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We are Monchichi – Wang Ramirez

Après Christian Rizzo et avant Emanuel Gat, c’est le duo Wang Ramirez qui s’essaye au délicat défi de créer une pièce spécialement pour le jeune public. Délicat, car il ne s’agit pas de prendre les enfants pour un sous-public, tout en leur proposant une pièce qui soit facile d’accès et sache les emmener tout de suite dans un riche univers chorégraphique. Wang Ramirez y réussit avec joliesse par sa pièce We are Monchini, un duo sur les multiples identités qui sont en nous, et comment la danse peut permettre de les faire évoluer ensemble. 

We are Monchichi – Wang Ramirez

Le thème de l’identité est au coeur du duo Wang Ramirez, formé par la danseuse Honji Wang – née en Allemagne de parents coréens, et de Sébastien Ramirez venu du Sud de la France. Depuis 2007, ils créent ensemble, à quatre mains, une danse hip hop réjouissante se nourrissant de multiples influences. L’une de leur pièce phare reste Monchichi, créée en 2011. C’est à partir de ce duo qu’ils ont créé cette saison We are Monchini, qui est un peu leur histoire – celle de deux personnes qui n’auraient pas forcément dû se rencontrer, même s’ils ne sont cette fois-ci pas sur scène. Les deux interprètes sont Marco Di Nardo et Shihya Peng. Lui est un danseur hip hop né à Naples qui vit à Berlin. Elle est née à Taïwan, de formation plus classique, et habite à Paris. Leur naissance, leur histoire, leur passé de danseur et danseuses sont différents. Pourtant sur scène, ils dansent ensemble, faisant de leur singularité l’originalité de leur duo.

Un thème dont le jeune public est proche et dont il peut être confronté au quotidien dans sa classe, abordé ici avec humour. Pour une facilité d’accès, le duo utilise la parole, avec quatre scène plus théâtrales rythmant l’heure de danse. Chacun.e y raconte, plus ou moins dans sa langue, son parcours, ses petites anecdotes, ce qui l’a construit. “Monchichi” qui donne le titre au spectacle est ainsi le surnom que Monsieur Dubois, le voisin de Shihya Peng, lui donne, petite goutte de plus à un racisme dont on ne sent même plus compte. Entre ces scènes, la danse évidemment, entre solos et duos. Le style n’est pas le même – hip hop contemporain pour l’un, gestuelle plus classique mais d’où l’on devine parfois les arts martiaux pour l’autre. Mais c’est avec ça qu’ils s’apprivoisent. Si la parole met en exergue leur parcours personnel, la danse est ce qui les rapproche, ce qui transforme deux individualités en un vrai duo de scène. Chacun est ainsi un peu de son côté, avant de se rapprocher, puis de laisser leur danse se mélanger.

We are Monchichi – Wang Ramirez

En une heure, l’on passe ainsi de passages virtuoses à des anecdotes ironiques, de solos personnels à quelques petites réflexions sur les identités. Le tout avec poésie et imagination pour laisser aussi l’esprit imprimer ce qu’il veut sur la danse. Preuve de la réussite : le silence dans la salle pourtant remplie d’enfants et d’adolescent.e.s, dont il s’agissait pourtant pour certain.e.s du premier contact avec la danse. 

 

We are Monchichi de Wang Ramirez à la Maison de la Danse de Lyon. Avec Marco Di Nardo et Shihya Peng. Mercredi 17 octobre 2018. 

 



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