Benjamin Pech – Adieux à la scène le 20 février
Le Danseur Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris Benjamin Pech fait ses adieux à la scène le samedi 20 février, lors de la dernière représentation de la soirée Bel/Millepied/Robbins. Pour l’occasion, le programme est transformé : la pièce La Nuit s’achève de Benjamin Millepied est remplacé par In the Night de Jerome Robbins et le pas de deux du Parc d’Angelin Preljocaj. Benjamin Pech dansera dans ces deux pièces, la première avec Dorothée Gilbert, Laura Hecquet, Eleonora Abbagnato, Mathieu Ganio et Hervé Moreau, le deuxième avec Eleonora Abbagnato. Deux ballets et des Étoiles qui sont chers à Benjamin Pech.
Un pur danseur de l’Opéra de Paris
Pur produit de l’École Française, Benjamin Pech rentre à l’École de Danse à 12 ans, alors que l’établissement est dirigé par Claude Bessy et prépare son installation à Nanterre. Entré dans le corps de ballet à 18 ans, en 1992, il devient Coryphée en 1994, Sujet en 1997 et Premier danseur en 1999. Le 22 septembre 2005, le Ballet de l’Opéra de Paris est en tournée en Chine. Ce soir-là, Benjamin Pech danse Albrecht dans Giselle et Frederi dans L’Arlésienne de Roland Petit. Il est nommé Danseur Étoile à l’issue de la représentation.
Si Benjamin Pech a dansé plusieurs grands rôles classiques (certain.e.s peuvent encore vous parler de son Don Quichotte), c’est surtout dans le répertoire néo-classique qu’il s’illustre. Il danse ainsi dans de nombreux ballets de George Balanchine (Le Fils prodigue, Symphonie en ut, Concerto Barocco, Joyaux, Sonatine), de Jerome Robbins (In the night), devient l’un des interprètes phares de Maurice Béjart (IXe Symphonie, Le Concours, L’Oiseau de feu) ou de Roland Petit (Notre-Dame de Paris, Clavigo, Le Loup, Le Jeune homme et la Mort, Proust ou les intermittences du coeur, Le Rendez-vous). Il danse aussi dans les ballets néo-classiques entrés récemment au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, comme La Dame aux camélias de John Neumeier ou Onéguine de John Cranko. Il participe aussi à plusieurs créations de Mats Ek.
Une carrière en dents de scie
Mais malgré ce riche répertoire, Benjamin Pech a eu du mal à se faire une place dans le coeur d’un large public. Il est d’abord l’Étoile typique de Brigitte Lefèvre. Jeune danseur brillant, il est pourtant nommé Étoile tardivement (après 30 ans). L’interprète peut aussi avoir un côté assez froid et distant sur scène. Une fois Étoile, il délaisse petit à petit les grands rôles classiques et bute devant des blessures de plus en plus sérieuses. Le danseur a été ainsi très peu présent en scène ces cinq dernières années, et toute une jeune génération ne l’a finalement que peu – ou pas du tout – connu.
Depuis l’arrivée de Benjamin Millepied, Benjamin Pech avait toutefois trouvé de nouveaux rôles dans les personnages de caractère (faisant plus appel au jeu qu’à la danse), comme Monsieur de G.M. dans L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan, où il s’était illustré. Son départ se fait d’ailleurs sur un ballet où il ne danse pas – Tombe de Jerôme Bel – mais qui évoque le ballet qui l’a vu nommer Étoile : Giselle.
Et après ses adieux ?
Benjamin Pech est pour l’instant resté flou sur son avenir, même s’il semble plutôt évident qu’il aimerait se diriger vers la direction. Tôt dans sa carrière, Benjamin Pech a en effet fondé Étoile Gala, une série de spectacles au Japon pendant l’été. Il est le directeur artistique de ces spectacles, réunissant des Étoiles comme Eleonora Abbagnato ou Hervé Moreau, ainsi que de jeunes talents qui le sont devenus depuis. Ces spectacles ne sont pas de simples galas, mais comprennent aussi de véritables créations, comme Les Trois mousquetaires de Pierre Lacotte en 2010. La prochaine édition d’Étoiles Gala aura lieu à l’été 2016.
Plus récemment, Benjamin Pech avait postulé pour dirigé le Ballet de Marseille, sans succès. Il s’était rapproché de la direction avec Benjamin Millepied, occupant le poste assez flou de « collaborateur artistique du Directeur de la Danse ». Avec le départ de ce dernier et l’arrivée d’Aurélie Dupont, il devrait a priori quitter cette position, aucune allusion au danseur n’a en tout cas été faite.
Catherine
Benjamin Pech aurait été nommé en lieu et place ou avec Laetitia Pujol, le soir où celle-ci a été nommée, sa carrière aurait été différente. Benjamin Pech était un brillant technicien, avec de l’élégance et surtout le jeu qui manquait parfois à son mentor Manuel Legris.
Je me souviendrai encore du jeune Benjamin dans Arcades d’Attilo Labis qui remontait toute la scène de Garnier en portant sa partenaire sur un bras, Mélanie Hurel peut-être, je ne suis plus sûre. Mais bon il aurait mérité plus de reconnaissance de la part du public aussi.
Une belle étoile quitte l’Opéra en tout cas.
Amélie Bertrand
@ Catherine : Je vous attendais pour cette anecdote ;). Sa nomination tardive l’a empêché d’avoir la reconnaissance du public actuel. Personnellement, je l’ai très peu vu danser, et il ne m’a pas forcément laissé de grands souvenirs.