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Rencontre avec José Martinez pour la saison 2024-2025 du Ballet de l’Opéra de Paris

Le Ballet de l’Opéra de Paris a dévoilé sa saison 2024-2025. La deuxième pour José Martinez, même si la programmation était déjà engagée par Aurélie Dupont. C’est donc l’occasion de faire le point avec le Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris, alors qu’il est en poste depuis plus d’un an. Les projets qui se mettent en place doucement mais sûrement, la question de la parité dans la programmation, les nouveaux classiques, le retour de William Forsythe, mais aussi la compagnie junior en préparation, José Martinez explique pour DALP cette saison 2024-2025 à venir.

 

José Martinez, Directeur du Ballet de l’Opéra de Paris

 

Sur cette saison 2024-2025, les reprises de Mayerling, La Belle au bois dormant et Onéguine étaient déjà programmées par Aurélie Dupont, la création de Hofesh Shechter engagée. Comment imprimer sa marque quand il y a finalement peu d’espace pour votre programmation ? Ce n’est pas frustrant ?

Je dois m’appliquer à être patient tous les jours. J’ai été habitué à travailler autrement. À Madrid (ndlr : José Martinez a dirigé pendant 8 ans la Compagnie nationale de Danse d’Espagne), les choses se faisaient dans l’immédiat. Ici, Il y a plein de paramètres à prendre en compte qui conditionnent l’organisation d’une saison : l’alternance d’opéra et de ballet, les temps de répétition, deux ballets qui se suivent trop rapidement, des questions de logistique… Beaucoup de choses qui me font reporter des projets à la saison suivante. Il faudra donc attendre un peu plus longtemps pour voir où je veux amener la compagnie. Je l’ai découvert en arrivant ici, tout prend beaucoup plus de temps que dans une petite troupe.

 

Votre saison 2024-2025 peut paraître sans surprise. Par exemple, Sharon Eyal ou Hofesh Shechter, qui viennent pour des créations, sont présents absolument partout. Quel est votre regard là-dessus ?

La saison 2024-2025 reste équilibrée, même s’il y a des titres qui reviennent et des choses qui peuvent sembler peu surprenantes. Mais c’est important de construire une saison harmonieuse. Je suis arrivé la saison dernière, avec devant moi une saison déjà à moitié construite, des choses plus ou moins prévues. Pour compléter, on peut faire appel à de jeunes chorégraphes pour surprendre tout le monde. Mais leur donner la scène du Palais Garnier et les artistes de l’Opéra de Paris tout de suite, ce n’est pas forcément la bonne chose à faire. L’idée est de commencer à collaborer avec des chorégraphes pour construire des projets pour l’avenir. Il y a aussi beaucoup de chorégraphes, qui ne sont jamais venus à l’Opéra de Paris, et qui peuvent être intimidés par l’institution quand on leur demande une pièce ou une création. Ils demandent d’abord à faire connaissance avec les danseurs et danseuses avant de se lancer.

 

Comment mettre ça en place ?

Au mois de mai, nous allons commencer des workshops avec quatre chorégraphes, qui vont venir travailler avec les artistes, sans avoir la pression de devoir absolument amener un projet à la fin. Chacun va venir une semaine ou dix jours en studio et explorer des choses avec les danseurs et danseuses, que l’on pourrait voir, ou pas, les saisons prochaines. On n’est pas dans l’idée de monter un ballet mais d’explorer et de tester.

 

Qui sont ces quatre chorégraphes ?

Soit ils avaient des projets à proposer, soit c’est nous qui avons voulu les découvrir. Wim Vandekeybus viendra, il fait des choses très engagées et on veut voir la réaction de nos danseurs et danseuses sur son travail. Cela serait pour un projet très particulier, nous allons voir si ça peut se mettre en place dans le futur. Il y aura Andonis Foniadakis qui veut tester des choses sur pointes, Mthuthuzeli November qui a travaillé pour le Royal Ballet ou le Ballet de Zurich, et je voudrais voir comment ça se passe chez nous. Enfin Juliano Nuñes.

 

Je ne veux pas faire venir un-e chorégraphe juste pour une saison, il faut que cela soit construit sur l’avenir, pour leur permettre d’évoluer au sein de la compagnie.

 

Quatre chorégraphes, quatre hommes… Avec votre saison ne comprenant qu’une chorégraphe sur 15 hommes, on ne sent pas une programmation très attachée à l’égalité femmes-hommes.

En arrivant ici, j’avais à m’occuper de toute la gestion interne. Maintenant que je suis installé, je commence à regarder en profondeur et je me plonge dans la programmation. Cela prend un peu de temps, de connaître, de découvrir, de bien regarder. Ce serait facile de remplir la saison avec uniquement des noms. Mais il faut que cela soit adapté au projet. Je ne veux pas faire venir quelqu’un juste pour une saison, il faut que cela soit construit sur l’avenir, pour leur permettre d’évoluer au sein de la compagnie. Concernant les ballets classiques du répertoire, il y a beaucoup plus de chorégraphes hommes que de femmes. Mais sur les entrées au répertoire et les créations, oui, on doit penser à cette parité. Cette saison, sur trois créations, il y aura deux hommes et une femme.

 

En avril auront lieu deux programmes Jeunes chorégraphes. Là encore, il y aura deux femmes pour huit hommes chorégraphes à se lancer. N’est-ce pas dans votre rôle de directeur d’aller convaincre de jeunes talents féminins de se lancer, d’aller les chercher ?

Bien sûr. Tous ceux et celles qui avaient un projet à proposer pouvaient participer. Dans le Ballet, certaines danseuses, certains danseurs aussi, se sentent plus interprète que chorégraphe. Il faut oser faire le pas d’être chorégraphe, c’est une sorte de mise à nu qu’on ne peut pas forcer. Et puis c’est aussi la question de la notion de création que l’on a au Ballet de l’Opéra de Paris qui est à transformer. Aujourd’hui, on imagine que, pour être chorégraphe, il faut être chorégraphe contemporain. Sur ces deux programmes d’ailleurs, même s’il y aura deux créations néo-classiques dont un sur pointes, la majorité seront des pièces de langage contemporain. Et il y a eu plus de danseurs que de danseuses qui se sont vraiment tournés vers le contemporain dans la compagnie ces derniers temps. Mais à partir du moment où le vocabulaire classique sera aussi intégré à cette logique de création, que ce sera acquis que l’on peut créer avec le langage académique, je pense que sera plus facile d’avoir des danseuses qui voudront chorégraphier, avec les pointes par exemple, avec quelque chose qu’elles connaissent. Ce sera à moi de faire venir de jeunes chorégraphes femmes classiques, que nos danseuses aient des exemples. Je ne suis pas inquiet, on va y arriver.

(Ndlr : sur la question du peu de femmes chorégraphes dans le répertoire – ou sur leur invisibilisation – nous invitons nos lecteurs et lectrices à se plonger dans l’ouvrage “Nouvelle Histoire de la danse en Occident” dirigé par Laura Cappelle. Et pour des réflexions sur la visibilité des femmes chorégraphes aujourd’hui, sur le rapport L’égalité femmes-hommes dans les directions des Centres chorégraphiques nationaux qui, s’ils sont des structures bien différentes, vont rencontrer des problématiques similaires à celles des Ballets). 

 

Vous allez démarrer la saison par William Forsythe, avec Blake Works I que l’on voit partout, et la re-création plus étonnante de Rearray, que l’on connaît beaucoup moins. Comment s’est construit ce programme ?

Mon idée était tout d’abord de faire revenir William Forsythe, parce que c’est lui qui a initié cette évolution du chausson de pointe en l’amenant beaucoup plus loin. C’est notre base. J’avais au départ envie de monter Impressing the Czar. Mais William Forsythe m’a expliqué que, comme cela faisait longtemps qu’il n’était pas venu dans la compagnie, il préférait commencer par quelque chose de plus petit, pour retravailler avec les danseurs et danseuses d’aujourd’hui. C’est donc un retour en douceur, avec ce duo et cette reprise. J’espère que nos artistes lui donneront envie de retravailler avec nous ! J’aimerais que l’on puisse monter d’autres pièces de lui dans les saisons à venir, des œuvres plus anciennes, des entrées au répertoire, voire des créations. Quelque part, il a fait comme les chorégraphes qui ne sont jamais venus à l’Opéra de Paris. À l’image de Johan Inger qui complète la soirée : je lui ai demandé une création, il m’a plutôt proposé une pièce existante pour mieux connaître les danseurs et danseuses avant d’aller plus loin. C’est dans cet échange que je veux travailler. Et c’est aussi cette première approche en douceur qui ralentit l’arrivée de nouvelles choses tout de suite. Quant à Impressing the Czar, si j’en rêve toujours, je pense que cela ne se fera pas : William Forsythe a envie de formats plus petits désormais, il veut travailler autrement. 

 

Blake Work I de William Forsythe – Ballet de l’Opéra de Paris

 

Pendant des années, la devise du Ballet de l’Opéra de Paris était “Le classique, c’est Rudolf Noureev”. Votre saison compte trois ballets classiques : un de Rudolf Noureev, un de Pierre Lacotte et un de Manuel Legris. On est donc passé à “Noureev parmi d’autres”. C’est votre vision des choses ? Comment ce choix de faire venir Sylvia de Manuel Legris s’est-il inscrit dans cette perspective ?

Pour les ballets classiques, bien sûr que nous allons continuer à présenter des versions de Rudolf Noureev, je ne veux pas passer à autre chose. Mais c’est évident que l’affiche va être partagée avec d’autres chorégraphes. Pour le moment, cela se fera sur des reprises de ballets existants, jusqu’au moment où nous pourrons faire des créations de nouveaux ballets classiques. Il était important que Manuel Legris soit le premier à venir, car il représente la filiation avec Rudolf Noureev, mais aussi avec celle de Pierre Lacotte, avec l’école française. Ces filiations sont importantes. Quand on fait venir des œuvres de John Cranko ou de Kenneth MacMillan, pour le coup ce sont des pièces que l’on voit partout, et ce n’est pas avec elles que l’on met en avant l’école française. La Sylvia de Manuel Legris vient de l’école française, c’est un ballet très français. Cette identité est très importante.

 

Cette saison a été marquée par un vrai bouleversement : la suppression du Concours de promotion pour les Sujets. Quels sont vos critères pour distribuer un ou une Sujet dans un premier rôle ? L’on a vu, avec Marine Ganio ou Éléonore Guérineau, que ce n’était pas une question d’âge.

Plein de paramètres rentrent en compte. Il y a les ayants droit des ballets ou les chorégraphes qui peuvent avoir certaines envies. Si un ou une chorégraphe apprécie un ou une artiste, c’est l’occasion de donner une chance à quelqu’un auquel je n’aurais pas forcément pensé. Il y a aussi des danseurs et danseuses qui ont déjà dansé ces rôles : c’est normal de le leur redonner à nouveau, qu’ils puissent grandir avec même s’ils ne sont pas montés dans la hiérarchie. Je peux également avoir envie de pousser quelqu’un, de lui lancer un défi, de le mettre là où on ne l’attend pas pour lui donner la possibilité d’évoluer et de nous surprendre. Je peux aussi distribuer quelqu’un qui n’a pas été promu au Concours, pour le motiver et que le jury puisse le voir danser en dehors du Concours, qu’il ait un petit rôle. Je viens de commencer ce travail. Il y aura de bonnes surprises, de moins bonnes. Nous avons 154 artistes, l’idée est de pouvoir donner la possibilité à différents profils, qu’ils aient à un moment les projecteurs sur eux pour voir comment ils évoluent.

 

Marine Ganio dans La Fille mal gardée de Frederick Ashton

 

Êtes-vous un directeur très présent dans les studios ? Après plus d’un an en poste, avez-vous trouvé votre équilibre ?

Je commence à aller un peu plus dans les studios, mais malheureusement pas assez. En arrivant, je me suis concentré à mettre en place une équipe autour de moi pour que tout fonctionne. Pour l’instant, ils ont encore besoin de moi et je suis encore pas mal en dehors des studios. J’ai aussi besoin de temps pour aller voir d’autres spectacles, faire ma sélection d’oeuvres à venir et des projets à mettre en place. Mais j’aimerais pouvoir coacher les solistes, avoir un regard sur le corps de ballet, me faire une meilleure idée pour les nominations de Premier danseur ou Première danseuse. C’est bien d’observer les artistes sur scène, il faut aussi voir comment ils travaillent. Certain-e-s artistes m’ont signifié l’envie de travailler avec moi, d’avoir ma vision et ce que j’attends d’eux. Je suis sensible à cette demande que je comprends : si j’étais danseur, j’aimerais savoir où ma direction veut m’emmener. Ce sera ma prochaine étape.

 

Autre projet en cours : la création d’une compagnie junior. Vous pouvez nous en dire plus ? Est-ce que cela va avoir un impact sur les concours de recrutement internes et externes ?

Cela ne va rien changer sur ces concours, cette compagnie junior sera en parallèle. Au moment du concours externe, nous proposerons des CDI, des CDD par rapport à ce qui est disponible. Et aussi des contrats de professionnalisation de 24 mois pour des jeunes entre 17 et 23 ans, venant de l’École ou non. Leur saison se déroulera en trois temps. Le premier trimestre sera une formation avec des chorégraphes, hommes et femmes, qui viendront faire des pièces avec eux. Puis ils participeront à La Belle au bois dormant. En dernière partie de saison, ils auront une petite tournée. Cette compagnie junior ne remplace donc pas les contrats de surnuméraires. Et pour entrer dans la compagnie, ces jeunes devront repasser par le concours externe. Pour l’instant, il ne s’agit que d’un projet. Tout a été préparé pour la lancer en septembre 2024, si c’est trop juste ce sera pour septembre suivant.

 

C’est bien d’observer les artistes sur scène, il faut aussi voir comment ils travaillent

 

Enfin une question sur le public. Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux, vous suivez la communauté danse. Ce public de passionné-e-s a-t-il beaucoup changé du temps où vous étiez danseur ?

Pour moi, le public de danse n’a pas tant changé que cela. Il y a toujours eu des gens passionnés ! C’est ce qui fait vivre la compagnie quelque part. Ce qui a changé, ce sont les réseaux sociaux où tout est écrit et publié, alors qu’avant cela se faisait plutôt à l’entrée des artistes. Quand un artiste a un rôle, il s’expose. Écrire un commentaire négatif sur sa prestation uniquement pour favoriser un-e autre artiste, ce n’est ni élégant ni nécessaire. C’est vrai que je lis ce qui s’y écrit. Mais cela ne m’influence pas tant que ça, j’ai mes propres critères et ma propre vision des choses. Et quand il y a beaucoup de commentaires positifs sur un danseur ou une danseuse… la plupart du temps, je suis d’accord (sourire).

 

La saison 2024-2025 de l’Opéra de Paris est en ligne. Les abonnements sont en vente dès le 8 avril

 

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Commentaires (6)

  • phil

    Mr Jose Martinez est un directeur qui,mine de rien, fait évoluer la compagnie à grande vitesse : recherche de danseurs pour les roles principaux ( les hommes ne sont pas trés nombreux !) , création choregraphiques pour les danseurs souvent Quadrilles ( spectacle Danseurs Choregraphes ) , répartition elargie dans les distributions , concours sur scène pour les Sujets et maintenant création d’une compagnie Junior !
    DALP n’a pas commenté le dernier prix AROP

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  • Lionel

    Quelle immense tristesse de lire qu’impressing the czar – chef d’oeuvre absolu de Forsythe – ne sera jamais dansé par le pob !
    Le semper oper avait été fantastique dans cette pièce en 2017, le pob aurait pu faire encore mieux et surtout nous offrir un in the middle de haute volée avec Guillaume, Hugo, Sae hun et toute la jeune génération …. SNIF !

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  • Ravolet

    Merci

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  • Gorgona Dupond

    José Martinez n’a pas l’air d’avoir beaucoup d’attente à l’esprit créatif féminin. Dommage.

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  • santi

    Merci beaucoup pour cette interview intéressante. C’est génial qu’ils invitent des chorégraphes à créer des ballets classiques. Le matériel existe, il s’agit d’être d’accord, on ne connaît Giselle comme si était l’unique ballet d’Adam, et il a écrit quinze ballets !!! avec une musique fabuleuse, dont le célèbre corsaire,j’espère à programmer dans l’avenir ,donc ce serait formidable si l’opéra créait de nouveaux ballets classiques comme l’a déjà fait Jean Guillaume Bart en 2011 avec sa merveilleuse source, et la divine Myriam Ould-Braham et Laura Hecquet , je me souviens encore ,quelles belles représentations et isabelle Ciaravola , divine !!! alors nouveaux ballets qui pourrait d’ailleurs devenir
    La jolie Fille de Gand (1842), musique divine d’adam, Bart pourrait créer un nouveau ballet comme a fait avec la source avec un si grand succès
    Le Diable à quatre (1843) est fabuleux .
    Le Corsaire (1856) un joyaux .tous ces ballets devraient revoir le jour à bastille ou garnier ,on pourrait aussi programmer symphonie en c de bizet, encore études !!! une longue série à bastille . la bayadère, les quatre saisons avec musique de verdi, le Coquelicot rouge,divine musique et ballet inconnu pour presque tout le monde entier…..joyaux, thèmes et variations, Nouveaux ballets balanchine inédits à Paris, aussi créant un nouveau ballet avec la musique de Sostakovitch, les suites de ballet un et deux, serait un succès. ou de sostakovich aussi “tea for two” Ce serait également formidable de revoir à l’avenir la version de Coppélia de Bart, ou la version de Minkus de la bayadère.ou peut être voir la version de le lac des cygnes diferente à la de Noureev , j’adore la de Noureev mais il y a d’autres versions très belles aussi . c’est génial que Manuel legris nous offre sylvia , génial , great news , mais il ne faut pas arrêter la , il faut que le classique regagne sa place principale à l’opéra alors avec une nouvelle version du Corsaire par exemples…..

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    • CLAIRE GAU

      Je n’ai pas la chance de connaître les ballets dont vous parlez, mais ça fait vraiment envie. J’espère qu’on pensera (vite) à les monter.
      En musique, on a le même problème : tout se passe come si on avait peur de faire sortir le spectateur de sa “zone de confort”.
      Le monde culturel se doit d’élargir l’univers artistique. Je crois que là, tout le monde serait gagnant.

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