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L’Oiseau de feu de Farid Berki – Suresnes Cités Danse

Après avoir ouvert la 25e édition de Suresnes Cités Danse avec le spectacle anniversaire, c’est à Farid Berki qu’est revenu le privilège de fermer le bal avec sa version de L’Oiseau de feu de Stravinski. Portée par dix jeunes danseur.se.s hip hop, cette pièce marque par sa coloration sombre et passionnée. Le chorégraphe a choisi de s’affranchir de la stricte narration du conte de fées russe. Avec une approche plus minimaliste, il sublime toute la symbolique de l’oiseau le plus mythique du répertoire classique.

L’Oiseau de feu de Farid Berki – Suresnes Cités danse

Depuis près de vingt ans, Farid Berki a noué un compagnonnage artistique avec le compositeur russe en revisitant tour à tour Petrouchka, Scherzo fantastique et Le Sacre du printemps. Créé avec l’Orchestre national de Lille le soir même des attentats de novembre 2015, son Oiseau de feu avait été comme foudroyé en plein vol. La pièce tient là une sorte de renaissance, même si la version live avec orchestre symphonique doit apporter un relief que ne restitue pas la musique enregistrée. Malgré tout, la partition est saisissante. Farid Berki la décrit comme un “flot continu qui s’impose à nous, d’un bloc“. L’énergie du hip hop vient se frotter à cette rythmique avec une surprenante évidence.

En choisissant d’associer des danseur.se.s émergent.e.s des Hauts de France et de Belgique à Mustapha Bellal et Johnny Martinage, deux fidèles de sa compagnie Melting Spot, le chorégraphe fait le pari de la transmission aux jeunes générations. Comme un écho à sa première rencontre avec l’œuvre de Stravinski. En 1984, Alfonso Cata, le directeur du Ballet du Nord décide de créer une pièce avec une dizaine de jeunes danseurs de Roubaix : il choisit L’Oiseau de feu. Cette expérience de “décloisonnement des champs artistiques“, cette “intuition chorégraphique” imprègnera profondément Farid Berki.

L’Oiseau de feu de Farid Berki – Suresnes Cités danse

Décors réduits au strict minimum, lumières entre clair-obscur inquiétant et pleins feux vibrants… L’écriture chorégraphie alterne entre vivacité et retenue. Se dégage par moments une énergie quasi agressive, que vient adoucir la présence gracile et ensorcelante de l’Oiseau interprété par Zoé Boutoille. Introduisant de la gestuelle circassienne, son apparition dans un cerceau aérien est une trouvaille qui tranche dans l’univers hip hop parfois plus balisé. La vivacité de la proposition réside aussi dans des emprunts aux arts martiaux et à des références contemporaines. On sent même parfois la flamme béjartienne dans certains mouvements d’ensemble.

Emblème de magie et de beauté dans le folklore russe, cet Oiseau de Feu, insaisissable et mystérieux, a souvent été vu par les commentateurs de l’œuvre de Stravinski comme une allégorie de l’art qui ne cesse de se métamorphoser. “Me renouveler, surprendre, et ne jamais lasser“,  telle était l’ambition du compositeur russe. Une maxime que pourrait faire sienne Farid Berki, un des pionniers de la danse hip hop en France, qui parvient à surprendre encore et toujours.

L’Oiseau de feu de Farid Berki – Suresnes Cités danse

 

L’Oiseau de feu de Farid Berki au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, dans le cadre de Suresnes Cités Danse. Avec  Mustapha Bellal, Zoé Boutoille, Sofiane Challal, Aurélien Collewet, Matthieu Corosine, Sofiane Felouki, Valentin Loval, Johnny Martinage, Rahim Ouabou, Elora Pasin. Dimanche 5 février 2017.

 

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