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Mirror and Music au Théâtre des Champs-Élysées – Cinq questions à Saburo Teshigawara

Le chorégraphe Saburo Teshigawara est de retour à Paris pour présenter sa pièce Mirror and Music, au Théâtre des Champs-Élysées du 6 au 8 novembre. L’occasion d’une rencontre avec la presse pour évoquer son travail si particulier, où la respiration est au centre de tout.

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Saburo Teshigawara

Qu’est-ce qu’évoque Mirror and Music ?

Que voyez-vous quand vous vous regardez dans ce miroir (ndlr : il y a un miroir derrière le chorégraphe). Est-ce que c’est vous que vous voyez ?

 

Hum… C’est une sorte de moi…

C’est une réponse intéressante ! L’on voit ce qui se reflète dans le miroir, mais ce qui est intéressant est ce qu’il y a derrière le miroir. Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Est-ce que les images que nous voyons sont réelles ? Qu’est-ce que l’image questionne ? Qu’est-ce qu’il y a derrière la musique, le silence ? On ne peut pas toucher la musique, pourtant l’émotion qu’elle dégage, l’émotion que dégage le mouvement, est palpable.

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Mirror and Music de Saburo Teshigawara

Mirror and Music a déjà été donné en France, au Théâtre de Chaillot en 2012. Pourquoi l’avoir repris au Théâtre des Champs-Élysées ? C’est un ballet pour le public français ?

C’est un ballet pour les êtres humains (sourire). En trois ans, la structure, le concept et la musique du ballet n’ont pas changé. Mais les artistes sont différents. Cette pièce est donc différente. Un danseur français notamment, Quentin Roger, a rejoint la distribution. C’est un bon danseur.

 

Qu’est-ce qu’un-e bon danseur-se pour vous ?

C’est une bonne question ! Je ne catégorise pas un-e danseur-se, je ne regarde pas la taille, ces choses-là. Je fais plutôt attention à sa flexibilité, son contrôle de la respiration, son sens de la beauté, de la musique, du temps. Un bon danseur doit avoir une préparation intérieure, une respiration intérieure, une matière, de l’épaisseur. Il doit être lui. Et aussi avoir beaucoup de détermination.

Mirror and Music de Saburo Teshigawara

Mirror and Music de Saburo Teshigawara

Comment travaillez-vous au quotidien avec vos danseurs ?

Il n’y a pas de cours de danse classique dans ma troupe, même si les artistes peuvent venir de ce monde-là. Le plus important est comment connecter l’extérieur et son intérieur. Il faut écouter la musique, c’est l’un des éléments. Et la respiration, qui est fondamentale pour moi. La façon dont un-e danseur-se respire est très importante. Un être humain n’est pas une statue, il respire. Comment respire-t-on ? Pour moi, la respiration est comme une courbe, un mouvement qui naît, qui prend de plus en plus d’ampleur, qui atteinte son sommet et qui disparaît progressivement, un peu comme le trajet d’une balle de tennis. Respirer n’est pas juste inspirer et expirer (il fait le bruit d’une respiration brutale qui halète). Le plus important pour moi est comment faire évoluer le souffle, le geste du-de la danseur-se en dépend. L’idéal pour moi serait que le geste devienne un souffle fluide, comme une fumée légère.

 

L’importance dans votre travail de la respiration peut faire penser au yoga. Vous êtes sensible à cette pratique ?

Je n’étudie pas le yoga ou le Tai-chi. Je respecte ces pratiques mais je n’en ai pas besoin dans ma danse, je n’ai pas besoin que l’on me dise de faire telle ou telle position. Mais je fais attention à la condition du corps, à sa flexibilité, et comment il évolue dans le temps et la vie. Un corps ne cesse de bouger depuis sa naissance, un danseur ne cesse d’évoluer, c’est un long processus. Je cherche continuellement le mouvement fluide. Le corps est en mouvement perpétuel, on ne peut rester à ne rien faire. Quand un mouvement disparaît, c’est pour réapparaître ailleurs. C’est comme la musique : le son a besoin de disparaître pour réapparaître. Bouger, c’est disparaître.

Mirror and Music de Saburo Teshigawara

Mirror and Music de Saburo Teshigawara

 

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