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Les sorties Livres danse pour l’été

Plusieurs ouvrages ont retenu notre attention ces derniers mois. Des romans (parfaits pour des lectures de vacances), un livre de photos, une monographie sur le chorégraphe Emanuel Gat et bien sûr la sortie de la biographie de Noureev de Julie Kavanagh, enfin traduite en français, à l’occasion de la sortie du film de Ralph Fiennes sur les écrans français.

 

Noureev, une vie de Julie Kavanagh

Paru le 5 juin 2019 chez l’Archipel.

Ce qu’en dit la 4e de couverture – Rudolf Noureev (1938-1993), le danseur le plus célébré de la seconde moitié du XXe siècle, avait tout pour lui : beauté, génie, charme et sex-appeal. Nul autre danseur n’a provoqué autant d’effervescence autour de lui. Julie Kavanagh explore la vie et le destin du « Seigneur de la danse » : son enfance, ses années de formation a l’école Kirov de Leningrad, sa fuite controversée d’URSS en 1961, sa relation avec le danseur danois Erik Bruhn, sa collaboration avec la danseuse Margot Fonteyn au Royal Ballet de Londres, ses rencontres avec des chorégraphes tels Balanchine, Robbins ou Graham, son rôle de directeur de ballet a l’Opéra de Paris, ses dernières années et sa mort en 1993, des suites du sida. C’est également l’ambiguïté du personnage que révèle cet ouvrage : s’il dansait comme un dieu, son comportement était d’une rare violence. Noureev aimait à se dépeindre lui-même comme un envahisseur barbare. Le chorégraphe Jerome Robbins ne disait-il pas de lui : « Rudi est un artiste, un animal et un salaud » ? La définition même du monstre sacré. Entre le danseur plein de grâce et l’homme acrimonieux, cette biographie éclaire sans complaisance un mythe.

L’autrice – Ancienne danseuse, obligée de mettre un terme à sa carrière à la suite d’une blessure, Julie Kavanagh est une journaliste britannique qui a collaboré, entre autre, à VogueVanity Fair et The New Yorker. Elle a épousé l’ancien danseur du Royal Ballet Ross MacGibbon, chargé de la danse à la BBC.

Notre avis – Beaucoup de livres ont été écrits sur Rudolf Noureev, mais cette somme (832 pages !) publiée pour la première fois en 2007, restait à découvrir en français. Cette biographie quasi officielle a été financée par La fondation Rudolf Noureev et l’American Rudolf Nureyev dance Foundation. Il faut assurément du temps (les vacances sont propices à une telle lecture-fleuve) pour s’y plonger (nous bouclons cette chronique sans l’avoir totalement achevé), mais le jeu en vaut la chandelle. Tout y est raconté avec force détails, des premières années soviétiques jusqu’à sa mort quasi en scène en 1993. Il y a encore mille choses à apprendre de ce « Seigneur de la danse » qui a imprimé de manière indélébile les mémoires de tous ceux qui l’ont côtoyé. Ce livre permet de mieux éclairer le destin hors norme d’un jeune garçon issu d’un milieu pauvre que rien ne prédisposait à devenir cet être d’exception.

Noureev, une vie de de Julie Kavanagh

 

A l’instant même où l’on bouge de Vera Seret

Paru le 7 juin 2019 chez Carnets Nord.

Ce qu’en dit la 4e de couverture – Ever est danseuse mais perd pied suite à une rupture amoureuse. Un chagrin qui en réveille un autre jusqu’alors enfoui dans les méandres de son esprit et la gracilité de son corps. Commence alors avec elle un voyage qu’on fait de l’intérieur, qui nous emporte au cœur des émotions humaines. Des fissures de la vie au bonheur, la confiance et l’envie. Ce premier roman prenant, profondément touchant et musical nous porte à franchir, au-delà des pas de son héroïne, le mur de l’abandon, de la joie et de l’estime de soi.

L’autrice – Vera Seret est auteure et coach en identité. Elle commence sa vie en embrassant la danse puis le cinéma, fonde une société de production de films et un studio de casting, réalise, puis se rapproche de l’écriture de scénarios. Elle partage aujourd’hui son temps entre l’écriture de ses romans et les personnes qu’elle accompagne.

Notre avis – Quelle bonne surprise que ce roman où l’héroïne renoue avec la vie grâce à la danse ! Véronique devenue Ever traverse des moments pénibles et douloureux et nous la suivons dans cette lente descente aux enfers. Rien n’est édulcoré, et soudain la jeune femme rebondit, reprend en mains le cours de cette vie meurtrie. La danse n’est pas étrangère à cette renaissance. Les passages sont narrés avec beaucoup de justesse. On assiste avec empathie au renouveau de cette rescapée.

A l’instant même où l’on bouge de de Vera Seret

 

Danse de Sylvie Lancrenon

Paru le 1er mai 2019 chez Flammarion.

Ce qu’en dit la 4e de couverture – « Prenez un hôtel délabré, vide, en travaux. Invitez des corps qui bougent Des danseurs jeunes, musclés. Des danseuses souples, élancées. Ils/elles s’appellent Germain Louvet, Hugo Marchand, Aurélie Dupont, Marie-Agnès Gillot, Mickael Lafon, Eugénie Drion, Marion Barbeau, Anna Cleveland, Lida Fox, Jean Lemersre. Le problème des danseurs, c’est qu’ils s’échappent tout le temps. Faites alors entrer une photographe pour les attraper. Vous verrez ici comment Sylvie Lancrenon a fait crépiter son flash pour les saisir. Ce livre raconte quelques jours (et nuits) de chasse à la grâce.  » Frédéric Beigbeder.

L’autrice – Sylvie Lancrenon photographie depuis plus de 25 ans les plus belles femmes du monde. Photographe des stars de cinéma, elle a signé de nombreuses couvertures de magazine. Elle travaille également pour la mode, la beauté, la joaillerie.

Notre avis – En visitant le chantier de l’hôtel Lotti, Sylvie Lancrenon a décidé d’ y mettre en scène des danseur.euse.s du Ballet de l’Opéra de Paris, de l’école de danse Stanlowa et quelques mannequins. Un projet raconté sur cinq jours où la photographe a choisi de rompre avec une vision trop « classique » ou « mièvre » selon elle de la danse. Elle capture des états de corps dans l’affrontement, l’attirance, le désir, le lâcher prise, l’épuisement, l’inachevé. Des images très travaillées où dans cet apparent chaos très esthétisant émerge une beauté singulière.

Danse de Sylvie Lancrenon

 

Emanuel Gat Cet espace où danse la musique. Ouvrage collectif sous la direction de Philippe Verrièle

Paru le 21 février 2019 chez Riveneuve.

Ce qu’en dit la 4e de couverture – Venu à la danse sur le tard, à 23 ans, après un atelier d’amateur, Emanuel Gat a rattrapé le temps perdu. Deux ans après, il débutait sa carrière de chorégraphe indépendant ! Depuis la fondation de sa compagnie, en 2004, il enchaîne les créations, du Sacre du Printemps (2004) à Goldlandberg (2013) en passant par K626 (2006), Silent Ballet (2008) ou Sunny (2016), qui se réfère à la fameuse chanson de Bobby Hebb… Manière de souligner que, toujours, l’œuvre du chorégraphe vient examiner la musique, toute la musique. Et sa récente création, Story Water (2018), n’a pas hésité à se mesurer au monument Boulez ! On appréciera l’éclectisme. Mais, après Cage, Cunningham et toute l’aventure de la danse contemporaine, comment s’intéresser à la musique ? Personne ne doute aujourd’hui que la musique soit un art suffisamment important pour ne pas avoir besoin de la danse pour exister… Mais les difficultés des chorégraphes à se faire reconnaître comme auteurs quand ils utilisent une célèbre partition demeurent. Cela devrait dissuader de retourner interroger la musique. Sinon que ces considérations et les précautions n’appartiennent pas au caractère d’Emanuel Gat, lequel fait de la matière musicale l’un de ses sujets. D’une façon tout à fait originale : le corps du danseur devenant une manière d’espace pour la musique !

Collection L’univers d’un chorégraphe – S’appuyer sur une pièce d’une chorégraphe pour mieux cerner les questions et les références de ces artistes qui parlent peu de leur univers. Croiser les regards et les écritures, en mêlant des critiques de danse, des auteurs plus éloignés du monde de la danse, des poètes. Apporter aussi un point de vue visuel. Constituer une base de données de référence : listes des oeuvres, des collaborateurs… Voilà les objectifs de cette collection, dirigée par le critique de danse et journaliste Philippe Verrièle, pour une autre façon de parler de la danse

Notre avis – Intéressante collection que celle baptisée L’univers d’un chorégraphe. Après les chorégraphes Yvann Alexandre, Abou Lagraa et Perrine Valli, elle met en lumière le travail d’Emanuel Gat qui requiert, selon les mots de Philippe Verrièle, d’être « regardé les oreilles grandes ouvertes« . Très bien structuré, l’ouvrage permet une déambulation à travers quelques pièces de son répertoire. Il offre aussi une pluralité de regards sur la démarche de ce chorégraphe qui occupe une place importante dans le paysage actuel de la danse contemporaine. Un chorégraphe qui « offre à la musique un espace que seule la danse peut lui donner : le corps des danseurs. »

Emanuel Gat Cet espace où danse la musique de Philippe Verrièle

 

Orion (tomes 1 et 2) de Battista Tarantini

Paru le 3 janvier 2019 chez Hugo Roman.

Ce qu’en dit la 4e de couverture (tome 1 : Ainsi soient les étoiles) – Après des années de travail intenses et douloureuses, Leo Kats sera Nikiya dans la Bayadère qui se jouera à l’Opéra de Sydney. C’est la consécration pour cette jeune danseuse. Quelques jours avant la représentation, Orion Atlay, illustre chorégraphe français, s’invite dans l’école de la compagnie pour y créer un ballet irrévérencieux. Et il veut Leo, lumineuse et docile. Seulement elle. Obsédé par la première danseuse, Orion tente tout pour la convaincre. Secouée par les méthodes peu académiques du maître de ballet, troublée par le désir qu’elle ressent pour lui, Leo craint le pire pour sa carrière. Des studios à la scène, en passant par les coulisses de l’Opéra, les deux Étoiles dansent avec leurs ombres. Elles devront se battre pour trouver l’amour.

L’autrice – Battista Tarantini vit en Corse. Le jour, elle enseigne. La nuit, elle écrit des histoires d’amour au goût d’adrénaline, qui plongent ses lectrices au coeur des univers qu’elle admire depuis toujours. Elle propose un diptyque sur le milieu de la danse.

Notre avis – Battista Tarantini pratique la danse depuis longtemps et on ne pourra pas lui reprocher de bien dépeindre un milieu, d’user de termes techniques et d’avoir potassé son sujet. C’est d’ailleurs l’argument principal qui séduira les passionné.e.s de danse et déconcertera peut-être les autres.  Orion Atlay, l’un des personnages principaux, donne son prénom à cette romance sombre et mystérieuse.  Ancien danseur, il est désormais un chorégraphe génial mais ingérable. Invité à l’Opéra de Sydney, il y rencontre Leo qui devient sa muse pour un projet d’envergure. Très attirée par Orion, la jeune femme se laisse séduire par ce Pygmalion à l’influence trouble. On plongera – ou pas si l’on est allergique au mummy porn – dans cette relation passionnelle où les protagonistes se retrouvent très vite, hélas,  enfermés dans leur propre caricature.

Orion – Ainsi soient les étoiles (Tome 1) de de Battista Tarantini




 

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