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Malandain Ballet Biarritz – Thierry Malandain célèbre Beethoven avec La Pastorale

Thierry Malandain livre en cette année 2019 une oeuvre de commande. L’Opéra de Bonn a en effet sollicité le chorégraphe pour le 250e anniversaire de la naissance de Ludwig Van Beethoven dont c’est la ville natale. Thierry Malandain a choisi l’un des plus grands chefs-d’oeuvre symphoniques du compositeur – et de tous les temps : la Symphonie N°6 dite Pastorale. Cet hymne majuscule à la beauté de la nature et à la mélancolie qu’elle suscite a inspiré au chorégraphe une chorégraphie épurée, lumineuse comme un plaidoyer dansé pour la sauver des pires maux. Parfaitement construite pour vingt danseuses et danseurs dans de magnifiques lumières signées François Menou, La Pastorale est une rêverie dans laquelle il faut se perdre.

La Pastorale – Thierry Malandain

Le défi n’est pas mince et pour tout dire audacieux. La Sixième Symphonie de Beethoven est une oeuvre parfaite qui se suffit en soi et n’a besoin que d’un orchestre pour être interprétée. Thierry Malandain n’est pas le premier à se saisir de ce répertoire symphonique pour chorégraphier. Maurice Béjart et John Neumeier s’y sont eux aussi risqués avec bonheur. Mais la clef de la réussite réside dans le respect absolu de la musique. On ne peut pas jouer au plus malin avec Beethoven mais faire preuve de qualités musicales uniques et d’une oreille hors-pair. Thierry Malandain répond parfaitement à ce portrait et déjoue ainsi les pièges d’une oeuvre qui serait par trop grandiloquente ou accentuerait exagérément le romantisme flamboyant qui perce dans la Pastorale. Beethoven la voyait comme un « souvenir de la vie rustique, plutôt émotion exprimée que peinture descriptive« . Autrement dit non pas une illustration des forces de la nature et de ses éléments mais un voyage intérieur dans les émotions qu’elle provoque.

C’est cela que nous propose Thierry Malandain : un cheminement vers les sommets de la Symphonie Pastorale qu’il encadre par un extrait de la Cantate les Ruines d’Athènes, oeuvre chantée et plus tardive de Beethoven. Ce parti-pris donne une belle  profondeur de champ et induit ainsi un prologue saisissant. Au centre d’une structure tubulaire de 25  espaces comme des  rectangles surélevés, Hugo Layer désigné comme « Lui » dans le programme se déploie dans ces quadrilatères, s’y pend, tourne et se tord. Comme prisonnier peut-être ou l’incarnation fugace d’un faune. Lignes superbes, danse expressive dans une chasuble sombre sur les chants des Ruines d’Athènes, entouré de danseuses et danseurs pareillement habillés, quelque chose de tribal émerge dans ce prélude  imaginé par Thierry Malandain, une force sombre et menaçante avant l’arrivée attendue de l’explosion de la nature.

Hugo Layer – La Pastorale (Thierry Malandain)

Vient alors la Symphonie Pastorale proprement dite. Singulière en tout point, Beethoven l’a divisée en cinq et non pas quatre mouvements selon la tradition symphonique, ce qui permet au compositeur d’élargir sa palette. Thierry Malandain propose une danse très épurée, jouant avec la géométrie alternant alignements, rondes, ensembles et pas de deux. Fidèle à son credo, le chorégraphe utilise à merveille le vocabulaire classique auquel sa compagnie est formée. Il y ajoute un travail original du haut du corps où l’on perçoit des  motifs inspirés du statuaire de la Grèce antique. Les cinq mouvements s’enchainent comme un hymne dansé à la beauté et  à l’harmonie.

Le ballet se referme avec un dernier extrait des Ruines d’Athènes et un nouveau solo d’Hugo Layer. Après ce trop-plein sensoriel de la symphonie Pastorale, il y a comme un retour d’une menace sous-jacente, le vision d’une nature brutalisée. Mais peut-on aujourd’hui évoquer la Nature sans y placer une note pessimiste ? On se lamentera plus tard. Pour le moment, réjouissons-nous de cette beauté. Thierry Malandain, loin de malmener la symphonie de Beethoven, lui offre l’un des plus beaux écrins.

La Pastorale (Thierry Malandain)

 

La Pastorale de Thierry Malandain au Théâtre de Chaillot. Avec Hugo Layer, Irma Hoffren, Mickaël Conte, Nuria López Cortés, Raphaël Canet, Frederik Deberdt, Arnaud Mahouy, Guiditta Banchetti, Clémence Chevillotte, Jeshua Costa, Clara Forgues, Loan Frantz,Michaël Garcia, Cristiano La Bozzetta, Guillaume Lillo, Alessia, Peschiulli, Patricia Velasquez, Allegra Vianello et Laurine Viel. Jeudi 12 décembre 2019. À voir jusqu’au 19 décembre et en tournée.  





 

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