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Prix de Lausanne 2019 – Les sélections

Les sélections du Prix de Lausanne 2019 ont eu lieu le vendredi 8 février. Après une semaine de concours, les candidats et candidates ont présenté devant le jury et le public, sur la scène du Théâtre de Beaulieu, une variation classique et une variation contemporaine.

Prix de Lausanne 2019 – Les sélections – Beatriz Kuperus

Les 21 danseurs et danseuses sélectionné.e.s pour la finale du samedi 9 février :`

117 – Julia Shugart – États-Unis – All American Classical Ballet School

125 – Jihyun Choi – Corée du Sud – Seoul Arts High School

126 – Mackenzie Brown – États-Unis – Académie Princesse Grace

202 – Parker Garrison – États-Unis – International Ballet Academy

203 – João Da Silva – Brésil – Ballet Vórtice

205 – António Ferreira – Portugal – National Conservatory Dance School

206 – Noah Benzie-Drayton – Australie – Perth School of Ballet

207 – Shunhei Fuchiyama – Japon – Acri Horimoto Ballet Academy

208 – Carl Becker – Allemagne – Palucca University of Dance Dresden

210 – Benjamin Davidoff – Belgique – Royal Ballet School of Antwerp

212 – Hang Li – Chine – Liaoning Ballet School

303 – Yoon Jung Seo – Corée du Sud – Seoul Arts High School

310 – Victoria Wardell – Canada – Ellison Ballet

313 – Sumina Sasaki – Japon – Tanz Akademie Zürich

315 – Beatriz Kuperus – Royaume-Uni – English National Ballet Shcool

316 – Mio Sumiyama – Japon – Tanz Akademie Zürich

406 – Achille De Groeve – Belgique – Royal Ballet School of Antwerp

408 – Yu Wakizuka – Japon – Hungarian Dance Academy

412 – Shuailun Wu – Chine – The Secondary Dance School of Beijing Dance Academy

416 – Gabriel Figueredo – Brésil – John Cranko School Germany

418 – Alexandre Joaquim – Portugal – Centre International de Danse Rosella Hightower

Prix de Lausanne 2019 – Les sélections – Gabriel Figueredo

En général 

Les filles du groupe A – 15-16 ans – ont globalement bluffé par leur maîtrise technique. Toutes les variations sont passées, non seulement sans grosses catastrophe, mais souvent avec une grande précision et confiance. Il fut par contre plus difficile d’y déceler des personnalités. Beaucoup enchaînaient ainsi les mouvements, mais l’on avait du mal à saisir l’ensemble de leur variation, au-delà même de la recherche du style. Des choses qui viennent aussi avec la maturité et qu’il est difficile de corriger en quelques séances de coaching. Beaucoup moins nombreux que les filles, les garçons du groupe A ont ainsi montré plus de personnalité dans l’ensemble, plus de joie de danser – quand leurs consoeurs féminines semblaient plus dans le contrôle. Une classe globalement très agréable à regarder. 

Pour le groupe B – les 17-18 ans – la différence de maturité se faisait aussi bien sentir chez les filles que chez les garçons. Beaucoup de bêtes de concours chez les première, avec la variation d’Esmeralda (une nouveau cette année) choisie avec insistance. Mais on a décelé chez beaucoup une personnalité, une musicalité, quelque chose qui attire le regard. Beaucoup d’engagement aussi chez les garçons, avec un tube : Paquita. Il y avait moins de précision technique dans l’ensemble, avec des pirouettes se terminant régulièrement de trois quart, mais des personnalités évidentes et des apprentis danseurs qui n’avaient pas peur de la scène. 

Prix de Lausanne 2019 – Les sélections – Yu Wakizuka

Se pose aussi dans toutes les classes la question de la danse contemporaine. Chez les plus jeunes notamment, les variations semblaient un peu trop complexes et l’on voyait clairement ceux et celles qui avaient l’habitude de travailler ce genre de technique… et les autres. Toutes les variations étaient aussi très – trop – longues, ce qui a eu tendance, pour le public, à plomber un peu la deuxième partie des épreuves. Les plus âgés se sont en général mieux débrouillés, la maturité aidant. Créer des variations spécifiques serait peut-être plus intéressant, plutôt que de proposer des variations de grands chorégraphes souvent passionnantes, mais parfois trop complexe pour être abordées par des adolescent.e.s. 

Les quatre groupes ont en tout cas été dans l’ensemble plutôt homogène, avec un bon niveau d’ensemble mais finalement peu de noms qui se distinguaient outrageusement, ce qui laissait une grande ouverture possible pour les résultats. 

Prix de Lausanne 2019 – Les sélections – Mio Sumiyama

Dans le détail

Peu de filles chez les A en finale, donc, et aucune parmi les plus jeunes (même si certaines ont toutes leurs chances de décrocher une bourse lors du Networking Forum). Pas de surprise pour la qualification de Mackenzie Brown (126), candidate brillante et charismatique. Il n’y a pas de secret : elle vient de l’Académie Princesse Grace. Elle en faisait certes un peu trop dans le lyrisme pour son Ombre, mais il y avait dans sa technique une précision et une qualité des plus appréciable, associés à un très joli travail du corps du corps. Elle fut aussi l’une des seules à vraiment se démarquer dans le contemporain – assez logiquement puisqu’elle a bien sûr choisi la variation de Jean-Christophe Maillot, que connaissent bien ses professeur.e.s. Mackenzie Brown n’est clairement pas à Lausanne pour décrocher une bourse, mais pour faire la promotion de son école. Opération réussie, son directeur Luca Masala ne devrait avoir de mal à convaincre quelques candidat.e.s à venir à Monaco. 

Julia Shugart (117) fatiguait un peu sur la fin de la variation classique et en faisait un peu trop dans sa contemporaine, mais elle a néanmoins proposé une très jolie danse, avec beaucoup de potentiel. Jihyun Choi (125) a réalisé un parcours équilibré, plutôt au-dessus de la moyenne, elle se voit qualifier sans scandale même si ce choix ne sautait pas immédiatement aux yeux. Personnellement, j’ai apprécié Paloma Ramirez Azambuja (105) et sa danse très jolie, l’énergie communicative de Mina Park (116) même si elle était moins précise, la belle présence de Soo Yeon Yi (112), la maturité de Suyeon An (114) ou la musicalité de Joana Senra (121). Rien d’illogique à ne pas les voir en finale, mais toutes ont de quoi se démarquer lors du networking forum. Seule Mackenzie Brown, finalement, se détachait vraiment du lot dans cette catégorie. 

Prix de Lausanne 2019 – Les sélections – Mackenzie Brown

Huit candidats reçus sur 11, c’est un beau carton chez les garçons A, avec mérite donc. Parker Garrison (202) avait une joie de danser contaminante, même si sa technique était encore un peu juste. João Da Silva (203) est pour sa part étonnant. Il a commencé la danse classique il y a trois ans, il a visiblement grandi d’un coup. Mais que de qualités naturelles ! Que de présence ! Dès son double tour en l’air d’introduction, on sent que l’on n’a pas affaire à un danseur ordinaire. Le Prix de Lausanne est vraiment fait pour des gens comme lui : des jeunes qui ont beaucoup de talent et de potentiel mais qui n’ont pas chez eux de grandes écoles. João Da Silva a besoin d’être poli, d’être dégrossi. Quand il saura quoi faire de ses long bras et de sa puissance, il pourrait faire des merveilles. Un danseur très attachant. 

António Ferreira (205) s’est plutôt bien débrouillé de son Casse-NoisetteNoah Benzie (206) se remarque aussi, il a un vrai charisme en scène, alors que Shunhei Fuchiyama (207) était plus inexpressif mais avec une belle technique. Carl Becker (208) était un peu juste dans les sauts mais avait un joli travail du haut du corps. Un peu renfermé dans le classique, Carl Becker (210) a montré un plus gros potentiel dans le contemporain. Hang Li (212) a enfin réalisé un parcours équilibré. J’ai par contre un vrai pincement pour Hyo Shimizu (204). Avec Les Sylphides en variation classique – très peu souvent choisie – il a montré une véritable âme d’artiste, qui s’est confirmé dans la variation contemporaine. Un vrai regret parmi les résultats. 

Prix de Lausanne 2019 – Les sélections – João Da Silva

Chez les filles B, Yoon Jung Seo (303) a montré une très grande classe digne d’une professionnelle en Gamzatti, un bon exemple de l’excellente qualité de la formation académique en Corée du Sud. Victoria Wardell (310) ne m’a pas vraiment charmée en Giselle, elle en faisait trop, mais sa technique – et sa très belle diagonale – l’ont emporté. Parmi les nombreuses Esmeralda, Sumina Sasaki (313) n’a pas été la plus bête de concours (avec même quelques petites erreurs), mais a clairement proposé la danse avec le plus de charme. Beatriz Kuperus (315) était peut-être un peu trop Aurore en Gamzatti, mais son rayonnement en scène et sa précision ont fait d’elle l’un de mes coups de coeur, montrant l’excellente santé de l’English National Ballet School. Très grande classe aussi pour Mio Sumiyama (316) dans la même variation, l’une des candidates les plus brillantes de cette édition 2019. Et la deuxième élève en finale de l’Académie de Danse de Zurich avec Sumina Sasaki, qui décidément fait une belle année. Parmi les recalées, j’ai pour ma part apprécié le style d’Anri Matsuda (311) dans le Grand Pas classique, même si sa diagonale a souffert. Il n’y a pas eu d’oubli ou d’injustice dans cette classe. 

Chez les garçons B enfin, Gabriel Figueredo (416) a dès le début du Concours été perçu comme l’un des favoris, et il n’a pas déçu. Une variation de Paquita d’une grande classe ! Achille De Groeve (406) était un peu plus juste techniquement, mais sa présence et sa jolie musicalité ont fait le reste, avec une vraie qualité également dans la variation contemporaine. Yu Wakizuka (408) est l’un de mes coups de coeur : danse précise, une véritable élégance et comme un petit grain de folie dans sa façon de s’élancer, il se remarque ! Shuailun Wu (412) a fait un parcours globalement équilibré. Enfin le portugais Alexandre Joaquim (408), qui représente l’école Rosella Hightower, est un peu moins technique que les autres, mais sa présence et sa fougue emballent le tout, il n’a pas volé sa place. Au final, à part Gabriel Figueredo qui se démarquait clairement, le niveau restait homogène, on ne note pas non plus de véritable incompréhension. 

 

Commentaires (2)

  • Christine

    Chez les garçons, je trouve que davantage de personnalités artistiques se démarquaient. Le 416 m’a scotchée, tant en classique qu’en contemporain.
    Vivement la suite !

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  • BalletBee

    Mes pronostics étaient plutôt conformes aux résultats à quelques noms près.
    Je ne sais pas si ce n’est qu’une impression, mais les garçons m’ont vraiment plus bluffés que les filles (surtout chez les juniors).
    Les variations contemporaines quoique trop longues ont pour moi vraiment permis de révéler certains danseurs (petit bonus pour les 3 garçons seniors (surtout le 1er et le 3ème) qui ont vraiment réussi à vendre la variation du Lac des Cygnes, faisant taires les quelques ricanements de certaines personnes du public).
    Les réactions autour de moi après avoir entendu pour la énième fois la musique de la variation Abstract étaient assez caucasses.

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