Concours interne de promotion 2021 – Résultats des danseuses
Le Concours de promotion du Ballet de l’Opéra de Paris se tient en 2021 le 30 octobre pour les danseuses et le 4 novembre pour les danseurs, sur la scène du Palais Garnier.
Le jury était présidé par Alexander Neef, Directeur de l’Opéra de Paris. Il était composé d’Aurélie Dupont (Directrice de la Danse, de la maîtresse de ballet Sabrina Mallem, de la chorégraphe Carolyn Carlson et du Danseur Étoile et professeur Cyril Atanassoff (suppléante Béatrice Martel), ainsi que des danseurs et danseuses du Ballet tiré.e.s au sort : Héloïse Bourdon, Pablo Legasa, Cyril Mitilian, Julia Cogan et Gregory Dominiak (suppléants et suppléantes Léonore Baulac, Ludmila Pagliero, Lucie Mateci, Julien Cozette et Lucie Fenwick).
Bravo à toutes les artistes qui sont montées sur scène pour le Concours !
Résultats de la classe des Quadrilles
Deux postes de Coryphées à pourvoir. Variation imposée : La Fille mal gardée de Frederick Ashton, acte I, 2e tableau, variation de Lise. Préparation au Concours : Andrey Klemm.
1. Claire Gandolfi, promue Coryphée
2. Clara Mousseigne, promue Coryphée
3. Luna Peigné
4. Lucie Devignes
5. Ambre Chiarcosso
6. Apolline Anquetil
Après deux ans sans Concours public et de nombreux recrutements, une bonne moitié des candidates étaient inconnues du public. La classe était ainsi assez homogène, avec beaucoup de jeunes talents en devenir, avec du potentiel mais qui devaient encore se faire à la scène. Beaucoup de ces jeunes recrues ont eu leur dernière année d’école tronquée et leur première saison en tant que professionnelles annulée, suite à la crise sanitaire. Et cela se sent, ce qui est on ne peut plus normal. La variation imposée a globalement été homogène, sans gros plantage, sans total survol non plus. L’on sent que ces jeunes talents ont encore besoin de mûrir. Alors pourquoi pas mettre en tête une ancienne ? Claire Gandolfi a vraiment fait un beau Concours, avec une variation imposée très en place et une variation libre (Émeraudes) dansée avec beaucoup d’esprit et de musicalité. On sent que la danseuse s’est avant tout fait plaisir, et cela a payé. Cette promotion récompense aussi une ancienne (ce qui n’est pas si fréquent), une pilier du corps de ballet, et ça fait aussi du bien à l’heure où les plus de 30 ans ont si peu leurs chances dans la compagnie parisienne.
La promotion de Clara Mousseigne sonnait comme une évidence. Sa variation imposée était la plus réussie, la plus en place. Et elle a montré la classe du soliste dans Suite en blanc. Avoir un tel aplomb en scène et un souci du détail à seulement 17 ans, bravo ! La danseuse a devant elle un joli avenir possible. Je l’aurais mise subjectivement en premier, mais qu’importe. Pour la deuxième place, plusieurs noms pouvaient s’imposer. Comme dit plus haut, j’apprécie personnellement le choix de Claire Gandolfi, elle a fait un très beau Concours et n’a pas volé sa place.
Pour le reste du classement, les quatre danseuses ont montré de jolies choses – notamment beaucoup d’aplomb chez Apolline Anquetil dans sa variation libre, mais l’on sentait un peu trop le manque de la scène. L’on aurait pu aussi citer Gloria Poubeau notamment pour sa variation imposée, Sofia Rossolini pour sa forte personnalité scénique ou Margaux Chabrel. De nombreux talents à suivre l’année prochaine, après une véritable année de danse dans les jambes (surtout que la programmation, plus classique, devrait leur permettre de se faire une véritable expérience).
Variations libres choisies par les Quadrilles :
Lisa Gaillard-Bortolotti : Raymonda, acte I, variation de la valse Fantastique (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Claire Gandolfi : Joyaux, Émeraudes, première variation (George Balanchine)
Alycia Hiddinga : La Belle au bois dormant, acte II, variation de la vision d’Aurore (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Saki Kuwabara : Études, variation de l’Étoile (Harald Lander)
Clara Mousseigne : Suite en blanc, La Sérénade (Serge Lifar)
Hortense Pajtler : Diane et Actéon (Agrippina Vaganova)
Luna Peigné :The Four Seasons, variation du Printemps (Jerome Robbins)
Gloria Poubeau : Don Quichotte, acte III, variation de Kitri (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Sofia Rosolini : Signes (Carolyn Carlson)
Apolline Anquetil : Suite en blanc, variation de la Cigarette (Serge Lifar)
Adèle Belem : Magnificat, Badinerie (John Neumeier)
Camille Calazans : Le Lac des cygnes, acte I, première variation du pas de trois (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Margaux Chabrel : Don Quichotte, variation de la Demoiselle d’honneur (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Ambre Chiarcosso : Don Quichotte, acte II, scène de la Vision, variation de Dulcinée/Kitri (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Camille de Bellefon : Suite en blanc, variation de la Flûte (Serge Lifar)
Lucie Devignes : Arepo, variation de la femme aux bijoux (Maurice Béjart)
Eugénie Drion : In the Middle, Somewhat elevated (William Forsythe)
Résultats de la classe des Coryphées
Deux postes de Sujet à pourvoir. Variation imposée : La Bayadère de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, acte II, variation de Gamzatti. Préparation au Concours : Delphine Moussin.
1. Bleuenn Battistoni, promue Sujet
2. Ines McIntosh, promue Sujet
3. Célia Drouy
4. Hohyun Kang
5. Nine Seropian
6. Victoire Anquetil
Chez les Coryphées, la plupart des anciennes ont jeté l’éponge (la direction devrait tout de même s’interroger sur son incapacité à motiver tout le monde, et pas seulement les plus jeunes, enfin bref). Seules sept danseuses ont tenté le coup. Et toutes des Sujets potentielles ! Les sept artistes ont montré un gros niveau, beaucoup de motivation et des choix intelligents de variation libre. Cela a donné une belle classe très agréable à regarder, avec de nombreux moments où l’on sortait de l’ambiance du Concours. La variation imposée a à chaque fois été dansée avec panache, sans gros plantage là-aussi, et avec parfois de vrais moments de brio. La promotion de Ines McIntosh sonnait comme l’évidence. Elle a montré une grande classe en Gamzatti, même si parfois encore un peu fébrile. Surtout, sa variation libre, la si difficile Magnificat de John Neumeier, était magnifique. Il y avait tout : la technique, l’immense précision, la musicalité sur le fil, l’intelligence de la variation. Outre un indéniable tempérament de soliste, l’on sent l’immense bosseuse. Bravo ! La première place semblait s’imposer pour elle, mais qu’importe.
La deuxième place aurait pu revenir à presque toutes les autres. Bleuenn Battistoni a montré beaucoup de belles choses, et elle aussi un tempérament de soliste, mais semblait un peu fébrile. Personnellement, j’aurais peut-être choisi Nine Seropian, qui a dansé Diane et Actéon avec style, ou Célia Drouy qui a montré beaucoup de personnalité dans Les Mirages. Hohyun Kang a été brillante techniquement dans ses deux variations, mais elle m’a moins touchée, tandis que Victoire Anquetil semblait un peu juste dans Tchaïkovski Pas de deux. La seule absente du classement, Katherine Higgins, pose question. Elle a été brillante dans ces deux variations, notamment celle du Cygne noir où elle a montré un très beau sens du jeu et du travail de bras, sans compter la présence. Mais clairement, la recrue de Benjamin Millepied ne convient pas à l’équipe actuelle. Dommage de laisser en jachère un vrai talent de soliste.
Variations libres choisies par les Coryphées :
Katherine Higgns : Le Lac des cygnes, acte III, variation du Cygne noir (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Hohyun Kang : Paquita, acte II, Grand pas, variation de Paquita (Pierre Lacotte)
Inès McIntosh : Magnificat, Badinerie (John Neumeier)
Nine Seropian – Diane et Actéon (Agrippina Vaganova)
Victoire Anquetil – Tchaïkovski – Pas de deux (George Balanchine)
Bleuenn Battistoni : Suite en blanc, variation de la Cigarette (Serge Lifar)
Célia Drouy : Les Mirages, variation de l’Ombre (Serge Lifar)
Résultats de la classe des Sujets
Un poste de première danseuse à pourvoir. Variation imposée : La Belle au bois dormant de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, acte II, variation de la Vision. Préparation au Concours : Laurent Novis.
1. Roxane Stojanov, promue Première danseuse
2. Bianca Scudamore
3. Letizia Galloni
4. Éléonore Guérineau
5. Ida Vikinkovski
6. Naïs Dubosq
Ah, le Concours des Sujets, c’est toujours particulier. Parce que toutes ont eu leurs chances en scène dans un rôle important, sont connues du public comme de la direction, ont leur personnalité affirmée. Il s’agit plus d’un choix subjectif à ce stade. Toutes les variations imposées ont été belles, cela s’est surtout joué sur les libres, choisies avec plus ou moins de réussite. Et Roxane Stojanov n’a en rien volé sa place. Si elle était un peu sur des œufs en Aurore, elle était totalement captivante en Esmeralda, mettant en valeur aussi bien son tempérament percutant que ses jambes interminables. On avait clairement envie de la voir dans le rôle ! Elle s’est imposée comme soliste sans l’ombre d’un doute. Mais il y a toujours un pincement au cœur en pensant à Bianca Scudamore, personnalité si attachante et tellement hors-normes. D’autant que la danseuse a été la plus belle Aurore du Concours, captivant dès son entrée en scène. Elle a mené Other Dances avec une musicalité à fleur de peau et de la personnalité, Jerome Robbins semble si naturel chez elle ! Mais peut-être qu’il s’agissait là d’une variation un peu moins payante, un peu moins surprenante. Espérons cependant que Bianca Scudamore ne reste pas trop longtemps à ce poste, elle reste une graine d’Étoile.
Letizia Galloni s’est bien défendue, notamment avec Les Mirages en variation libre menée avec grande classe et charisme, elle envoûtait la scène. Si Ida Vikinkovski et Naïs Dubosq n’ont pas raté leur Concours, j’aurais cité plus personnellement Alice Catonnet, qui a montré beaucoup d’esprit dans sa variation libre. Enfin Éléonore Guérineau. Sa variation imposée n’était pas “parfaite”, mais sa musicalité et son sens de la scène emportaient le tout. Surtout, elle nous a offert le moment d’émotion du Concours avec une poignante variation de Marie. D’un coup, la compétition s’est effacée. Elle nous a emmené dans son monde, face à cette femme déchirée par le doute et le désespoir. Merci à elle pour ce si beau moment de danse.
Letizia Galloni : Les Mirages, variation de l’Ombre (Serge Lifar)
Clémence Gross : Carmen, variation de la Chambre, la Taverne (Roland Petit)
Éléonore Guérineau : Clavigo, Variation de Marie (Roland Petit)
Caroline Osmont : Other Dances, Première variation (Jerome Robbins)
Bianca Scudamore : Other Dances, Première variation (Jerome Robbins)
Roxane Stojanov : Notre-Dame-de-Paris, acte I, variation d’Esmeralda (Roland Petit)
Ida Viikinkoski :Raymonda, acte III, variation de la Claque (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Camille Bon : Carmen, variation de la Taverne, la Taverne (Roland Petit)
Alice Catonnet : Other Dances, Deuxième variation (Jerome Robbins)
Naïs Duboscq : La Bayadère, acte II, variation de Nikiya (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
may
Je trouve ça vraiment dommage qu’encore une fois à mon humble avis Aurélie Dupont n’ait promu que les danseuses se trouvant dans ses petits papiers. Je fais ici plus allusion à Roxane Stojanov qui, pour moi, comparée à Bianca Scudamore fait pâle figure. Ce n’est pas la première fois… Hannah O’Neill par exemple qu’attend t’elle pour la nommer étoile ? Sujet sensible je sais 😉 Je n’oublierais pas la mystérieuse disparition de MOB remplacée par Léonore Baulac sur toutes les dates et Valentine Colasante retirée aussi mystérieusement.
Pour en revenir à Bianca Scudamore, elle est adorée par le public, ce qui est justifié, pas vraiment bien distribuée, sous-estimé sans doute et surtout sans doute pas dans les papiers si vous voulez mon avis ! Si je continue sur ma lancée en donnant des exemples Germain Louvet et Paul Marque n’ont pas vraiment leur place à côté des étoiles comme Dorothée Gilbert, Mathieu Ganio ou encore Hugo Marchand. Ils peuvent faire leurs preuves c’est vrai oui, tout comme Léonore Baulac qui ne se révèle pas des plus convaincantes. Enfin leurs preuves… je reste extrêmement septique. Ce que la rédaction de DALP ne pourra qu’affirmer ! Mais face à leur terne interprétation il n’est pas étonnant que le public préfère les étoiles citées précédemment. Double déception quand justement on a de tels espoirs comme Bianca ou Hannah qui elles mériteraient vraiment leur place…
Malheureusement l’Opéra dirigé par Aurélie Dupont (et sans doute avant) n’est qu’un lieu où il faut que les dents rayent le parquet de la direction… affligeant… c’est vraiment dommage.
J’aimerais bien connaître vos avis là-dessus ! Sur ces entrefaites bonne soirée !
Pascale Maret
Je n’ai pas eu la chance d’assister au concours, mais apparemment Roxane a fait une très belle prestation, et je suis très contente pour elle, bien qu’un peu triste pour Laetizia Galloni, qui me semble être passée à côté de sa chance, après des débuts très prometteurs.Je ne connais pas vraiment les autres promues, mais je vois que Claire Gandolfi, promue Coryphée, était Quadrille depuis 2006 : belle persévérance !
phil
le concours interne est un art à part entière ,aux multiples paramètres sociaux et stratégiques:
pour les concourants : 1- plaire à la direction
2- plaire énormément à la direction
3-avoir la possibilité de fuir la compagnie
4- réussir un peu prés le concours
5-ne pas avoir de liens familiaux qui vous retiennent à Paris
pour la direction : 1.-pouvoir retenir les danseurs (H+F)
2-administrer quelques bonnes piques à celles qui ne plaisent pas (mesdames Guérineau et Scudamore)
3-avoir des justifications à toute épreuve pour se justifier
j’ai une pensée amicale pour Bianca Scudamore qui doit danser un role d’ Etoile ce soir avec Hugo Marchand,bon courage à tous les deux!
Frejlich Corinne
Roxane stojanov a été sublime dans Esmeralda !! Et je suis très contente qu’elle soit nommée 1ère danseuse !!
Quant à Bianca Scudamore, c’est un petit bijou, la grâce, elle a fait ses deux variations avec tellement de facilités, de nuances, un vrai bonheur de la voir danser, dommage qu’il n’y avait qu’une seule place !! Car elle a vraiment une graine d’étoile…j’espère que l’Opera de Paris saura la distribuer à sa juste valeur ..et honorera cette merveilleuse danseuse et saura la garder..
Quant à Eleonore Guérineau, c’est une danseuse exceptionnelle, chaque geste est ressenti, intelligent, elle nous raconte une histoire .. c’est toujours un enchantement de la voir .. elle aussi mériterait d’être première danseuse ..
Plouque
Je n’étais pas au concours, mais je ne trouve en rien surprenants ces classements compte tenu de ce que j’ai vu en scène cette (brève) dernière saison, ainsi que les précédentes.
Comme d’autres, heureuse pour Stojanov qui méritait de passer soliste, et aussi impatiente de voir Scudamore la rejoindre. C’est une toute jeune danseuse, mais après tout, A.D. avait affirmé vouloir nommer des artistes en début de carrière … 🙂 Bref, à l’an prochain Bianca, croisons les doigts !
Lili
Roxane Stojanov est une danseuse remarquable et Bianca Scudamore peut je crois attendre une année, personnellement je l’ai trouvée un peu effacée dans son rôle de Mle de la Mole dans le Rouge et le Noir, quand je repense à sa Giselle où elle était au-dessus du lot alors qu’elle n’avait qu’un petit rôle, c’était presque une déception. Roxane en Elisa était vraiment formidable.
Bravo Roxane, sans doute pas une future étoile (encore que) mais une première danseuse solide dont on a besoin, en attendant que Bianca trouve sa place de soliste puis d’étoile dans un effectif féminin bien rempli.
Lili
Roxane Stojanov est une soliste depuis longtemps, sa prise de rôle dans le Rouge et le Noir, malgré parfois un manque de nuance (ça viendra), est remarquable. On a là une 1ere danseuse solide appelée à honorer son rang et rassurer quand il faudra prendre son tour dans les rôles principaux. Bianca Scudamore est une étoile en devenir, mais déception pour moi dans sa prise de rôle dans Mathilde de la Mole où je l’ai trouvée un peu terne, elle qui mettait le feu au plateau dans Giselle même au sein du corps de ballet. Alors le résultant de ce concours me semble juste, et Mlle Scudamore aura son heure l’an prochain !!