François Alu : “J’ai toujours la même soif de danser”
La saison qui s’achève avait démarré avec un bref mais magistral solo de François Alu dans le magnifique The Seasons’ Canon de Crystal Pite. Puis l’on avait guetté avec intérêt le Rothbart du Premier danseur dans Le Lac des Cygnes de Rudolf Noureev en décembre à l’Opéra Bastille. Depuis, ses apparitions furent plus rares. Nous avions très envie chez DALP de voir où en était la carrière d’un des danseurs les plus charismatiques du Ballet de l’Opéra de Paris. À 23 ans, François Alu a toujours la tête pleine de projets et une soif de danser intacte. Le public parisien pourra d’ailleurs le constater cet automne avec le spectacle Hors Cadre, monté par la compagnie 3e Étage et dont François Alu sera la tête d’affiche au Théâtre Antoine les 8 et 14 octobre. De cela et de bien d’autres choses, nous avons parlé avec lui entre deux répétitions du gala Maïa Plissetskaïa, où il était invité.
Vous venez de participer au gala Viva Maïa. Pendant les répétitions, vous aviez un rôle un peu inhabituel : alors que les autres danseur.se.s répétaient leurs variations, vous étiez dans le rôle du metteur en scène et du chorégraphe pour danser La Sylphide revisitée, une pièce que vous avez créée il y a trois ans, Vous sembliez très à l’aise. Vous avez envie de développer cet aspect dans votre carrière ?
Oui, complètement. C’est vrai que ce n’est pas très habituel, parce que la plupart du temps, je suis tout de même plus danseur que chorégraphe. Lorsque j’ai créé cette pièce, j’ai été épaulé par Samuel Murez, le directeur de 3e Étage, une compagnie qu’il a fondée en 2006. J’ai été très influencé par son travail. Il m’a beaucoup aidé, c’est lui qui a fait mes lumières au début. J’ai commencé à m’y intéresser et à me familiariser avec ce vocabulaire technique : savoir ce qu’était un latéral, un contre, un rasant, un parapluie, comment créer des ombres avec un sens esthétique… J’ai développé un goût pour ça et j’aimerais bien en faire de plus en plus. En tant que danseur, j’adore partager avec le public. Et plus le temps passe, plus ma connexion avec les gens est quelque chose d’important, aussi bien ceux qui sont sur le plateau que dans le public. Et je trouve que faire les mêmes pas de deux tout le temps, cela peut devenir rébarbatif. Je pense qu’en tant qu’artiste, on se doit de faire vivre des univers autres que celui de Giselle ou du Lac des Cygnes, bien que ce soit des ballets magnifiques. Là, je travaille sur un autre projet, je suis en train d’écrire l’histoire, j’essaye de développer la musique. C’est quelque chose qui ne se fera pas demain car c’est un processus long. Mais mon but est de pouvoir parler au public des différents problèmes d’aujourd’hui : que ce soit des choses qui se passent dans le monde ou de problèmes plus anodins, mais que l’on a envie de partager avec les gens. J’aime beaucoup danser les classiques mais on y reste dans un langage millimétré. J’ai envie aussi d’enrichir ma danse et mes chorégraphies avec d’autres influences comme le hip-hop par exemple. En tout cas, c’est certain, la chorégraphie est quelque chose qui m’intéresse.
Dans quel cadre vous voyez-vous développer ce travail de chorégraphe ?
Principalement avec 3e Étage car j’adore travailler avec Samuel Murez. J’apprécie beaucoup la manière dont il gère cette structure. Tout le monde est traité avec respect, le fonctionnement est clair et transparent. C’est un peu un microcosme idéal. Je suis quelqu’un qui demande toujours : “Pourquoi ?“. Quand j’étais petit, quand ma mère me proposait d’aller me promener, je ne répondais pas oui ou non mais “pourquoi“. Et dans 3e Étage, il y a toujours une réponse aux questions. On ne fait jamais les choses de façon vaine. Il y a de la place pour chaque individualité et pour des visions artistiques qui peuvent parfois diverger. On est aussi contre le gaspillage et pour l’optimisation de chacun.e, et cela passe par beaucoup de communication en interne. Il y a plein de valeurs comme ça que j’apprécie énormément dans cette compagnie, des valeurs humaines aussi, d’entraide et de générosité. C’est donc un cercle professionnel mais aussi un cercle humain. Cet esprit de communauté, c’est quelque chose qui me parle beaucoup. Car seul, on n’arrive à rien.
Dans ma vie d’artiste, c’est toujours en dehors du cadre et des limites que j’ai fait de vraies rencontres.
Et quel est votre prochain projet avec cette troupe ?
J’organise avec 3e Étage un spectacle intitulé Hors Cadre dont je serai la tête d’affiche. Ce sera au Théâtre Antoine à Paris les 8 et 14 octobre prochain. Je veux travailler sur tout ce qui se passe en dehors du cadre parce que c’est quelque chose qui me tient à cœur. J’ai toujours beaucoup de mal à rester à ma place, et tout ce qui est fermé et rigide m’oppresse, j’ai envie d’exploser les murs. Dans ce spectacle-là, je ne chorégraphierai pas, ce seront des créations de Samuel Murez, mais c’est un travail de collaboration constante entre lui et les interprètes. Il y aura du théâtre, de la danse classique, de la danse contemporaine, du hip-hop pour poursuivre mon travail avec Simon Le Borgne (ndlr : jeune danseur du corps de ballet de l’Opéra de Paris). Ce sera un spectacle assez éclectique et j’avais vraiment envie de le faire pour dire ce qui se passe en dehors du cadre. Car dans ma vie d’artiste, c’est toujours en dehors du cadre et des limites que j’ai fait de vraies rencontres. C’est d’ailleurs quand il y a une vraie rencontre, un réel échange personnel, que j’évolue dans mon travail et que je trouve de nouvelles facettes, que ce soit techniquement ou dans l’interprétation. C’est aussi hors du cadre que je suis poussé à me remettre en question, que ce soit sur le plan artistique, intellectuel ou humain. Je suis en quête de ces instants magiques. Et c’est ce que j’ai envie de partager avec un public parisien que j’apprécie beaucoup, ce public qui suit mon travail et avec qui j’ai vécu de très beaux moments au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille. Je veux montrer ce qui se passe quand je ne suis plus enfermé dans un cadre, quand je peux être pleinement moi-même.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui au Ballet de l’Opéra de Paris ?
Cela fait sept ans que je suis à l’Opéra de Paris. J’ai eu la chance de danser déjà pas mal de rôles classiques, j’ai eu le privilège de collaborer avec des chorégraphes contemporains et j’adore ça. C’est vrai que j’ai encore envie de faire de grands rôles classiques. J’en ai fait quelques-uns mais il m’en reste encore beaucoup à faire : Giselle, Le Corsaire, Spartacus, Casse-Noisette et j’en passe. Je voudrais aussi reprendre des rôles comme Basilio dans Don Quichotte, Siegfried dans Le Lac des Cygnes ou Solor dans La Bayadère pour pouvoir approfondir ce que j’ai proposé. J’ai aussi envie de continuer à faire des créations contemporaines. Je vais tout faire avec la nouvelle Directrice de la Danse Aurélie Dupont pour que tout cela soit compatible, car j’ai une immense soif de danser. J’ai évoqué avec elle la possibilité que je puisse trouver un épanouissement à l’Opéra de Paris et ailleurs pour danser ces grands rôles classiques et continuer à faire des créations contemporaines.
Mais on ne vous a pas vu beaucoup danser cette saison. Il y a eu la création de Crystal Pite, puis vous n’avez pas beaucoup été distribué, et pas dans des rôles importants.
Malheureusement au Ballet de l’Opéra de Paris, je ne peux pas me distribuer moi-même, sinon j’aurais vraiment beaucoup dansé ! On ne peut pas faire partie de la ligne artistique de chacun.e, cela je l’entends, même si cela peut être décevant. Je fais tout pour ne pas rester replié sur moi-même même si ce n’est pas évident tous les jours… Je me dis que c’est un moment plus difficile pendant lequel il faut continuer à travailler, à créer, à innover. Je lance mon nouveau spectacle et je participe à des galas internationaux. Il est évident que, si je n’ai plus ces possibilités-là, je partirai, avec évidemment de la tristesse et de la déception. Mais je reste aussi optimiste par rapport à l’avenir : parfois, il faut un peu de temps pour que les gens apprécient ce que l’on propose quand ce n’est pas tout à fait ce qu’ils attendaient… Tant que je danse, que je suis dans la création, que je crée ou que l’on crée sur moi, je suis heureux. J’ai toujours envie de raconter des histoires, pour moi c’est le noyau de tout. C’est vrai aussi que, dans les grands ballets classiques, il y a beaucoup de challenges techniques et il faut que j’en profite aujourd’hui, en pleine possession de mes moyens physiques. De nombreux danseurs me disent qu’à 30 ans, même si on peut toujours danser ce répertoire, les douleurs sont plus présentes. J’espère donc interpréter ces rôles le plus possible pendant que je suis au top de ma forme.
Don Quichotte est à l’affiche de la saison prochaine et vous avez déjà dansé Basilio à l’Opéra Bastille et au Japon. Vous auriez donc envie de reprendre le rôle ?
J’adorerai ! C’est le ballet qui m’a fait commencer la danse. C’est quand j’ai vu Patrick Dupond danser Don Quichotte qui j’ai voulu devenir danseur à l’Opéra. C’est une œuvre que j’apprécie beaucoup et j’aimerais vraiment la danser de nouveau. J’ai plein d’idées sur les choses que je pourrais améliorer et approfondir par rapport aux représentations précédentes.
Dans ces périodes de doute où vous êtes moins distribué, avez-vous pensé aller voir ailleurs ou est-ce que l’Opéra de Paris est trop dans votre ADN ?
J’ai eu la chance d’avoir un peu de temps libre récemment et j’en ai profité pour faire des galas à l’extérieur. Je rencontre plein de danseur.se.s fabuleux.ses, plein de nouveaux artistes de façon générale. La rencontre humaine compte de plus en plus pour moi. C’est une chance de parler avec des danseur.se.s internationaux et d’évoquer leurs expériences. Certains sont dans des compagnies, d’autres en free-lance, ils parlent tous de leurs avantages et de leurs contraintes. Et c’est très enrichissant car du coup, on se demande comment soi-même orienter sa vie. En tout cas, pour moi, bouger de temps en temps est quelque chose qui me plaît beaucoup. J’envisage de pouvoir partir l’espace d’un mois ou deux, puis de pouvoir revenir, puis repartir. Ce serait l’idéal pour moi : avoir une base, servir ma maison qu’est l’Opéra de Paris et aller aussi passer du temps comme invité avec d’autres compagnies. Les propositions que j’ai eues pour l’instant me font penser que cela pourrait être possible. En tout cas, j’ai une vraie attache au public parisien. Mais si je ne suis plus épanoui, cela ne sert à rien que je continue ici, parce que ce métier est très court et j’ai envie de pouvoir l’explorer au maximum durant mes jeunes années.
La pire façon de me booster, c’est de tenter de me détruire de me dire : “Tu es nul !“. J’ai besoin au contraire que l’on me pousse. Je sais que je dois travailler, améliorer plein de choses. Mais dans ce métier où l’on a toujours les tripes à l’air, on a besoin de chaleur et d’affection
Ce serait possible de rester à l’Opéra de Paris mais de s’en absenter plusieurs semaines ?
Je souhaite que cela puisse se faire, j’espère qu’Aurélie Dupont me laissera faire. Je pense honnêtement qu’elle n’est pas contre. Elle comprend ma position. Cela ne s’est pas beaucoup fait à l’Opéra de Paris. Pour l’instant rien n’est fait, mais j’espère vivement que cela pourra se faire. Mon objectif, c’est d’être l’artiste le plus complet possible, et d’essayer d’évoluer sans cesse, et d’apprendre. Car quand on stagne, on devient blasé et c’est là que l’on commence à déprimer, c’est là que l’on peut faire de mauvais choix de vie et je n’ai pas envie de cela. Et dans ce schéma, 3e Étage est fondamental pour mon équilibre mental et artistique.
Vous semblez avoir été la victime indirecte de cette crise quelque peu chaotique l’an dernier à la direction du Ballet de l’Opéra de Paris. Vous étiez sur une pente ascendante, très apprécié du public, très médiatisé, tout le monde attendait un titre d’Étoile qui n’est finalement pas venu. Vous le déplorez ?
Tout dépend du point de vue que l’on adopte. C’est vrai que cette descente a été assez abrupte. Quelles sont les raisons exactes ? Je pense que chacun.e peut se faire son idée. Je n’aime pas cracher sur le dos des gens, l’on sait ce qui s’est passé. Je le regrette. Je déplore que cela se soit aussi mal passé et je pense que c’est terrible de ne pas pouvoir faire la distinction entre professionnel et personnel. Après, j’essaye de ne pas focaliser mon énergie là-dessus parce que c’est néfaste et destructeur. La pire façon de me booster, c’est de tenter de me détruire de me dire : “Tu es nul !“. Moi, j’ai besoin au contraire que l’on me pousse, que l’on me donne de l’élan. Je sais que je dois travailler, améliorer plein de choses. Mais dans ce métier où l’on a toujours les tripes à l’air, on a besoin de chaleur et d’affection quand on nous coache. Je ne vais pas mentir, cette pente descendante a été très désagréable à vivre. Mais aujourd’hui, j’ai regagné cette confiance. Je suis de nouveau dans les starting-blocks prêt à bondir !
Mameuh
Donc en gros, la nouvelle direction de la danse ne sait que faire de lui.
Entre les lignes, il ne sera jamais étoile.
Qu’il aille voir ailleurs, ou il sera un de ces nombreux talents gâchés qu’affectionne la soit disant meilleure compagnie du monde !!!
Alain
Merci pour cet entretien très intéressant. Concernant sa dernière réponse : parle-t-il de Millepied ou Dupont ?
Maminon
Je suis d’accord avec les deux précédents commentaires et n’ose pas comprendre……
Y a t’il inimitié entre François Alu et Aurélie Dupont et, si oui, quelles en sont les raisons ?
Elisabeth
C’est tout de même malheureux de constater un tel gachis.
J’espère vraiment pouvoir admirer M. Alu en Basilio cet hiver à Bastille.
Agripaume
Moi qui ne suis pas du tout les intrigues, je suis perdue … Pourquoi, oh pourquoi faire payer à François Alu ce qui s’est passé ? D’autres danseurs mis en avant par l’ancienne direction ont toujours le vent en poupe. Pourquoi pas lui ? Je ne comprends pas.
dalhia
Il y a un problème de casting des directeurs de la danse qui n’ont pas assez de recul par rapport à leur expérience personnelle de danseur/se et à leur égo.
C’est bien gentil d’avoir une belle image pour les médias mais c’est un job qui nécessite une prise de distance et qui ne s’improvise pas.
ni BM ni AD n’etaient en l’état de leur carrière taillés pour le poste
Marie D.
Qu’il parte et aille briller ailleurs ! Il ne faut pas que les danseurs aussi talentueux que lui gâchent leur carrière et leur talent à cause des états d’âme d’une direction vieillotte vivant sous un ancien régime obsolète !!! Le “prestige” d’une institution est une chose, l’épanouissement d’un artiste en est une autre. M. Alu a tout ce que l’on attendre d’une étoile (contrairement à d’autres) mais il n’a malheureusement rien à se mettre sous la dent, surtout dans le classique… Il devrait partir et aller briller dans une compagnie comme celle d’une Tamara Rojo, dynamique avec des programmations intéressantes et ambitieuses; lui offrant des opportunités et des projets à l’international …
Mameuh
Je vous rejoint à 200%. Qu’il parte maintenant, cet été, et vite.
Il ne sera plus jamais aussi bien distribué. Je pense que sa vie privée a empiété sur celle de l’ONP, et l’ONP prendra toujours parti pour ses “étoiles”, donc là clairement, pas lui.
Il est un danseur qui ne collera jamais au moule. Qu’on ait promu un Marchand ou un Louvet avant lui le prouve : on préfère les danseurs “racés” mais pas les danseurs “typés” et “puissants”.
Il gagnerait tellement à aller voir un Ethan Stieffel … Et la méthode “américaine” lui apprendrait à ne pas être autant blessé.
Enfin bref, le gâchis se profile et ça me fait mal au cœur. C’est le premier danseur qui me fait envie depuis Leriche …
Et ce qu’il dit de la maison opéra ne me choque pas plus que ça …
Marie D.
@Mameuh je suis d’accord avec vous, il n’y a rien de choquant à dire ce qu’il dit. Il reste poli et est beaucoup moins agressif que Mlle Froustey par exemple dans une interview après son dernier concours de promotion. Si les danseurs ne peuvent pas s’exprimer à cause d’encourir le risque d’être “puni”, cela s”appelle un régime dictatorial. Ceux qui justifie ce système là au nom des traditions etc… sont complètement à coté de la plaque.
L’Opéra de Paris n’est pas le centre du monde, la danse évolue, mais visiblement pas l’institution parisienne …
Lili
Merci pour cette très intéressante interview. Il est clair que sa position est compliquée, d’ailleurs on sent qu’il tente de “mettre la pression” sur l’ONP dans cette interview, comme dans d’autres, et comme d’autres danseurs de l’ONP dans les médias. C’est triste d’en être là en termes de fonctionnement.
Je finis par me demander pourquoi il ne part pas, clairement il l’envisage et semble rêver d’un “temps partiel” qu’il n’obtiendra jamais. Je suis plus pessimiste que lui sur ce point la direction n’a pas intérêt à créer un précédent avec ce type de fonctionnement. Au moment où E. Thibault prend sa retraite, c’est un même type de gâchis qui se profile. Un danseur qui se revendique “hors cadre” est quand même peu adapté au fonctionnement de l’ONP, plus encore en ces temps de directrice en mode “c’est moi la chef, tous en rang, la bonne étoile est l’étoile disciplinée”
Après, a-t-il eu des propositions sérieuses ailleurs? Cela semble peu probable. La danse masculine ne manque pas de grands talents en ce moment, y compris à l’ONP (il est certes une étoile même sans le titre, mais Louvet et Marchand méritent aussi leur titre), je doute que malgré son grand talent il soit sollicité à l’international…
Bref le Don Quichotte sera le test, s’il est pas ou peu distribué, les choses seront claires. Mais quel gâchis !!!!
Marie D.
@Lili: M. Louvet est relativement décevant pour le moment, ce n’est pas ce que l’on attend d’une étoile. (trop vert, pas assez de personnalité sur scène ). A New York, seul M. Marchand semble “briller” avec Mlle Gilbert, le reste de la compagnie se faisant démonter à différent degrés.
Je ne pense personnellement pas que M. Alu aurait du mal à s’imposer à l’étranger. L’ENB, la compagnie qui a depuis quelques année une ascension fulgurante, s’intéresse à lui (comme à Mlle Bourdon d’ailleurs). Je ne pense non plus pas qu’il aurait trop de mal à se faire une place dans une des principales compagnies américaines…
Pour le reste de votre commentaire, je suis entièrement d’accord avec vous.
Habanita
Bonjour,
Je m’interroge également depuis un moment sur la raison pour laquelle François Alu n’est pas nommé Etoile. Pensez-vous qu’il existe un problème d’inimitié avec l’actuelle directrice de la danse? Un problème avec l’ancien directeur de la danse qui le poursuit toujours (on s’attendait à une nomination sur la série de La Bayadère…)? à quoi vous référez-vous Mameuh en faisant allusion à sa vie personnelle? Je lis sur plusieurs forums et blogs un éventuel départ dans la compagnie de Tamara Rojo.. Pensez-vous enfin que si François Alu n’est pas distribué sur le rôle principal de Don Quichotte cet hiver cela sonne le glas?
Merci
Marie D.
Il semblerait qu’il y ait eu quelques accrochages entre Dupont et François Alu par le passé, mais tout ce que je peux à peu prêt affirmer, c’est qu’il n’est pas le style de danseur qu’elle veut mettre en avant. Elle préfère visiblement les danseurs parfois un peu lisse, “beau” (enfin tout est très subjectif), allure de prince etc… Il semblerait qu’il ait eu aussi quelques accrochages avec Millepied ( mais cela est d’ordre perso, je ne me permettrais pas d’écrire des choses de la sorte, surtout que ce ne sont que des rumeurs…). Enfin, l’année dernière, Tamara Rojo a annoncé qu’elle souhaitait recruter des solistes/principal danseurs pour danser avec l’ENB. Il semblerait encore qu’elle ait approché quelques danseurs de l’Opéra de Paris
Agripaume
L’ENB est une très belle compagnie, Tamara Rojo lui donne une dynamique intéressante. François Alu y serait une star !
Lili
Apparemment F. Alu n’a pas présenté sa candidature lors de l’appel un peu général que T. Rojo a fait. Peut-être qu’à l’époque il espérait encore pouvoir arriver à ses fins à l’Opéra….
Audrey
La nomination de Germain Louvet avant celle de François Alu (et dans une moindre mesure, celle d’Hugo Marchand) était incompréhensible. Certes c’est un beau danseur avec de belles lignes et un partenaire qu’on sent plein de qualités mais il est en scène beaucoup trop “vert” pour les rôles principaux. Et son jeu de scène est des plus réduits contrairement à d’autres… (suivez mon regard). On sentait tellement son stress en scène dans la Sylphide qu’on en avait mal pour lui. Il aura un jour, mais n’a pas encore, la carrure d’une étoile.
Alors que, même s’il a une marge de progression dans certains domaines (le partenariat n’est pas toujours son fort, mais ça ne doit pas être facile pour une personnalité comme la sienne :)), François Alu EST une étoile, dans sa présence, sa technique, son jeu.
Ce serait un crève coeur que de voir François Alu partir de l’Opéra mais s’il ne peut y exprimer pleinement son talent, il faut absolument qu’il profite d’opportunités ailleurs.
A mon avis ce serait une grosse erreur de gestion de la part d’Aurélie Dupont (et une énorme perte pour nous).
Major
C’est vrai qu’il est charismatique,et qu’il tente d’être “frais” dans ses interprétations des classiques,deux faits très convaincants.Pour moi son physique n’est pas un sujet, par contre son besoin irrépressible d’attirer les regards sur lui et uniquement sur lui pose problème.A sa place,je me demanderai pourquoi j’ai des ennuis avec deux directions (minimum).Regardez le premier pas de deux en blanc de la Bayadère (où il danse magnifiquement),il en fait tellement que l’on voit à peine MOB et le partenariat technique en souffre aussi.Il est pour l’instant trop plein de lui-même et devrait se remettre en question.
Le dernier paragraphe évoque les problèmes avec BM, qu’il avait commenté publiquement d’ailleurs et je serai très étonnée qu’il renonce au confort de l’ONP,malgré ce qu’il dit.Surtout qu’il se blesse régulièrement.
Mireille
Les vrai étoiles brillent, sont uniques. M. Heymann n’est pas le meilleur partenaire qu’il soit, M. Kimin Kim en Russie non plus, pourtant ce sont des étoiles reconnues qui ne laissent jamais une salle indifférente. Pour ses blessures, il serait parfait dans une compagnie américaine qui arrive mieux à agir ce genre de problèmes.
Elisabeth
Justement.
Partir (vite, tant qu’il le peut physiquement) lui permettrait de travailler de façon à diminuer le nombres de blessures. Le nombre de blessures à l’ONP devrait interoger depuis longtemps.
Une blessure, ça arrive. Des blessures à répétition indiquent clairement un gros problèmes.
katharine kanter
Ne connaissant rien de M. Alu sauf ce que l’on voit sur scène, il me semble qu’il a du pain sur la planche s’il souhaite, encore, devenir un grand danseur classique. Sa situation n’est nullement comparable à celle de M. Thibault, autre danseur de demi-caractère parmi les tout meilleurs danseurs CLASSIQUES des derniers trente ans. En Russie, et en Angleterre, on voit des gens dans le même emploi de demi-caractère que M. Alu qui vont beaucoup plus loin. Quel que soit l’emploi dans le classique – noble, demi-caractère ou caractère – il faut connaître et aimer, vraiment, la musique classique, tout en creusant le problèmes de technique et de jeu de scène que nous avons tous. M. Hugo Marchand a un physique difficile – très grand, ossature imposante avec toutes les contraintes que cela entraîne pour la vitesse et la batterie – et pourtant il creuse et il y arrive. Pour l’instant ce n’est pas le cas de M. Alu. Il y a la profession de Showman, qu’il maîtrise bien, et celle de danseur classique – qui est tout autre chose.
Mimi
Quel commentaire presque méprisant vis à vis d’un danseur que vous n’aimez visiblement pas et que vous n’avez apparemment pas vu dans les bons rôle. Son Solor (rôle difficile techniquement) prouve qu’il est tout à fait capable de danser de grands rôles classiques. FA pourrait être au sommet en classique si il était distribué, ce qui n’est pas le cas. On lui demande d’être un danseur, c’est ce qu’il est. Et même en étant sous distribué, il brille et il ne change pas la chorégraphie ( ce que beaucoup de danseurs de l’opéra de paris font, trop faibles techniquement ). Oui il n’a pas le physique d’un germain louvet ( qui a beaucoup d’autres défauts), et alors ? Je ne vois pas qu’est ce qu’il pourrait envier à H Marchand ou E. Thibault. FA est un artiste, il a de la personnalité et toutes les qualités pour être LA star de la compagnie, mais bon à cause d’une direction à coté de la plaque, il ira briller ailleurs comme Mathilde Froustey.
Jean frederic saumont
Madame Kanter a toujours eu une vision de la danse très segmentante pour ne pas dire sectaire : elle est de celles et ceux qui ont mis en cause les qualités techniques et artistiques de Sylvie Guillem, ballerina assolutta qui n’a plus besoin depuis fort longtemps de savoir ce que nous pensons les uns et les autres. Quant à François Alu, c’est un danseur qui -l’interview le montre- sait se remettre en question et évoluer. Si l’on vous suivait, nous n’aurions que des personnalités fades sur scène. Francois Alu illuminé la scène et prend la lumière. C’est un danseur racé que j’aime voir aussi bien dans le répertoire classique que dans les créations contemporaines. Après, les coups et et les douleurs?! Ah non, pardon:les goûts et les couleurs!…
Iris
La tristesse de la situation, gâcher un tel talent et priver sa compagnie d’une pépite. Il suffit de regarder ne serait-ce que sa variation d’Etudes lors de son concours de promotion sujet: aisance, technique, charisme, déjà tout était là, à l’état brut. Son Siegfried était incroyable (ma mère, ancienne danseuse du ballet du marquis de Cuevas l’y découvrant s’exclama: “je retrouve Noureev sur scène”, bon elle a 76 ans mais quand même :). On n’avait pas vu un danseur comme lui depuis Nicolas Le Riche.
Alors certes il a un côté “actor studio” qui ne fait pas ONP, il gagnerait à en faire moins, mais de là à le mettre au placard il y a qqchose qui m’échappe.
Non l’ONP en cela est une institution très française et privilégie les bons petits soldats, il faut rentrer dans le moule, caresser la politique et les egos, on n’aime pas les électrons libres (quoique la directrice en d’autres temps avait fait nommer Jérémie Bélingard, pas vraiment dans le rang, ce qu’il a reconnu lui même lors de ses adieux, mais bon…..).
Alors de la même façon que l’Angleterre a eu Sylvie Guillem, on verra peut être partir François Alu – et franchement ce serait mieux pour lui si la tendance ne s’inverse pas – et nous on le suivra de loin.
Heureusement il y a Paul Marque pour la technique et la présence, le côté cadré en plus, oui, bon compromis pour l’ONP (et Hugo Marchand, mais c’est différent)
Lili
Tellement d’accord avec vous !!! AD semble encore plus portée sur la discipline. Et je crains que F. Alu ne paye cher cette interview. Après, je commence à m’interroger sur son rapport au groupe à l’ONP. Quelque soit le tempérament de Alu, quand on est membre d’une compagnie, il faut savoir s’intégrer au groupe, jouer un minimum le jeu du collectif. Même si l’ambiance à l’ONP semble assez loin de la franche camaraderie que peut-être Alu trouve dans 3e étage, hélas.
Cependant F.Alu semble un peu aussi “en marge” du groupe, et ce même du temps où il était au sommet. Actuellement il admet que c’est difficile et je le comprends, mais je crains que ça ne soit pas seulement une question de circonstances. Je ne sais pas jusqu’à quel point on peut promouvoir un danseur avec qui les autres n’ont pas envie de partager le travail (sans parler de la scène). Comme dans tout groupe, être différent ne devrait pas être un problème, mais être en marge est toujours compliqué à gérer, pour tout le monde. Après tout, dans tous les domaines il y a des gens heureux dans les grosses boites et d’autres dans les PME voire les Start-up. Supputations certes mais il y a quelques indices qui me semblent probants.
Lemoine
François ALU est HORS NORME donc HORS CADRE…je n’ai pas 76 ans,seulement 55 et moi aussi j’ai trouvé une personnalité et un talent à la Noureev (cf Iris). Un public de connaisseurs ne va pas qu’à l’ONP.Il y a bien d’autres scènes pour nous combler.J’ai suivi Melle Guillem dans tout l’hexagone et parfois même en Europe,comme eux il faut parfois nous bouger.