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On Fire – The Invention of Tradition de Constanza Macras

Invitée pour la première fois avec sa compagnie à Paris, Constanza Macras, chorégraphe emblématique de la scène berlinoise, présente au Théâtre de Chaillot une pièce de 2015, On Fire – The Invention of Tradition. Une plongée facétieuse dans les tourments de l’Afrique du Sud post-apartheid et une belle découverte.

On Fire – The Invention of Tradition de Constanza Macras

L’argentine Constaza Macras s’est formée à la danse à Buenos Aires, Amsterdam et New York avant de s’installer à Berlin. Très vite, dès ses années d’apprentissage, elle se sent plus attirée par la chorégraphie que l’interprétation. Elle fonde ainsi une première compagnie, TAMAGOTCHI Y2K, en 1997, puis une seconde du nom de DorkyPark avec la dramaturge Carmen Mehnert, en 2003. Pour cette troupe multidisciplinaire elle développe une danse-théâtre qui mêle textes, films et musiques live, et traite de sujets politiques tels que l’immigration ou les droits de l’homme.

Invitée pour la première fois à Paris avec sa compagnie – on avait déjà pu voir son travail dans le Songe d’une nuit d’été de Thomas Ostermeier puisqu’elle en signait la chorégraphie – elle présente au Théâtre de Chaillot On Fire – The Invention of Tradition. Fruit d’une résidence en Afrique du Sud, cette pièce unit des artistes autochtones à des performeurs berlinois et interroge les violences qui embrasent ce pays de façon récurrente ainsi que notre regard sur les traditions à l’heure postcoloniale, pour mieux souligner la rémanence de divers clichés. Elle s’appuie notamment sur une série d’images, projetées en fond de scène, de l’artiste afro-américaine Ayana V. Jackson qui, installée à Johannesburg, recrée les premières photos prises en Afrique par des anthropologues comme celles de zoos humains du XIXe siècle.

On Fire – The Invention of Tradition de Constanza Macras

Si le propos de Constanza Macras est grave, On Fire – The Invention of Tradition est d’une vitalité réjouissante et le sourire affleure souvent. Les scènes s’enchainent dans une composition complexe. Casting puis création d’une série télévisée, vie quotidienne, poses de groupe pour réaliser des clichés, récit de contes africains, réflexions philosophiques sur l’identité se succèdent alors que blancs et noirs se mêlent, s’imitent, dialoguent ou se confrontent. La danse, qui métisse hip hop, zoulou et contemporain est tantôt d’une superbe fluidité tantôt d’une énergie et d’une virtuosité telles que, entraîné par le rythme entêtant des percussions, il faut se retenir pour ne pas battre des pieds et des mains.

Des diverses saynètes on retient particulièrement celle où les treize interprètes, tous magnifiques, se meuvent en tremblotant frénétiquement, au son d’un disque rétro, donnant la sensation d’un film dont la pellicule abimée ferait hoqueter sa projection, ou celle où un homme, sur lequel une de ses congénère tire, se relève inlassablement, rembobinage, nouvel hoquet. Voir surgir inopinément le Boléro de Béjart où quelques pas emblématiques de Mickael Jackson constituent également de délicieuses surprises. On Fire – The Intervention of Tradition constitue un dépaysant et réjouissant voyage en Afrique du Sud, à la mise en scène soignée et au vocabulaire chorégraphique énergique et singulier.

On Fire – The Invention of Tradition de Constanza Macras

 

On Fire – The Invention of Tradition de Constanza Macras, au Théâtre National de la Danse de Chaillot. Crée avec et dansé par Louis Becker, Emil Bordas, Fernanda Farah, Zandile Hlatshwayo, Lucky Kele, Jelena Kuljic, Mandla Mathonsi, Thulani Mgidi, Ntokozo Hazel Mhlaba, Melusi Mkhwanjana, Felix Saalmann, Jonh Sithole et Fana Tshabalala. Mercredi 31 mai 2017. À voir jusqu’au 2 juin

 

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