment rien et surtout la plupart sont sans intérêt.

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