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Les sorties Livres danse de l’automne

Un Que Sais-je ?, un recueil de souvenirs, un roman de la passionnante romancière britannique Zadie Smith et un étonnant roman pour adolescent.e.s. Voilà une petite sélection de quelques livres sur la danse sortis ces dernière semaines.

 

Les 100 mots de la danse de Geisha Fontaine

Paru le 13 juin 2018, collection Que sais-je ? (PUF)

Ce qu’en dit la 4e de couverture – D’un traité du XVIIe siècle aux procédés aléatoires de composition, de la présence scénique de l’interprète à la « gargouillade » du ballet classique, de l’improvisation à la répétition, les mots de la danse sont nombreux. Geisha Fontaine en retient 100 qui rendent compte des multiples facettes de cet art de l’espace qui est aussi un art du temps. Le mouvement, le corps, la création chorégraphique, les courants esthétiques sont abordés sous toutes leurs formes. Histoire et techniques, enjeux théoriques et questions pratiques : c’est la place de la danse dans nos sociétés qui est ici interrogée, et le dialogue qu’elle entretient avec les autres arts, notamment la musique. Passant d’un terme à l’autre, le lecteur est ainsi invité à créer sa propre chorégraphie, mot à mot, pas à pas…

L’auteure – Chorégraphe et danseuse, Geisha Fontaine est docteur en philosophie de l’art (université Paris Panthéon-Sorbonne) et chercheuse en danse. Elle est notamment l’auteur des Danses du temps (Centre national de la danse, 2004).

Notre avis – Peut-on raconter, sans l’enfermer, la danse en 100 mots ? C’est le challenge auquel répond ce Que-sais-je ? bienvenu, la collection n’ayant plus abordé cette thématique depuis vingt-cinq ans. La structure en Abécédaire tranche avec la configuration habituelle, mais a de quoi séduire. Elle laisse supposer que les choix sont forcément subjectifs et ne prétendent pas à l’exhaustivité. Alors on se lance dans la lecture, picorant ça et là un terme technique ou un nom propre. Les éclairages sur la danse contemporaine ou la danse conceptuelle sont fort bien documentés, tout comme des entrées étonnantes comme “immobilité” ! On apprécie de trouver des termes comme “vieillir”, “blessure” ou “chute”. Un Que sais-je ? qui détonne par son ton, pas toujours grand public, mais dont on sort plus riche. “Lire aussi est un art vivant” (Ribert Filliou) peut-on lire en exergue. On valide !

Les 100 mots de la danse

 

Une vie à l’opéra de Gérard Mannoni

Paru le 13 septembre 2018 chez Buchet/Chastel

Ce qu’en dit la 4e de couverture –  Ce livre est le récit ébloui des souvenirs d’un spectateur de huit ans devenu critique musical. Soixante années de soirées passées dans les salles de concerts et les opéras. Soixante années de rencontres, au fil des interviews, des tournées avec les orchestres ou les compagnies de danse, où des liens très forts se sont créés avec des danseurs, des chorégraphes, des musiciens extraordinaires : Roland Petit et Zizi Jeanmaire, Noureev, Rosella Hightower, Carlo Maria Giulini, Montserrat Caballé Germaine Lubin, Jonas Kaufmann, pour n’en citer que quelques-uns. Dans ce récit généreux, Gérard Mannoni parvient à communiquer au lecteur la fascination qu’exerce toujours sur lui ce monde fabuleux, dont toutes les forces physiques et intellectuelles, tous les talents s’unissent avec un seul but : que le rideau se lève le soir à la seconde voulue sur le meilleur spectacle possible.

L’auteur – Critique musical et chorégraphique, Gérard Mannoni a une longue carrière dans la presse écrite (Combat, Le Quotidien de Paris, Classica, Opéra Magazine, L’Avant-Scène-Opéra-danse, Elle) et à la radio (trente années comme producteur à France Culture et France Musique). Il a publié une vingtaine d’ouvrages sur la danse et les danseurs, dont, chez Buchet/Chastel, Les Grandes Étoiles du XXe siècleLes Grands Chorégraphes du XXe siècle, et  avec Agnès LetestuDanseuse étoile.

Notre avis – Quand on a fréquenté les salles de spectacles pendant plus de soixante ans, on a forcément dans les malles de sa mémoire une foultitude de souvenirs qui ne demandent qu’à ressurgir. C’est l’exercice auquel se prête Gérard Mannoni dans cet ouvrage foisonnant d’anecdotes. Chanteurs, divas, ballerines et chorégraphes se succèdent au fil des pages. Leur portrait se dessine, leurs petites manies, leurs travers, la qualité de ce qui les rend uniques… George Balanchine, Mikhaïl Barychnikov, Margot Fonteyn, Maïa Plissetskaïa, Maurice Béjart, Yvette Chauviré, Zizi Jeanmaire pour ne parler que de la danse, ils.elles sont tous là. Des artistes avec lesquels, pour certains, l’auteur s’est lié d’amitié au fil des années. Comment garde-t-on la bonne distance ? Comment peut-on continuer à exercer son œil critique ? Préférant “transmettre au lecteur la fascination qu’a exercé et qu’exerce sur moi ce monde fabuleux“, Gérard Mannoni élude cette question préférant laisser remonter les souvenirs, souvent savoureux et drôles, surannés aussi parfois.

Une vie à l’opéra de Gérard Mannoni

 

Swing time de Zadie Smith

Paru le 16 août 2018 chez Gallimard

Ce qu’en dit la 4e de couverture – Deux petites filles métisses d’un quartier populaire de Londres se rencontrent lors d’un cours de danse. Entre deux entrechats, une relation fusionnelle se noue entre elles. Devant les pas virtuoses de Fred Astaire et de Jeni LeGon sur leur magnétoscope, elles se rêvent danseuses. Tracey est la plus douée, la plus audacieuse mais aussi la plus excessive. Alors qu’elle intègre une école de danse, la narratrice, elle, poursuit une scolarité classique au lycée puis à l’université, et toutes deux se perdent de vue. La plus sage devient l’assistante personnelle d’Aimee, une chanteuse mondialement célèbre. Elle parcourt le monde, passe une partie de l’année à New York et participe au projet philanthropique d’Aimee : la construction d’une école pour filles dans un village d’Afrique. Pendant ce temps, la carrière de Tracey démarre, puis stagne, tandis que progresse son instabilité psychologique. Après une série d’événements choquants, les deux amies se retrouveront pour un dernier pas de danse.

L’auteure – Zadie Smith, jamaïcaine par sa mère et anglaise par son père, est née à Londres en 1975, où elle vit toujours. Son premier roman, Sourires de loup, a paru aux Editions Gallimard en 2001, puis L’homme à l’autographe en 2005, De la beauté en 2007, Changer d’avis, un recueil d’essais consacrés à la littérature, en 2013 et Ceux du Nord-Ouest en 2014.

Notre avis – Parcours croisé de deux fillettes métisses devenues femmes réunies par l’amour de la danse, Swing Time est surtout une réflexion sur la célébrité. Cette quête épuisante de gloire dans une époque où les stars d’un jour sont jetées aux oubliettes aussi vite qu’elles ont été portées au pinacle. C’est aussi un roman sur l’amitié, sur la vie qui fait croire que rien ne vous séparera jamais et qui dresse des obstacles pour certain.e.s insurmontables. La danse est surtout présente comme ciment d’une relation qui va connaître mille vicissitudes. La narratrice, moins douée que l’héroïne dont elle raconte l’ascension puis la chute, a vite délaissé ses rêves de danse. A-t-elle eu raison ? Doit-on s’accrocher à son ambition au péril de sa vie ? La peur du faux pas conduit -elle à l’immobilisme ? Swing Time parle de tout cela et du pouvoir qu’a la danse sur tous nos démons intérieurs.

Swing time de Zadie Smith

 

Dancers de Jean-Philippe Blondel

Paru le 22 août 2018 chez Actes sud Junior

Ce qu’en dit la 4e de couverture – Une fille et deux garçons. Un triangle amoureux. Anais, Adrien et Sanjeewa se croisent, s’aiment, se séparent puis se retrouvent. Mais au-delà des sentiments, ce qui les relie irrésistiblement est la passion de la danse, du hip-hop; les battements du corps. Avec une énergie indomptable, le trio réinvente les lois de l’attraction dans la vie comme sur la scène.

L’auteur – Jean-Philippe Blondel enseigne l’anglais dans un lycée près de Troyes. Il a déjà publié de nombreux ouvrages pour la jeunesse tous oubliés chez Actes sud Junior.

Notre avis – La danse peut être un trait d’union entre les êtres. Dans ce roman pour adolescent.e.s, elle va réunir trois lycéens qui se retrouvent à l’option danse de leur établissement scolaire pour des raisons différentes. Quand la professeure décide de former des duos, les attirances se révèlent. Les trois narrateurs nous content cette histoire à tour de rôle avec leur propre point de vue et leur propre histoire. Ils prennent vie au fil des pages. Leurs personnalités sont bien dessinées et la triangulation amoureuse finement explorée. L’auteur, qui a une fine connaissance de la psychologie adolescente, sait aussi trouver les mots justes pour évoquer le rapport à la danse de chacun. Au final, même si rien ne se joue comme on l’aurait imaginé, une vérité demeure : en danse comme dans la vie, tout est question de confiance.

A partir de 13 ans.

Dancers de Jean-Philippe Blondel

 

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