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Retour à Montpellier Danse avec Bacchantes de Marlene Monteiro Freitas et Autoctonos d’Ayelen Parolin

Après les Pièces de New York d’Angelin Preljocaj et TENWORKS (for Jean-Paul) d’Emanuel Gat, nouvelle escale à Montpellier Danse chez DALP pour découvrir le travail de deux jeunes chorégraphes montantes de la scène contemporaine : Marlene Monteiro Freitas et Ayelen Parolin. Une rencontre en demi-teinte.

Bacchantes – Prélude pour une Purge de Marlene Monteiro Freitas

Cap-verdienne installée à Lisbonne, passée par P.A.R.T.S. (l’école bruxelloise d’Anne Teresa de Keersmaeker), puis chez Boris Charmatz ou Tânia Carvalho, Marlene Monteiro Freitas est une jeune chorégraphe en vogue depuis son solo Guintche, créé en 2010. Grimaces spectaculaires, animalité, sauvage étrangeté, maquillages carnavalesques constituent une grande part de son exubérant univers. Pour écrire son nouveau spectacle co-produit par Montpellier Danse, Bacchantes – Prélude pour une Purge, elle a bénéficié d’une résidence de trois semaines au sein du cadre enchanteur de l’Agora. Lieu chargé d’une histoire douloureuse – après les Ursulines il accueillit une prison de femmes puis fut réquisitionné par la Gestapo avant de devenir une caserne militaire – il n’en est pas moins un havre de paix propice à la création depuis sa complète rénovation jusqu’en 2010. Outre des hébergements indépendants, Jean-Paul Montanari (directeur de Montpellier Danse) et son équipe mettent à la disposition des artistes trois studios dont le magnifique Cunningham, doté de gradins accueillant 70 places qui permettent aux Montpelliérains d’assister à des répétitions publiques. Les résidences ne faisant pas partie des missions de Montpellier Danse, celles-ci sont entièrement financées par la Fondation BNP Paribas, mécène et compagnon du festival depuis 2012.

C’est donc notamment dans cet environnement favorable que Marlene Monteiro Freitas a créé Bacchantes – Prélude pour une purge, projet ambitieux qui met en scène treize danseurs, musiciens et performeurs, et dure pas moins (hélas !) de 2h20. Sorte de cabaret post-dada, qui modernise le genre grâce à son esthétique épurée – palette noir, blanc, jaune, salopettes et bermudas pour tous, fins objets métalliques – la pièce mêle références savantes et populaires. Un final en forme de boléro déjanté côtoie un twerk endiablé. Percussions et cuivres live laissent fréquemment place à des tubes tel Walking in the rain. Lorgnant vers le début du XXème siècle avec son univers burlesque et leurs mouvements d’automates tout droit sortis d’un film muet, ces Bacchantes sont emplies de judicieuses et étonnantes trouvailles. L’art de la transformation de Marlene Monteiro Freitas n’est plus à démontrer et c’est aux objets qu’elle s’attaque dans cet opus. Les pupitres pliables deviennent baleines de parapluies, balais, claviers de dactylos tandis que des tuyaux d’arrosage accueillent en leur extrémité un pavillon de trompette. L’ensemble est inédit, inventif, et provoque de nombreux sourires. Mais malgré l’attrait de cet univers délicieusement foutraque, curiosité et amusement font place au bout d’une heure à l’ennui, qui se transforme une heure plus tard en colère, que l’on nous laisse sortir ! La projection de l’accouchement naturel filmé en noir et blanc d’une jeune asiatique, caméra pointée entre les cuisses, dont je cherche toujours le sens au beau milieu de cette pièce, n’arrange rien à l’affaire.

Bacchantes – Prélude pour une Purge de Marlene Monteiro Freitas

Autre jeune chorégraphe plébiscitée depuis sa pièce minimaliste Hérétiques, reprise récemment au Théâtre de la Ville, la belge native d’Argentine Ayelen Parolin présentait elle aussi sa dernière création, Autoctonos, cette fois dans l’intimité du Studio Bagouet. L’entame est très séduisante, laissant découvrir quatre interprètes en ombres chinoises qu’on croit d’abord évoquer des masques africains mais qui se révèlent finalement, la lumière revenue, costumées de fraise modernisée ou de manches ballons. Et le talent d’Aymara Parola, superbe danseuse, pieds ancrés dans le sol, a une présence intense. Mais le charme n’opère pas. Plutôt que la critique de nos sociétés individualistes, poussant à la performance jusqu’au burn-out ou à l’hyperactivité promise par la feuille de salle, on croit déceler la peinture d’une féminité (les lumières en deuxième partie tournent au pur magenta et les gestes au niveau du pubis sont légions) malade, hystérique. Un moi volontaire et guerrier que tentent de suivre d’autres aspects d’une même personnalité, de l’enfant maladroite et capricieuse à l’ado un peu bête, hilare mal à propos. Sans que l’on comprenne vraiment ce qu’elle nous apporte. De quoi, en somme, regretter Nacera Belaza et son envoutant Sur le fil vu un an plus tôt dans le même lieu, et remercier chaleureusement Emanuel Gat et son brillant TENWORKS (for Jean-Paul) d’avoir illuminé et si bien sauvé cette escapade montpelliéraine.

Autoctonos d’Ayelen Parolin

 

Bacchantes – Prélude pour une Purge de Marlene Monteiro Freitas à l’Opéra Comédie dans le cadre du festival Montpellier Danse. Avec Andreas Merk, Betty Tchomanga, Cookie, Claudio Silva, Flora Détraz, Gonçalo Marques, Guillaume Gardey de Soos, Johannes Krieger, Lander Patrick, Marlene Monteiro Freitas, Miguel Filipe, Tomas Moital, Yaw Tembe. Jeudi 29 juin 2017.

Autoctonos d’Ayelen Parolin au Studio Bagouet / Agora dans le cadre du festival Montpellier Danse. Avec Varinia Canto Vila, Ondine Cloez, Aymara Parola, Sophia Rodriguez. Vendredi 30 juin 2017.

 

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