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Ballet de l’Opéra de Paris – Ces cinq jeunes ballerines solistes à suivre cette saison

Elles sont Sujets ou Première danseuse. Elles ont moins de 25 ans mais déjà de belles expériences derrière elles. Et cette saison, elles sont titulaires d’au moins un premier rôle dans un grand ballet classique. Bleuenn Battistoni, Bianca Scudamore, Inès Mcintosh, Hohyun Kang et Clara Mousseigne : portrait de cinq jeunes solistes du Ballet de l’Opéra de Paris à suivre de très près ces prochains mois. 

 

 

Bleuenn Battistoni

Son parcours – Doucement mais sûrement. Bleuenn Battistoni ne rentre à l’École de Danse qu’à la troisième tentative, après un passage au CNSMDP. Idem pour le Concours d’entrée dans le Ballet qu’elle doit passer deux fois, ou encore le Concours de promotion sur lequel elle bute à plusieurs reprises. La suite est plus simple : Coryphée en 2021, Sujet en 2022, Première danseuse en 2023. Et que ce soit avec Aurélie Dupont ou José Martinez, elle a droit à de belles opportunités sur scène.

On l’a repérée dans – Le Gala Chauviré de 2017. La soirée n’a pas été brillante. Mais l’École de danse avait assuré le spectacle. Avec en tête Bleuenn Battistoni qui avait crânement porté la variation de la Gitane des Deux Pigeons, avec beaucoup de présence.

Son moment marquant – Le rôle de Giselle, en remplaçant au pied levé et en cours de route Alice Renavand, blessée au deuxième acte en plein cœur de ce qui devait être sa soirée d’adieux. L’Étoile sort de scène en clopinant, le corps de ballet enchaîne… Et c’est Bleuenn Battistoni qui reprend le rôle, enfilant en trois minutes le tutu de Giselle et s’élançant sans trembler dans les bras de Mathieu Ganio avec qui elle n’avait pas répété. Un sacré cran.

Sa carrière à l’extérieur – Le rôle emblématique d’Odette/Odile cet été, au Ballet de Santiago. Coachée ni plus ni moins par Julio Bocca.

Où la voir cette saison ? Lors du programme Jiří Kylián en décembre prochain. Surtout, son premier grand rôle à l’Opéra l’attend ce printemps : elle sera Lise dans La Fille mal gardée de Frederick Ashton les 26 mars et 1er avril. Assurée de danser des rôles de solistes par son statut de Première danseuse, voyant devant elle plusieurs Étoiles qui quitteront la scène sous peu, Bleuenn Battistoni a un bel avenir devant elle. 

 

Bleuenn Battistoni – L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan (rôle de la Maîtresse de Lescaut)

 

Inès McIntosh

Son parcours – Sans faute. Rentrée enfant à l’École de Danse, elle y a fait toutes ses divisions, est reçue dans le Ballet dès sa première tentative et grimpe les échelons à chaque Concours de promotion. Elle a depuis régulièrement enchaîné les rôles de demi-solistes sans faillir, que ce soit sous Aurélie Dupont ou José Martinez.

On l’a repérée sur – Les réseaux sociaux. Elle était encore élève qu’elle cumulait déjà les followers (plus de 45.000 aujourd’hui) avec ses vidéos d’elle au travail, en studio. Une manière de repérer ses belles lignes, son sens du mouvement, sa technique virtuose… mais aussi sa personnalité de grosse bosseuse.  

Son moment marquant – Le Grand Pas classique de Victor Gsovsky lors de la récente tournée automnale de la compagnie à Aix-en-Provence. Un rôle de soliste dans l’un des pas de deux les plus techniques et si représentatif de l’école française : difficile de mieux démarrer une saison. 

Sa carrière à l’extérieur – Le rôle de Kitri dans Don Quichotte au Cap cet été. Et de plus en plus de galas internationaux, comme les Hivernales de la Danse à Liège, où elle a comme partenaire António Casalinho ou Shale Wagman, les deux jeunes Premiers danseurs ultra-talentueux du Ballet de Bavière. Difficile là encore de faire mieux. 

Où la voir cette saison ? Pendant les Fêtes dans Casse-Noisette, où elle dansera le rôle de Clara aux côtés de Paul Marque les 11, 20 et 23 décembre. Et il ne serait pas étonnant de la voir devenir Première danseuse au cours de la saison. Edit : cette promotion est arrivée le 20 novembre. 

Son regard sur cette saison à venir – Je suis très heureuse des opportunités qui me sont données ! J’y vais avec beaucoup d’entrain et d’envie. J’ai eu pas mal de rôles de solistes, je me sens prête à endosser un rôle d’Étoile et j’ai très envie d’y aller. Pour Casse-Noisette, j’ai commencé à apprendre le ballet avant de démarrer les répétitions, pour pouvoir être plus efficace dans le travail. Avec mon partenaire Paul Marque, nous sommes coachés par Clairemarie Osta en qui j’ai complètement confiance. Je vais aussi prendre des cours particuliers pour affiner les choses et être totalement confiance pour aller en scène.

Le Concours de promotion, je n’étais pas forcément contre. C’est néanmoins un soulagement pour moi en termes de préparation de ne pas l’avoir : je peux complètement me consacrer à Casse-Noisette. C’est de la fatigue et des risques de blessures en moins. Quant à une promotion ou non de Première danseuse, cela ne change rien pour moi. Dans tous les cas, je vais tout donner dans Casse-Noisette. Je donne mon maximum pour ce qui est pour moi le plus important : la performance que l’on fait sur scène, quel que soit le grade que l’on a. 

 

Inès McIntosh – Grand pas classique de Victor Gsovsky avec Thomas Docquir (gala Les Hivernales de la Danse)

 

Hohyun Kang

Son parcours – Avec acharnement. Hohyun Kang fait partie des danseuses, pas si nombreuses finalement, qui ne sont à aucun moment passées par l’École de Danse. Formée en Corée du Sud, elle fut un an surnuméraire avant d’être engagée dans le Ballet. Le Concours de promotion ne lui a pas toujours réussi : malgré une technique superlative et un charisme évident, elle ne possédait pas pleinement le style de l’école française. Mais le travail de la danseuse a payé. Et depuis sa promotion de Sujet en 2023, elle est devenue incontournable. 

On l’a repérée dans – Cupidon dans Don Quichotte en 2021, où elle montra toute sa finesse et sa musicalité. 

Son rôle marquant – la Comtesse Mary dans Mayerling. Encore Coryphée, et sans véritable expérience de soliste, la voilà propulsée dans le premier rôle d’un des ballets les plus complexes dans la dramaturgie de ses personnages. Et la danseuse relève le défi avec panache, montrant une forte personnalité derrière sa technique brillante. Elle ne cesse depuis de se démarquer en scène, aussi bien dans un registre très classique que plus contemporain. 

Sa carrière à l’extérieur – Elle se fait pour l’instant un peu plus discrète que ses collègues. Même si on l’a vue notamment sur la plateforme BalletMasterClass de Dorothée Gilbert.

Où la voir cette saison ? Dans le rôle de Kitri dans Don Quichotte, le 13 avril. Et un peu plus tôt lors du programme Jiří Kylián des Fêtes, pour apprécier toute sa versatilité. 

Son regard sur cette saison à venir – La saison dernière, j’ai pas mal dansé, notamment Mayerling, et plusieurs rôles de demi-solistes. Mais quelles que soient les distributions que j’ai, cela ne change pas pour moi : je me prépare au maximum, que ce soit pour un premier comme un petit rôle. J’aime danser, je suis heureuse d’être sur scène, de pouvoir travailler, c’est ce qui compte. J’ai trois-quatre mois pour préparer le rôle de Kitri dans ma tête. Et j’y pense tous les jours ! Cela me motive encore plus. Ce ballet, je le connais par coeur, depuis que je suis enfant et que j’ai démarré la danse. C’est un rêve de danser Kitri ! C’est aussi une oeuvre particulière pour moi. Je suis montée pour la première fois en scène en tant que danseuse de l’Opéra de Paris sur Don Quichotte, et c’est aussi dans ce ballet que j’ai eu mon tout premier rôle, celui de Cupidon. 

Le Concours a des aspects positifs et négatifs. C’est une opportunité en plus pour se montrer, pour travailler un mois deux variations de solistes, monter sur scène dans les costumes du ballet. Mais c’est aussi énormément de stress. Mentalement, c’est un soulagement de ne pas avoir à le passer. Je me concentre sur le cours du matin, les spectacles, les répétitions, je peux tout donner sans penser au Concours. Et puis je me concentre avant tout sur mon travail pour progresser dans ma danse, pour apprendre dans un rôle, pas pour monter en grade.   

 

Hohyun Kang – La Bayadère de Rudolf Noureev (rôle de la Manou)

 

Bianca Scudamore

Son parcours – Plus compliqué. Les premières années de Bianca Scudamore à l’Opéra de Paris se déroulèrent à merveille. Elle déboula comme une fusée en deuxième division, chopa les premiers rôles des spectacles, fut reçue première dans le Ballet deux ans plus tard et gravit les échelons à toute allure. Mais une fois Sujet en 2019, les choses ralentirent. Il y eut la crise du Covid, des saisons plus pauvres en classique – ce n’est pas forcément une ballerine choisie pour les pièces contemporaines. La direction de l’époque ne semblait pas lui accorder une pleine confiance. Et malgré ses immenses qualités techniques et artistiques, le Concours n’est pas l’exercice qui lui réussit le plus. Beaucoup de jeunes talents très douées sont ensuite arrivées, rendant la concurrence plus importante. Mais la danseuse australienne n’a pas dit son dernier mot. 

On l’a repérée dans – The Vertiginous Thrill of exactitude de William Forsythe lors du spectacle de l’École de Danse en 2017. Déjà une star ! 

Son rôle marquant – Gamzatti dans La Bayadère en 2022. Bianca Scudamore donne la réplique à deux bêtes de scène : Dorothée Gilbert et François Alu. Cela ne l’empêche pas d’assumer crânement son rôle. Et de danser comme une reine, montrant indéniablement son tempérament de soliste-née. 

Sa carrière à l’extérieur – Elle a dansé le rôle-titre de Giselle au Japon avec Karl Paquette, il y a quelques années. Et danse régulièrement dans les galas organisés par des artistes de l’Opéra, comme cet été au Japon dans Le Grand Gala

Où la voir cette saison ? Après la soirée Jerome Robbins où elle fut soliste dans In the Night, elle enchaîne en Grand Flocons dans Casse-Noisette. Elle n’a pour l’instant pas de grand rôle annoncé, mais l’on espère que les distributions de Giselle et du Lac des cygnes de l’oublieront pas. À l’heure où de nombreux départs d’Étoiles sont attendus dans les prochaines années, il serait dommage pour la compagnie de se priver d’une si belle danseuse. 

 

Bianca Scudamore – La Bayadère de Rudolf Noureev (rôle de Gamzatti)

 

Clara Mousseigne 

Son parcours – À toute allure. Comme sa consoeur Inès MciIntosh, Clara Mousseigne a un parcours brillant. Elle fait toutes ses classes à l’École de Danse sans faute, reçue première dans le Ballet en 2020. Et gravit un échelon par an, se retrouvant Sujet avant 20 ans en 2023. Tout en raflant au passage plusieurs Prix internationaux.

On l’a repérée dans – Clara Mousseigne fait partie de la “génération Covid” à l’École de Danse, qui fut privée de spectacle annuel. Il fallut donc attendre son premier Concours de promotion en 2021 pour la voir réellement danser. Elle y interpréta la Sérénade de Suite en blanc avec une maturité et un sens du style impressionnants. 

Son rôle marquant – La danseuse n’a pas forcément eu de grands rôles de premier plan jusqu’alors. Mais elle a su s’imposer dans toutes les opportunités sur des rôles de demi-solistes. Les Petits cygnes dans Le Lac des cygnes, l’une des deux Willis dans Giselle, un quatuor dans The Dante Project… Elle s’est vite rendue indispensable. Si elle ne semble pas en première ligne, du fait de son jeune âge et de sa relative inexpérience, pour passer Première danseuse dès cette saison, elle reste sans aucun doute l’un des grands jeunes talents féminins de la compagnie. 

Sa carrière à l’extérieur – Karl Paquette l’a appelée l’année dernière pour danser Odette/Odile dans son Premier Lac des cygnes. Un premier rôle de soliste qui a séduit le public. 

Où la voir cette saison ? En Lise dans La Fille mal gardée de Frederick Ashton les 27 et 31 mars

 

Clara Mousseigne lors du spectacle de l’École de Danse 2020 (une seule représentation sans public à Nanterre, juste avant le Confinement)

 




 

Commentaires (3)

  • phil

    Bravo pour vos justes commentaires concernant les danseuses et les danseurs de l’ ONP , la plus grande crainte que l’on peut avoir c’est le départ de Mme Bianca Scudamore.

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    • Alex

      Tout à fait d’accord… j’aurais aimé la voir mieux distribuée dans casse noisette par exemple. Personnellement je trouve qu’elle a ce petit quelque chose en plus, mais ce n’est que mon avis.

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