Soirée pour la paix en solidarité avec le peuple ukrainien – Maison de la Danse
Après le Théâtre du Châtelet, le Théâtre de Chaillot, le Ballet du Rhin ou le Ballet du Capitole, la Maison de la Danse de Lyon se mobilise à son tour pour le peuple ukrainien. Avec quatre autres grandes institutions de la ville, elle a ainsi proposé une soirée unique, mêlant sur scène 130 artistes, ukrainiens et français, avec de la danse, du cirque, de la musique ou des lectures. Un moment à la fois grave, qui n’omet pas la réalité dramatique de ce qui se passe en Ukraine, mais aussi solidaire, joyeux aussi dans ces moments de danse et de musique. Les recettes de cette soirée ont été reversées à Alliance Urgence, collectif regroupant six associations humanitaires.
Cela fait bientôt trois mois que la guerre en Ukraine a démarré, et l’on s’est comme un peu habitué à cette actualité dramatique. Alors la soirée pour la paix en solidarité avec le peuple ukrainien, organisée par la Maison de la Danse de Lyon, sonne comme une piqûre de rappel : l’urgence humanitaire est toujours là, plus que jamais. Face à la crise, les institutions lyonnaises se sont réunies, et cela n’arrive pas si souvent : La Maison de la Danse, l’Auditorium-Orchestre national de Lyon, le CRR de Lyon, l’Opéra de Lyon et le Théâtre Nouvelle Génération, avec le soutien de la Biennale de Lyon, les Célestins, les Subsistances, le Théâtre de la Croix-Rousse et le Théâtre du Point du Jour. Ensemble pour organiser en quelques jours un plateau tous azimuts, dont les recettes ont été reversées à Alliance Urgence, collectif regroupant six associations humanitaires (Action contre la faim, CARE, Handicap International, Médecins du Monde, Plan International et Solidarité international). Tous et toutes bénévoles sur scène comme en coulisse, si ce n’est les artistes ukrainiens participant au spectacle, qui ont besoin de ces cachets pour vivre en France.
Il y avait ainsi un peu de tout sur le plateau : des moments graves rappelant la terrible réalité du terrain, des créations inspirées par la guerre, aussi des extraits plus légers, comme des moments suspendus, le tout présenté par la journaliste Sophie Jovillard. Concernant la danse, le tap-dancer ukrainien Aleksandr Ostanin a ouvert la soirée. Né à Odessa, il vit à Boston depuis quelques années. Chaussures dorées, t-shirt aux couleurs ukrainiennes, il est venu seul sur le plateau dénudé, pour un numéro de claquettes percutant sur musique rock de son pays. L’Opéra de Lyon a ensuite été représenté par le danseur Yan Leiva, avec son solo créé pour lui par Ioannis Mandafounis, dans le cadre du programme Danser Encore. Cette opération a été menée pendant le confinement et la saison noire des théâtres, pour donner à danser aux artistes du Ballet de l’Opéra de Lyon, malgré tout. L’urgence de danser affleure ainsi sur chacun des solos créés pour l’occasion. Bras et jambes immenses, à l’effet accentué par des habits trop grands, Yan Leiva habite la scène pour se raconter, lui et son envie de danser, avant la chute finale du projecteur se balançant sur le plateau, comme un déséquilibre pouvant arriver à tout moment. Plus léger, et délicieusement drôle, le collectif installé à Villeurbanne Petit travers a proposé un extrait de son spectacle Nuit créé en 2015. Sur la musique de Haydn, trois jongleurs s’amusent en scène, pour créer des lignes avec leurs balles, le plateau et le décor, jouant à imaginer une sorte de chorégraphie formidablement musicale rien qu’avec leurs balles et leurs trajectoires. C’est surprenant, drôle, inventif, et cela fait du bien.
Le Kyiv City Ballet est souvent l’invité de toutes ces soirées de solidarité pour l’Ukraine. En tournée au début de l’invasion, la petite troupe a trouvé refuge au Théâtre du Châtelet. Elle a présenté ici ce qui fait son répertoire : le pas de deux du deuxième acte du Lac des cygnes, avec un petit corps de ballet, et la pièce masculine Boys from Kiev, aux références à leurs danses traditionnelles. Ce sont ces derniers qui ont clos la soirée, terminant le programme sur une note volontairement enjouée – quoique le vrai morceau qui a fini la soirée resta la chanson du Kalush Orchestra, qui a remporté l’Eurovision quelques jours plus tôt. Quand on parlait plus haut de l’éclectisme du programme !
Parmi les autres propositions artistiques, l’ensemble de saxophones du CRR (Conservatoire à Rayonnement Régional) de Lyon a marqué les esprits avec le morceau Call for Peace, composé par Jean-Denis Michat après le début de la guerre. Le premier mouvement part sur une sorte de musique répétitive, formidablement menée par les dix musiciens et musiciennes. Mais le deuxième mouvement nous ramène à la réalité. Une partie des saxophonistes jouent ainsi l’hymne ukrainien, tandis que l’autre couvre leur musique par des sons grinçants, volontairement cassant ou ressemblant à des sirènes d’alerte… avant de repartir sur un troisième mouvement aux sonorités slaves et joyeuses, dont on ne sait si elle est premier degré ou totalement ironique. L’on retient aussi les lectures fortes de la dramaturge ukrainienne Neda Nejdana, avec ses poèmes faisant référence à la situation dramatique, lus par Richard Brunel (directeur de l’Opéra de Lyon) et le marionnettiste Clément Peretjatko. Quant à l’hymne ukrainien, il a été chanté avec beaucoup d’émotions par la maîtrise de l’Opéra de Lyon, accompagné par des collectifs d’enfants ukrainiens accueillis en France.
Cette soirée organisée à la Maison de la danse a généré 35.880 euros de chiffre d’affaires, les recettes seront entièrement dédiées aux victimes du conflit en Ukraine et reversées au collectif Alliance Urgences. Il est toujours possible de faire un don via le site d’Alliance Urgences.