À quoi pourraient ressembler les saisons danse 2022-2023
Après deux saisons pour le moins chaotiques, le cours normal des choses semble reprendre le dessus dans le monde de la danse française. Et parmi les bonnes habitudes, celles d’annoncer les nouvelles saisons au printemps. L’Opéra de Lyon, le Théâtre des Champs-Élysées ou l’Opéra de Paris ont ou vont dévoiler leurs prochaines programmations en mars, la plupart vont le faire en avril. Avant de recevoir les brochures, penchons-nous donc sur cette saison 2022-2023 à venir. Quels sont les spectacles attendus ? Les créations qui devraient voir le jour ? Les reprises qui se profilent ? Petit round d’observation.
Le printemps 2022
Commençons d’abord parce que nous savons déjà et qu’il ne faudra pas rater en ce printemps. À l’Opéra de Paris, les Balletomanes vont noter ces dates en rouge dans leur agenda : les adieux à la scène de Stéphane Bullion et Alice Renavand. A priori, le premier partira le 4 juin, lors du programme consacré à Mats Ek, dans la pièce Another Place avec Ludmila Pagliero. La seconde partira sur une belle prise de rôle : celle du rôle-titre de Giselle, en juillet (a priori le 13).
Au fil des mois, on guette avec impatience l’arrivée de la comédie musicale West Side Story à l’Opéra de Rhin, avec la participation active du Ballet, à voir fin mai. Plus proche dans le temps, on ne rate pas The Sacrifice de Dada Masilo, la relecture du Sacre du Printemps de la talentueuse chorégraphe sud-africaine, en tournée jusqu’à fin mars. En avril, on file à La Villette pour voir enfin – décalé de nombreuses fois avec la pandémie – Revisor de Crystal Pite et Jonathon Young. Vous connaissiez la chorégraphe pour ses œuvres néo-classiques ? Découvrez là avec sa propre compagnie dans de la danse-théâtre, et c’est tout aussi puissant.
En juin, place à la nouvelle création de Rachid Ouramdane, Corps extrêmes, au Théâtre de Chaillot qu’il dirige depuis un an. Au Théâtre de la Ville, on retrouve avec plaisir les talents du Patin Libre, cette troupe québécoise de patinage contemporain étonnante. En région, on ira voir en ce début d’été l’attendue création de Thierry Malandain pour le Ballet du Capitole, sur la sublime partition Daphnis et Chloé. L’on découvrira le Ballet de l’Opéra de Lyon dansant pour la première fois du Pina Bausch, avec l’entrée au répertoire de Auf dem Gebirge hat man ein Geschrei gehört. L’on attend enfin la création d’Angelin Preljocaj pour le Ballet de l’Opéra de Bordeaux, Mythologie, en collaboration avec sa propre troupe. À noter que la compagnie bordelaise donnera un peu plus tôt une soirée Danseurs et danseuses chorégraphes, une belle occasion de découvrir les talents chorégraphiques de la compagnie (et il y en a !).
L’été 2022
Allons un peu plus loin et regardons à l’été, entre les festivals qui ont donné leur programmation et d’autres qui vont le faire sous peu. À Montpellier Danse, le rendez-vous incontournable de l’été aura lieu du 17 juin au 3 juillet. Le programme devrait s’ouvrir avec une création de Pontus Lidberg. On y verra aussi des nouvelles pièces de Nacera Belaza ou Bouchra Ouizguen, ainsi que des habitués comme la Batsheva Dance Company, Philippe Decouflé ou Noé Soulier. En tout, une vingtaine d’artistes vont se succéder.
Autre création, Roméo et Juliette de Benjamin Millepied fera une escale fin juillet aux Nuits de Fourvière, dans le superbe Grand théâtre antique. Très attendue, cette nouvelle pièce a déjà été reportée trois fois avec le confinement. Prévue à la Seine Musicale en septembre, elle fera avant une escale lyonnaise. Un peu plus au sud, et toujours dans des lieux magnifiques en plein air, le Ballet du Capitole donnera sa très belle Giselle aux Chorégies d’Orange, tandis que le Malandain Ballet Biarritz donnera sa superbe Pastorale à Vaison Danses.
Les saisons 2022-2023
Les compagnies et ballets
Que peut-on attendre comme programmation pour les saisons 2022-2023 des ballets en France ?
Pour le Ballet de l’Opéra de Paris, l’on attend comme grosse création The Dante Project de Wayne McGregor. Co-produit avec le Royal Ballet, la pièce a été donnée à Londres cette saison avec succès. On a affaire à la veine néo-classique de Wayne McGregor, demandant une grande virtuosité et du monde en scène. Une création qui fait donc sens dans une compagnie classique. Côté entrée au répertoire, cela devrait enfin être le moment pour Mayerling de Kenneth MacMillan, décalé par le Covid. Et côté répertoire contemporain, Kontakthof de Pina Bausch fera son arrivée en décembre. Pièce emblématique de la chorégraphe, elle est l’exemple de sa « danse-théâtre », bien loin du Sacre du Printemps ou de Orphée et Eurydice déjà au répertoire de la compagnie parisienne. L’on devrait aussi avoir l’arrivée de la création d’Alan Lucien Øyen, prévue la saison dernière, et dont un passage a été montré aux Ballets du XXIe siècle, a priori en ouverture de saison. Pour les reprises, Le Lac des cygnes serait attendu, ainsi que, selon les murmures, Manon de Kenneth MacMillan – choix étonnant pour ce deuxième, qui mettrait vraiment cette saison dans la ligne londonienne. L’on pense aussi au serpent de mer Raymonda, remonté à grands frais mais qui n’a eu droit qu’à une seule représentation avant les grèves, et qui devrait logiquement retrouver la scène. Une tournée à Aix-en-Provence pourrait aussi avoir lieu en septembre.
À Lyon, le Ballet reprend ses marques : la direction a changé juste avant le confinement et les tournées – qui représentent la plupart des dates de la troupe – ont été mises à mal. La saison a été dévoilée : la compagnie proposera une création de Marcos Morau ou son répertoire de Lucinda Childs et William Forsythe. Au Ballet du Capitole, la saison pourrait proposer le programme Carolyn Carlson/Thierry Malandain, comprenant trois entrées au répertoire, qui devait voir le jour en avril 2021 et qui a été annulée par la longue fermeture des théâtres. Attendu aussi : un grand ballet du répertoire pour les Fêtes. Plutôt la reprise de Giselle (souvent donnée en tournée) ou l’arrivée enfin de La Bayadère, qui devait être donné en décembre 2020 ? À suivre. La compagnie pourrait aussi donner en tournée son Toulouse-Lautrec, créé avec succès cette saison, et qui aurait sa place sur une scène parisienne ou lyonnaise. La relecture d’un grand ballet classique est aussi attendue du côté du Ballet du Rhin, qui favorise chaque année l’émergence de plusieurs créations d’envergure.
Pas de nouvelle du côté du Ballet de l’Opéra de Bordeaux, mais il ne serait pas étonnant de voir partir en tournée la création Mythologies d’Angelin Preljocaj, une grosse production. Enfin du côté des compagnies émergentes, Fábio Lopez a proposé cette saison une très réussie Belle au bois dormant. Un passage dans une belle salle parisienne la saison prochaine pourrait voir le jour, à suivre là encore.
Les théâtres et compagnies contemporaine
Au Théâtre des Champs-Élysées, la saison Transcendanses occupera une grosse partie de la programmation danse. Avec dès l’ouverture – enfin à Paris ! – la sublime Giselle d’Akram Khan par l’English National Ballet. Là encore, cette production s’est fait attendre, prévue au départ au feu festival Les Étés de la danse. Le Ballet du Théâtre Stanislavski ne sera par contre plus le bienvenu, avec la guerre en Ukraine qui a éclaté. Par contre, si les conditions sont réunies, le Ballet de l’Opéra de Kyiv sera sur scène pour les Fêtes avec Casse-Noisette. Le tout se fait dans le cadre de la saison TranscenDanses, toujours soucieuse de proposer des saisons riches et variées, mêlant compagnies françaises et internationales.
Au Théâtre de Chaillot, Rachid Ouramdane présentera sa première saison « à lui », arrivé en avril dernier. Nacera Belaza, artiste associée, devrait y avoir une belle place, avec en tête l’idée de présenter un « Focus Algérie », comme indiqué dans La Croix. L’on devrait aussi y voir la grande Marlène Monteiro Freitas, ainsi qu’un travail commun entre Amala Dianor et Marco Da Silva Ferreira. De façon générale, la saison sera marquée par la saison « France-Portugal », avec de nombreux artistes et compagnies invitées. À l’image de la Companhia nacional de Bailando, attendue au 104 à l’automne. Tout comme au Festival d’Automne, qui proposera un portrait de Marlène Monteiro Freitas cité plus haut, ainsi que des pièces de Meg Stuart, Bouchra Ouizguen et Alessandro Sciarroni.
La Seine Musicale, en banlieue parisienne, proposera la saison prochaine deux gros projets, très attendus et plusieurs reportés par la crise sanitaire. D’un côté la relecture de Roméo et Juliette par Benjamin Millepied, avec le L.A. Dance Project, en septembre. De l’autre, le retour sur scène – enfin ! – de la comédie musicale culte Starmania, dès novembre. Une tournée suivra dans les Zéniths de France. Au Théâtre du Châtelet, c’est un peu le flou avec une direction artistique laissée vacante. L’on sait déjà que l’on y verra la création Perle Noire. Méditations pour un Joséphine de Peter Sellars, spectacle hommage à la chanteuse et résistante. Dans un tout autre genre, le Kyiv City Ballet, qui y est désormais en résidence, pourrait y proposer des spectacles.
Enfin du côté des créations à venir, et qui devraient pas mal tourner la saison prochaine, l’on attend avec impatience Requiem La Mort joyeuse de Béatrice Massin, à venir en novembre, qui « s’inspirera de la vision joyeuse de la mort dans la culture mexicaine« .