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Le Fantôme de l’Opéra – Dans les coulisses des auditions danse

Le Fantôme de l’Opéra arrive à Paris dès le 13 octobre 2016 au Théâtre Mogador. La comédie musicale d’Andrew Lloyd Webber, adaptée du roman de Gaston Leroux, est devenue l’un des succès du genre et fête ses 30 ans sur scène, sans interruption. Le spectacle à Paris sera donné pour la première fois en français, et pour plusieurs mois. La production est donc en train de monter la troupe d’une trentaine d’artistes. La danse a une place particulièrement importante : l’action se déroulant au Palais Garnier, les scènes de danse sont nombreuses et techniques, les danseurs étant sur pointes. Danses avec la plume a pu se glisser dans les coulisses des toutes dernières auditions danse du Fantôme de l’Opéra.

Les auditions danse du Fantôme de l'Opéra

Les auditions danse du Fantôme de l’Opéra

Il est 11h un matin de fin mars, et la salle de danse tout en haut du Théâtre Mogador commence à s’éveiller. De jeunes danseurs et danseuses, venant de France, de Russie ou d’Italie, commencent à s’échauffer. Ils veulent tous et toutes une place dans Le Fantôme de l’Opéra. Les auditions ont démarré en février, ils ne sont plus que 15 danseuses et 5 danseurs encore en lice. Parmi eux.elles, Florine, 25 ans. La jeune femme a démarré la danse classique très tard, ce qui l’a empêché d’entrer dans une grande école. À 20 ans, elle s’est installée à Paris pour devenir professionnelle. Si elle a passé son diplôme de professeure, les auditions ont été jusque-là plus difficiles. “Ne pas avoir fait une grande école bloque parfois mon CV dès le départ. Et je n’ai pas forcément le physique parfait de la danseuse classique“. Un défaut qui compte moins dans une comédie musicale. Surtout que Florine correspond à ce que cherche la chorégraphe Gillian Lynne, une danseuse “petite et d’allure juvénile selon son assistante Lynn Jezzard. C’est cette dernière qui s’occupe des derniers castings, Gillian Lynne n’ayant pu faire le voyage depuis Londres. Une petite déception pour les danseurs et danseuses : contrairement à ce qui était prévu, les résultats ne seront pas connus à la fin de la journée. Tout le monde sera filmé, Lynn Jezzard fera une petite sélection, et Gillian Lynne choisira sur vidéo.

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Comme toute audition, celle du Fantôme de l’Opéra démarre à la barre. La technique demandée est avant tout classique, les danseuses sont ainsi sur pointes. Cependant, à la création de la comédie musicale en 1986, peu de ballerine se présentaient aux auditions. “Mais aujourd’hui, c’est différent. Beaucoup de danseuses classiques se présentent, y compris à Londres“, explique Lynn Jezzard. “Les chorégraphies sont techniques, elles sont sur scène tous les jours avec un contrat de plusieurs mois. C’est une excellente expérience avant d’intégrer une compagnie“. Une façon aussi de découvrir autre chose, comme pour Lyria. Cette jeune danseuse d’une vingtaine d’années a été Petit rat de l’Opéra, mais une blessure l’a privée du concours pour entrer dans le corps de ballet. Après avoir dansé aux États-Unis ou au Canada, elle se présente aux auditions du Fantôme de l’Opéra, pour avoir une expérience différente. “Cela fait du bien de tenter autre chose. La technique est classique, mais le spectacle est différent. C’est forcément intéressant“. Idem pour Irène, passée par l’English National Ballet School. “La musique est belle, la production est magnifique, les décors impressionnants… C’est un spectacle avec lequel on peut s’enrichir“.

Après la barre, place aux choses sérieuses. Lynn Jezzard fait travailler un adage et un pas de pointes, faisant partie du spectacle. Les danseuses jouent en effet le rôle de ballerines au Palais Garnier, la chorégraphie est donc parfois le pastiche d’un cours de danse. L’adage est simple dans une veine néo-classique, permettant de tester l’équilibre (une belle arabesque penchée pour finir) et de voir où peuvent lever les jambes. Les filles passent aussi un extrait plus chorégraphié avec passage au sol. Lynn Jezzard conseille aux danseuses de travailler sur la respiration, et de toujours penser à une intention. Sur scène, il ne faut jamais oublier le jeu. Les ballerines refont l’exercice ensemble, puis par groupe. “Je les regarde individuellement, mais je dois aussi voir comment elles fonctionnent en groupe, comment l’ensemble fonctionne“, explique Lynn Jezzard. “Les filles doivent savoir danser avec peu d’espace en scène. Elles sont parfois 25 personnes sur le plateau“.

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Vient ensuite le tour des cinq garçons, qui ont droit, pour voir leur technique, à une diagonale de tours en l’air et à des sauts de basque. “Je cherche des danseurs forts, avec un physique qui en impose“, explique Lynn Jezzard. “Ils doivent être des leaders dans leur façon d’être en scène“. Après les exercices techniques, chacun passe dans un bout de la chorégraphie, face caméra. Malgré l’enjeu, l’ambiance est chaleureuse : chacun s’applaudit après son passage. “Vous êtes très gentils avec nous“, lance aussi l’un des danseurs à l’équipe du casting, avec un accent russe à couper au couteau. Chacun.e des auditonné.e.s est en effet considéré.e avec attention. De l’eau et des en-cas sont mis à disposition, et l’un des membres de la production encourage régulièrement les ballerines à piocher dedans. L’on est considéré comme des personnes, et ce n’est pas fréquent, explique Irène, qui a écumé les auditions de compagnies où l’ambiance est plus éprouvante. Même si le stress n’est pas absent, au contraire. “Les autres auditions se déroulent souvent sur un ou deux jours, et nous savons tout de suite ce qu’il en est“, explique Lyria. “Ce n’est pas le cas sur Le Fantôme de l’Opéra, les nombreux ‘call-back’ sont durs“. Trois tours ont déjà eu lieu depuis février, le début des auditions, et les résultats ne sont pas pour tout de suite.

Après avoir été filmés, les garçons sont partis. Lynn Jezzard choisit quatre filles, dont Florine, pour répéter un petit bout du passage “Mascarade”. Puis l’assistante-chorégraphe forme des groupes de trois ou quatre danseuses. Chaque groupe repasse l’adage, le pas de pointes et la petite chorégraphe, face caméra. Lynn Jezzard se réunit enfin avec les autres responsables du casting pour un premier écrémage. Après cinq minutes de discussion, le couperet tombe : seules neuf filles sur les 15 sont retenues. Lyria, Irène et Florine en font partie. Gillian Lynne en choisira au final six, sur vidéos. À la clé : un rôle de danseuse dans la comédie musicale Le Fantôme de l’Opéra sur la scène du Théâtre Mogador dès octobre prochain. Et pour chaque danseuse, pas loin d’un an de contrat d’assuré. “Un an, c’est l’Éden !“, sourit Lyria, approuvée par Irène et Florine.

 

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