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Dans les coulisses du Prix de Lausanne – Samedi 7 février, la finale

Après les sélections du Prix de Lausanne, retour au Théâtre de Beaulieu pour la finale de cette compétition. La journée est chargée et l’atmosphère est différente du reste de la semaine. Même si l’ambiance est toujours marquée par une humeur positive générale, marque de fabrique du Prix de Lausanne.

 

9 heures

Les vingt finalistes ayant été désignés la veille, c’est aujourd’hui la finale. Mais avant cela, dernière chance pour les candidats et candidates non-sélectionné-e-s avec un dispositif cher au Prix de Lausanne : le networking forum. Pendant qu’un groupe passe des entretiens individuels avec le jury, l’autre prend une classe, sous les yeux attentifs des directeurs et directrices d’écoles et de compagnies. À l’issue de ce cours, certain-e-s se verront ainsi offrir des bourses d’étude.

Cours de danse du networking forum

Cours de danse du networking forum

 

10 heures

Si le climat reste toujours aussi sain et que la motivation ne faillit pas, certains ont tout de même le sourire plus difficile que la veille. Les pliés de la classe des 17-18 ans du networking forum sont particulièrement émouvants. Les candidat-e-s se lancent directement à fond dans ce premier exercice, au rythme de la musique – peut-être un peu trop triste – que joue la pianiste.

La leçon suit son cours sous l’œil bienveillant de Stefanie Ardnt, qui ne tarit pas de conseils et d’encouragements. Citant William Forsythe, elle lance : « Faites attention à vos mains. William Forsythe dit toujours que vos mains montrent ce que vous voulez, elles indiquent votre désir« . Elle poursuit sur un « Oki-doki ? » un peu burlesque dans cette situation.

Stefanie Ardnt donne une très jolie classe, dont le moyen allegro des filles est particulièrement plaisant à regarder (et qui dut être merveilleux à exécuter). Autour des candidat-e-s, les directeurs et directrices sont aux aguets. On observe, on note, on chuchote, on fait coucou aux collègues… Tamara Rojo, et son acolyte de l’English National Ballet School Samira Saidi, sont attentives à tout ce que font les candidats. Elles discutent beaucoup et on devine aisément si elle sont convaincues ou ne le sont pas.

 

11 heures

Les finalistes arrivent progressivement à l’arrière-scène. Comme toujours, on fait sa barre et on étire ses jambes. Mais l’on s’aide aussi à se maquiller, à s’habiller, on rigole, on fait des selfies (beaucoup). De voir le petit nombre qu’ils sont désormais fait prendre conscience du privilège que cela représente d’accéder à la finale et du talent exceptionnel qu’ont ces vingt jeunes danseurs et danseuses.

Échauffement des finalistes

Échauffement des finalistes

13 heures

Sur le grand écran blanc s’affichent les résultats du networking forum. Une simple liste de numéros, ceux des chanceux à qui des directeurs et directrices de compagnie ou d’école ont fait des propositions. Ils ne savent pas encore lesquelles. Une certaine tristesse se lit sur le visage de ceux et celles qui n’auront vraiment rien eu.

 

13 heures 30

La finale approche à grand pas. Dans l’intimité, les finalistes prennent leur dernier cours complet, que leur donne Patrick Armand. Le temps passe extrêmement vite en cette après-midi et il est rapidement temps pour eux de retourner à la barre, sur scène, alors que la salle se remplit progressivement.

Dernier cours de danse pour les finalistes

Dernier cours de danse pour les finalistes

15 heures

C’est enfin l’heure de la finale. Deborah Bull livre son traditionnel discours d’introduction. Dans le périmètre où je me trouve est placée une majorité de personnes accréditées, journalistes, employés du Prix, professeurs : tant de personnes qui n’écoutent pas vraiment le discours de l’ancienne lauréate. Mais c’est aussi l’occasion d’entendre des anecdotes intéressantes.

Les candidats passent, dans un ordre adapté pour éviter d’enchaîner les fées lilas et autres Franzs. Aucun drame, malgré un stress qui paraît bien plus intense qu’au long de la semaine. Au moment de la vertigineuse variation de Basilio de Mitsuro Ito, chacun retient son souffle. Les habitué-e-s se souviennent des dégâts qu’avait faits le sol de la scène il y a quelques années.

 

16 heures 30

A l’entracte, tout le monde s’active à l’arrière-scène. Les candidat-e-s ont vite remis leur costume classique. On prend des photos-souvenir, certains finalistes signent des autographes. Les discussions entre eux et des professeurs ou directeurs laissent penser que des contrats pourraient bien être signés dans les prochaines minutes.

 

17 heures

Un dernier divertissement avant le moment fatidique : l’interlude. La première partie est chorégraphiquement très intéressante, quoique trop longue, à ne pas regarder en période de manque de sommeil. La deuxième en revanche est d’une très grande puissance, dégagée par les trois danseurs et les trois pièces musicales choisies. Le troisième tableau, sur Carmina Burana, happe entièrement la salle.

 

17 heures 30

C’est donc un public bien chauffé qui accueille candidat-e-s et jury pour l’instant fatidique de la remise des prix.

Cynthia Harvey, présidente du jury, paraît stressée au cours de son discours. Un discours au cours duquel elle encourage le talent et remercie parents, professeurs et participants. Elle bute sur des noms qu’elle a à prononcer, notamment celui de Lou Spichtig, alors qu’elle lui remet successivement Prix du public et Prix de la meilleure Suisse. L’éclat de rire est récurrent chaque année sur scène et dans la salle, à la remise de ce prix, tant la surprise est est inexistante (Lou Spichtig était la seule Suisse de la finale).

Même combat avec plusieurs noms de candidats et la présidente de déclarer que « ses répétitions ont toujours été meilleures que ses spectacles« . L’ambiance bon enfant du Prix de Lausanne n’aura donc pas disparu un instant de la compétition.

 

18 heures

Résultats annoncés, pression retombée, tout le monde se presse à l’arrière-scène pour le verre d’adieu. Les gagnant-e-s sont sollicités et félicités par chacun. Je suis témoin d’un beau moment : la non-sélectionnée Miko Fogarty, tout sourire, fait le tour de tous ses compatriotes finalistes pour les féliciter de leur parcours. Les demandes d’autographes et de photos ne tarissent pas, Lou Spichtig a déjà un sacré fan-club japonais.

Le jury et les professeurs prennent encore du temps pour discuter avec les candidats et leurs parents. J’entends aussi Cynthia Harvey dire en riant que la répétition de la cérémonie s’était très bien passée, contrairement à ce qui s’est passé en public.

Alors qu’il a pu se changer, je croise avant de partir Harrisson Lee, gagnant de cette édition du Prix de Lausanne, l’occasion de l’interroger sur sa semaine et sa victoire.

Harrison Lee, lauréat du Prix de Lausanne 2015

Harrison Lee, lauréat du Prix de Lausanne 2015

Interview de Harrisson Lee, lauréat du Prix de Lausanne 2015

Comment s’est passée votre semaine ?

J’ai passé une semaine magnifique et incroyable ! J’en ai vraiment profité, j’ai eu beaucoup de plaisir, avec tous les professeurs, pendant les sessions de coaching, tout a été génial. Et rencontrer tous ces gens d’autours du monde, j’ai noué de belles amitiés, qui je pensent continueront longtemps après le Prix.

 

Comment s’est passé le coaching ?

Cela s’est vraiment bien passé. J’ai vraiment aimé le coaching prodigué par Patrick Armand, c’est un excellent professeur. Il veut trouver le meilleur dans chacun de nous et nous le faire exprimer.

 

Pourquoi aviez-vous choisi vos variations ?

Le contemporain je l’ai choisi parce que c’était différent. C’est quelque chose que je ne ferais pas normalement, donc je voulais sortir de ma zone de confort. Pour le classique, je l’avais vue sur YouTube, et elle m’avait plus. Donc je me suis dit que j’allais l’essayer !

 

Qu’advient-il maintenant ?

J’espère, à l’issue du Prix, rentrer dans une très bonne école, et commencer en septembre. Je vais vraiment voir ce qui arrive, selon où je me rends.

 

Que rêvez-vous de danser plus tard ?

C’est difficile… Je dirais le Prince de le Belle au bois dormant ou le Prince de Casse- Noisette !

 

D’immenses félicitations à ce jeune garçon humble et talentueux, ainsi qu’à tous les autres candidats et candidates de cette quarante-troisième édition du Prix de Lausanne. Rendez-vous l’année prochaine pour le Prix de Lausanne 2016.

La scène du Théâtre de Baulieu une fois le Prix terminé

La scène du Théâtre de Baulieu une fois le Prix terminé

 

Commentaires (6)

  • Estellr

    Merci pour ce retour très intéressant. Au final, y a t il bcp de candidats qui n’ont rien eu ?

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  • Casimir

    « Au moment de la vertigineuse variation de Basilio de Mitsuro Ito, chacun retient son souffle. Les habitué-e-s se souviennent des dégâts qu’avait faits le sol de la scène il y a quelques année. »

    Que s’était-il passé ?

    Merci pour les articles et interviews de cette semaine !

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  • Fanny

    @Estellr Il y a eu total neuf prix: 6 bourses, le premier pouvant choisir en premier l’école ou compagnie dans laquelle il veut eller et ainsi de suite, le prix du meilleur Suisse, le prix du public (élue cette année par SMS et par internet), et le prix contemporain. Cela nous fait en tout 7 Lauréats cette année (Lou Spichtig et Miguel Pinheiro en ont eu deux). Les finalistes restants ont un prix de 1000.- frs. Après il y a le networking forum qui permet à des candidats non-finalistes d’obtenir des offres d’écoles, mais sans bourse (je crois). Comme il y a vingt finalistes et qu’une trentaine a reçu des offres du networking forum, une vingtaine rentre « sans rien »…

    @Casimir Il y a deux ans, si mes souvenirs sont bons, deux ou trois candidats ont assez méchamment glissé (sans se faire mal pourtant) lors de la finale, en particulier après un saut du début de la variation de Basilio.

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  • Sun

    Cette année 15 candidats n’ont reçu aucunes offres d’écoles ce qui est moins que les autres années. Sur un total de 67 participants c’est un super résultat pour ces jeunes gens. Les finalistes n’ayant gagné aucune bourse participent quand même au networking forum du dimanche et donc peuvent aussi recevoir des offres. En ce qui concerne le networking forum, la plupart des offres sont des offres de « place » dans leur école mais parfois certaines écoles qui veulent vraiment un candidats offrent des bourses aussi.

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  • Casimir

    Ah oui, effectivement, ça me dit quelque chose. Merci d’avoir rafraîchit ma mémoire !

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  • flo

    Le networking permet aux non finalistes d’avoir des propositions comme par exemple la seule française
    qui rentrera fin aout à Hamburg school ballet. A suivre !

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