Un tour à l’exposition Lucinda Childs – Nothing Personal au CND
Le Festival d’Automne consacre un portrait à Lucinda Childs pour son édition 2016. Plusieurs événements ont lieu au CND, comme les Early works ou l’exposition Nothing Personal. Cette exposition, qui se tient jusqu’au 17 décembre, permet de mieux comprendre la méthode de travail de la chorégraphe à travers ses précieuses archives.
Tout démarre au CND de Pantin. Lucinda Childs a un attachement profond à la France, tandis que ses relations avec son pays d’origine (les États-Unis) sont plus complexes. Pas étonnant donc que ce soit le Centre National de la Danse qui ait reçu, il y a 10 ans, de nombreuses et précieuses archives de la chorégraphe. Ces documents sont très organisés et nombreux. Après les années 1980, Lucinda Childs crée surtout pour des compagnies extérieures et les archives de cette époque sont bien plus rares. C’est aussi pourquoi le CND a voulu centrer son exposition sur le début de carrière (1963-1989) de la chorégraphe.
Une première salle retrace, à l’aide de programmes, photos et affiches, les premières pièces de Lucida Childs. Dans les années 1960, Lucinda Childs prend part aux expérimentations d’un groupe d’artistes, présentant son travail à la Judson Memorial Church de New York. C’est là qu’elle rencontre Yvonne Rainer, Steve Paxton ou Robert Morris. La chorégraphe aime construire et déconstruire les rituels du quotidien dans un ton ironique. Au-delà des photos, l’exposition montre les premiers documents de travail de Lucinda Childs, une façon bien à elle de créer des partitions et annotations de ses pièces. Il s’agit avant tout de dessiner le déplacement de ses danseurs et danseuses dans l’espace, à l’aide d’un système qui se complexifie au fur et à mesure de sa carrière.
À la fin des années 1960, Lucinda Childs développe un nouveau style de danse, souvent qualifié de minimaliste ou de répétitif. Ses pièces partent d’une gestuelle du quotidien (la marche, la rotation des bras, un demi-tour), s’inspirent de motifs géométriques et d’une structure rythmique qui questionne la perception du mouvement et du corps dans l’espace. C’est durant cette époque que Lucinda Childs collabore avec Robert Wilson et Philip Glass, notamment autour de l’opéra Einstein on the Beach (1976-1983). Une salle est ainsi entièrement consacrée à ce travail commun, à l’aide là-encore de films d’époque, de note de travail des trois artistes ou des partitions chorégraphiques, qui se complexifient de plus en plus. Une troisième salle, réservée à la projection de films, permet d’ailleurs de mieux comprendre cette façon de noter le geste : une pièce est diffusée à gauche de l’écran, tandis que l’annotation correspondante s’anime à la droite. Une vision fascinante qui permet de mieux cerner la grande complexité des chorégraphies de Lucinda Childs, sous des apparences de simplicité.
L’exposition se poursuit à la Galerie Thaddaeus Ropac de Pantin, avec une grande salle consacrée à la collaboration entre Lucinda Childs et Sol LeWitt, qui donnera entre autres la pièce phare de la chorégraphe : Dance. Lucinda Childs propose un travail complexe, développant d’abord un système et une technique qui demande de chorégraphier, ensuite de noter. Puis elle passe à une méthode sérielle qui change le processus : il faut d’abord passer par les dessins. Cette grande vitrine comporte uniquement des annotations chorégraphiques de Lucinda Childs, et c’est fascinant. On ne peut pas à proprement parler de notation. Il s’agit plutôt une partition montrant le déplacement des danseurs et danseuses, sans évoquer autre chose comme la position des bras. Les partitions sont à voir du-dessus. Cela donne ainsi plusieurs points de vue sur la danse, principe qui est à la base de Dance. Une façon finalement claire pour comprendre toute la complexité du raisonnement de Lucinda Childs.
Exposition Lucinda Childs – Nothing Personal (1963-1989), jusqu’au 17 décembre 2016 au Centre National de la Danse de Pantin et jusqu’au 7 janvier 2017 à la Galerie Thaddaeus Ropac.