[Photos] Retour sur la saison 2016-2017 du Ballet de l’Opéra de Paris
De La Belle au bois dormant d’Alexeï Ratmansky à l’Opéra Bastille à La Sylphide de Pierre Lacotte au Palais Garnier, le Ballet de l’Opéra de Paris a connu une saison aux plaisirs divers et variés, menée pour la première année par Aurélie Dupont.
Retour en images sur les moments forts de la saison 2016-2017 du Ballet de l’Opéra de Paris :
Cette saison a très joliment démarré. D’abord avec la présence de l’American Ballet Theatre pour la merveilleuse relecture de La Belle au bois dormant par Alexeï Ratmansky. Le chorégraphe est non seulement allé au bout de son idée (on aime ou pas, mais reconnaissons ou moins qu’il n’a pas proposé une relecture tiède), mais a aussi proposé tout un chemin de réflexion sur notre rapport aux ballets du répertoire, la façon dont ils ont traversé les siècles, sans imposer de réponse. Très beau début de saisons aussi avec la superbe création The Seasons’ Canon de Crystal Pite, qui a enthousiasmé le public, les critiques et les artistes. L’installation de Tino Sehgal qui a démarré la soirée a laissé plus mitigé (certain.e.s ont adoré, d’autres détesté), les reprises d’In Creases de Justin Peck et Blake Works de William Forsythe sont passées gentiment.
Puis place à une soirée George Balanchine, reste d’une programmation Benjamin Millepied. Et se dire que l’Opéra de Paris a du mal avec ce chorégraphe ces dernières années. Mozartiana, Sonatine (en hommage à Violette Verdy) et Violin Concerto ont surtout été portés par de fortes interprétations individuelles, comme celles de Laura Hecquet, Dorothée Gilbert ou le joli couple Myriam Ould-Braham/Mathias Heymann. Même constat avec la soirée Jiří Kylián, qui a proposé Bella Figura, Tar and Feathers et Symphonie de psaumes. Peu avant s’était tenu le Concours de promotion, avec Sae Eun Park promue Première danseuse (même si cela ne s’est pas vraiment vu dans les distributions) ou la découverte de la toute jeune Camille Bon. La série du Lac des Cygnes a pour sa part montré un corps de ballet très en forme et uni, qui a offert une très belle série pour Noël. Les distributions des rôles principaux furent plus aléatoires, avec l’absence remarquée de François Alu ou Hugo Marchand, et encore une fois plusieurs blessures. Le couple Mathias Heymann/Myriam Ould-Braham a été à la tête de cette série, et pour de nombreuses dates alors que ces deux Étoiles ont la réputation d’être fragiles. Le duo est clairement le couple phare de l’Opéra de Paris aujourd’hui, impression confirmée plus tard dans la saison avec La Sylphide. Pour les nominations d’Étoiles, Aurélie Dupont a profité de cette série pour faire monter en grade Germain Louvet et Léonore Baulac, quand étaient plutôt attendus les deux Premiers danseurs nommés plus haut. Deux nominations qui ont fait débat sur les réseaux sociaux.
L’année 2017 avait bien démarré au Palais Garnier, avec le formidable Impressing the Czar de William Forsythe, porté par le non moins formidable Semperoper Ballett Dresden. Ce fut ensuite un long tunnel. Tree of Codes de Wayne McGregor a fait son escale à Paris, porté par Marie-Agnès Gillot formidable, quel dommage de ne pas l’avoir plus vu cette saison. Pendant que Hugo Marchand était nommé Étoile au Japon – une nomination qui a pour sa part créé un enthousiasme sans détour du public – la compagnie faisait entrer sans grande motivation Le Songe d’une nuit d’été de George Balanchine au répertoire. Un ballet qui ne manque pas de qualités, mais George Balanchine et l’Opéra de Paris, ça ne fonctionne plus décidément. Le spectacle de l’École de Danse a ranimé la saison, avec un programme ambitieux et dansé de main de maître, et la découverte de la jeune et déjà brillante Bianca Scudamore. Le Gala des Écoles du XXIe siècle a lui-aussi séduit, contrairement au Gala Hommage au rabais à Yvette Chauviré de la compagnie, une soirée riquiqui, sans ambition et visiblement très mal préparée. Place ensuite à deux soirées mixtes avec du bien et du moins bien, qui ont calmement plu sans déclencher un délirant enthousiasme : le programme Cunningham/Forsythe et la soirée Robbins/Balanchine/Cherkaoui.
Feu l’Académie chorégraphique de Benjamin Millepied… Sébastien Bertaud, Nicolas Paul, Bruno Bouché et Simon Valastro ont présenté leur création avec de véritables moyens derrière. Il y a eu du très fort, du plus raté, mais qu’importe : la volonté de laisser des chorégraphes maison créer, de leur donner de véritables possibilités artistiques, cela compte. Quel dommage que cette opportunité disparaissent. La troupe s’est ensuite coupé en deux (avec beaucoup qui n’ont rien eu à danser, il faut aussi le dire). D’un côté Drumming Live d’Anne Teresa de Keersmaeker, pièce superbe mais se pose la question de l’intérêt de cette entrée au répertoire. De l’autre La Sylphide de Pierre Lacotte, démarré un peu dans la douleur, mais qui fut au final une très jolie série à tous les niveaux. Hugo Marchand a dominé dans le rôle de James, montrant que, quelques mois à peine après sa nomination, il était devenue l’une des Étoiles emblématiques de la maison. Côté féminin, cette Sylphide fut le retour de Ludmila Pagliero, régulièrement blessée cette saison, qui a offert une superbe interprétation du rôle. Dommage que Dorothée Gilbert et François Alu – pour des raisons différentes – aient manqué à l’appel. La compagnie est enfin partie à New York où elle dansait Émeraudes pour les 50 ans de Joyaux de George Balanchine, et a fait face à un accueil très mitigé des critiques.
De façon générale, cette saison marquait la première en tant que directrice d’Aurélie Dupont. Elle a montré sa patte en nommant trois Étoiles pas forcément attendues. Elle a respecté sa parole en favorisant la hiérarchie dans les distributions, ce qui n’a pas toujours été pour le meilleur. Elle a proposé une prochaine saison sans grande ambition et un gala Hommage à Yvette Chauviré plus que décevant. Mais des Étoiles se sont aussi épanouies sous sa direction, et les deux séries classiques – Le Lac des cygnes et La Sylphide – ont été globalement de vraies réussites.
Léa
Quelle est la raison de l’absence de D. Gilbert sur la Sylphide? Ganio et elle ont été “ménagés” pour Joyaux?
Merci en tout cas pour cette synthèse, qui pourtant au final, montre une saison réussie, sans plus. L’an prochain s’annonce terne….. Même moi je vais finir par m’inquiéter vraiment pour l’ONP.
Yvana MARTIN
Cette programmation était celle de Benjamin Millepied
Et ce fut une magnifique saison
Marie D.
Pour ma part, la saison a été bien d’un certain point de vue, mais sans plus comme l’a écrit Léa. J’ai eu des surprises, mais pas forcément que positives. Beaucoup de deceptions dans les distributions qui étaient pour la plupart assez ennuyeuses : (très) belles pour la majorité, mais pas excitantes, contrairement aux distributions parfois étonnantes de Millepied, ( souvent intéressante et j’avais eu de très belles surprises ).
Côté positif, quelques belles créations et la nomination de Hugo Marchand, l’un des rares solistes parisiens avec Dorothée Gilbert à ne pas en prendre pour son grade actuellement à New York.
Marie D.
Grosse point négatif : la soirée Chauviré très onéreuse qui frisait le ridicule
Elisabeth
Ah non elle était ridicule!
Seul le défilé et le film ( avec l’orchestre raccord cette fois!) étaient regardables sans déplaisir.
Les point positifs de cette saisons sont la nomination de M. Marchand et la serie du lac. Et ce lac a tenu la route parce que déjà dansé très récemment.
Comme on dit en Russie :” pour savoir danser les ballets classiques, il faut danser les ballets classiques.”