Les sorties livres danse du printemps 2020
Quelques nouveautés attendaient tranquillement d’être chroniquées. Les librairies étant de nouveau accessibles, voici une petite séance de rattrapage de quelques beaux livres sortis ces derniers mois. Histoire de patienter avant la réouverture tant attendue de Garnier et Bastille, vous pourrez replonger dans les coulisses de l’Opéra de Paris, riche de 350 ans d’histoire. Pour saluer la réouverture du Centre National du Costume de Scène de Moulins, on vous recommande le catalogue de l’exposition Couturiers de la danse qui joue les prolongations jusqu’au 1er novembre. A découvrir aussi un roman jeunesse, le tome 2 des Pointes noires, et un roman “new romance”. Enfin, les futures mamans apprendront les bienfaits de la danse prénatale.
L’Encyclopédie de l’Opéra de Paris
Paru le 21 octobre 2019 chez RMN
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Depuis 1669, les scènes et les ateliers de l’Opéra de Paris ont vu évoluer artistes et créateurs de premier ordre. Compositeur et chorégraphes, danseurs, chanteurs et musiciens, peintres, décorateurs, costumiers, régisseurs, directeurs et administrateurs marquèrent l’histoire de l’institution et, par delà, celle du genre. Réunissant les contributions de cinquante chercheurs de renom, cette encyclopédie propose de pousser les multiples portes de l’Opéra de Paris, qui dispose depuis 1889 de deux théâtres : le Palais Garnier et l’Opéra Bastille.
Les autrices et auteurs – Sous la direction de Sarah Barbedette et Henri Loyrette. Avec la collaboration de Inès Piovesan et Solène Souriau.
Notre avis – Pas moins de 50 contributeurs pour cette Encyclopédie érudite mais très accessible. Les différents articles permettent de balayer l’histoire de cette institution à travers des moments clés, des créations et des personnages. De manière chronologique, sont aussi bien abordés les aspects qui concernent l’architecture, la création, le répertoire, le fonctionnement de cette maison d’opéra. La richesse de l’iconographie contribue grandement à la qualité de cet ouvrage très structuré jalonné de renvois thématiques vers d’autres chapitres ou d’intéressants prolongements bibliographiques.
Couturiers de la danse de Philippe Noisette
Paru le 30 novembre 2019 chez Silvana Editoriale
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Plus que tout autre le xxe siècle aura été celui de la danse. Des Ballets russes à la modern-dance, du Tanztheater de Pina Bausch à la nouvelle vague française des années 1980, les courants se sont succédé, s’opposant parfois, se répondant aussi. Et avec cette libération du mouvement viendra la libération des corps.
Très tôt les couturiers vont s’intéresser à la danse dans un même élan : Gabrielle Chanel, pionnière par excellence, puis Yves Saint Laurent vont mettre le mouvement à la mode. Dans la foulée des créateurs comme Jean Paul Gaultier ou Christian Lacroix, Karl Lagerfeld ou Maria Grazia Chiuri, Gianni Versace ou Issey Miyake entrent dans la danse. Puis viendra une génération de jeunes stylistes des années 2000. Pour chacun, le danseur est le complice idéal.
Couturiers de la danse, catalogue de l’exposition-événement du Centre national du costume de scène (CNCS) de Moulins ose le classique revisité comme le vestiaire futuriste, la dentelle épurée comme le plissé synthétique. Un véritable voyage au pays de l’imagination. Couturiers de la danse enfin se veut un hommage à la danse sous toutes ses… coutures.
Les auteurs – Textes de Philippe Noisette. Préface de Delphine Pinasa, directrice du CNCS. Avant-propos de Christian Lacroix.
Notre avis – Heureuse nouvelle, le CNCS rouvre et du fait de l’interruption due au coronavirus, permet à l’exposition Couturiers de la danse, vue et appréciée par DALP, de rester à l’affiche quelques mois de plus. L’occasion de mettre un coup de projecteur sur l’intéressant catalogue qui permet de prolonger la déambulation dans les différents univers proposés. Au-delà de nous offrir de revenir en détails sur certains costumes, il nous invite à nous attarder sur un magnifique cahier de dessins. De passionnantes interviews de créateurs de William Forsythe à Jean-Paul Gaultier en passant par Daniel Larrieu émaillent aussi ce catalogue qui, en plus de magnifier les costumes, honore celles et ceux qui les habitent par leur grâce, leur énergie et leur magie.
La danse prénatale de Sonia Duchesne
Paru le 2 janvier 2020 chez Éditions La Plage
Ce qu’en dit la 4e de couverture – La danse prénatale, très inspirée des danses orientales, permet d’apaiser les douleurs fréquentes pendant la grossesse et de préparer son corps à l’accouchement en assouplissant la zone du bassin, mais aussi en relâchant les tensions. Sonia Duchesne, danseuse professionnelle et maman de deux enfants, a mis au point des enchaînements adaptés à chaque stade de la grossesse, entrecoupés de témoignages de mamans et de professionnels de la santé. Entrez dans la danse avec bébé et laissez- vous guider tout en bienveillance. Retrouvez des chorégraphies en vidéos à faire à la maison et des bonus pour prolonger le bien-être en musique.
L’autrice – Artiste pluridisciplinaire, Sonia Duchesne est danseuse professionnelle, comédienne, chorégraphe, professeure de danse, directrice artistique. Elle intègre le Centre National de la Danse pour devenir professeure et entame une carrière de danseuse et de chorégraphe au théâtre, à la télévision et au cinéma avant de créer sa compagnie de danse et enseigner en France et à l’étranger. Diplômée en licence de psychologie et sciences du langage à l’Université, elle se forme également en yoga prénatal et postnatal à l’Institut Bernadette de Gasquet et suit la formation “Bouger en accouchant” de Blandine Calais Germain. Aujourd’hui, elle accompagne de nombreuses femmes avec sa méthode en maternité, clinique, centre de bien-être…
Notre avis – Pendant ses deux grossesses, Sonia Duchesne a continué à danser jusqu’au septième mois en veillant à faire des mouvements qui respectaient son corps, son bébé et son rythme. Puis elle a continué à danser jusque dans la salle de travail, ce qui lui a permis de supporter les contractions. Au final, la danse l’a aidée à vivre sa grossesse de façon sereine, à bercer son bébé en dansant et à gérer la douleur. C’est pourquoi elle a décidé d’accompagner les femmes dans leur grossesse avec la danse prénatale. Dans cet ouvrage, elle propose des pas de danse illustrés pour chaque trimestre de grossesse, chaque pas ayant un nom bien spécifique et imagé comme la danse du lézard ou la danse de la sirène. Tout est bien expliqué (dessins et pas à pas à l’appui), y compris dans les bienfaits (se détendre, renforcer le périnée, tonifier le corps, limiter la prise de poids…) que chacune pourra retirer de ces mouvements.
Pas nés sous la même étoile de Adèle Ninay
Paru le 12 février 2020 chez Hugo Roman
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Mike et Camille n’avaient aucune raison de se plaire. Sa vie à lui c’est le rap avant tout et les potes du quartier. Son monde à elle est fait de danse, de littérature, d’une vie confortable dans le centre de Paris. Il a découvert la violence et la rébellion depuis déjà de nombreuses années, elle est délicate et solaire. Il l’insupporte dans son rôle de macho à deux balles, elle l’agace avec ses airs de princesse. Pour l’un et pour l’autre, aucun mot n’a la même définition : violence, plaisir, avenir… fidélité. Pourtant leur rencontre doit avoir lieu, et elle les prend par surprise comme un coup de poing en plein cœur. Mais quand on est si différents, comment avancer ? Balancés l’un contre l’autre par la vie, ils devront résister au choc. Ou exploser en plein vol.
L’autrice – Adèle Ninay a grandi en banlieue parisienne. Elle en a gardé un goût prononcé pour la culture urbaine, en particulier pour le graff et le rap. Elle est passionnée de musique et elle a fait partie pendant plusieurs années d’un groupe. Elle a connu les enregistrements en studio, les concerts, les tournées. Pas nés sous la même étoile est son premier roman.
Notre avis – Ils ne viennent pas du même monde, tout les sépare et pourtant ils tombent amoureux. Ça vous rappelle quelque chose ? Si le départ n’a rien de franchement original, on s’attache assez vite aux personnages. Camille, 24 ans, ne vit que pour la danse classique. Son plus grand rêve ? Devenir Danseuse Étoile. Elle évolue dans les quartiers aisés parisiens et fréquente un milieu bourgeois. Elle a un crush pour Mike, vingt ans, qui lui, vit de l’autre côté du périph et kiffe le rap. Le décor est planté ! L’histoire est racontée à travers le regard des deux protagonistes et on arrive assez vite à se mettre dans la peau de chacun des deux. Hélas le procédé tourne court et malgré une fin assez déroutante, on lâche un peu au fil du récit… Sans doute en raison de dialogues trop nombreux et d’une vision trop cliché de la danse. “C’est quoi qui te fait vraiment triper dans la danse ? – Je ne sais pas, c’est naturel pour moi… J’ai toujours dansé. Beaucoup de gens pensent que la danse, c’est un sport mais c’est plus que ça ! C’est vraiment un moyen d’expression. C’est un art à part entière. Et puis j’adore la scène. Je crois qu’au final, c’est là que je me sens le mieux. C’est un moment suspendu. Je m’y sens libre. Il n’y a plus rien qui me pèse. Comme toi pendant les concerts, j’imagine, non ?”
Les pointes noires à l’Opéra de Sophie Noël
Paru le 10 mars 2020 chez Magnard Jeunesse
Ce qu’en dit la 4e de couverture – Après avoir réussi le concours d’entrée, Ève intègre la fameuse École de Danse de l’Opéra de Paris. Face à l’exigence, la rude concurrence et la solitude, elle décide de renouer avec son amie Hawa. Chaque semaine, Ève se livre à elle et envoie son courrier à l’orphelinat du Mali qui les a vues grandir. À l’école de danse, la troupe est en ébullition : les élèves doivent bientôt assurer une tournée au Canada. Une fois au Québec, à la fin d’une représentation, Eve voit débarquer une jeune fille noire dans sa loge : c’est Hawa, qui a été adoptée peu de temps après elle par une famille québécoise. Après des retrouvailles émouvantes pendant lesquelles les deux filles se racontent toutes leurs histoires, Hawa apprend à Ève qu’elle aussi a un projet autour de la danse…
L’autrice – Sophie Noël a été professeure des écoles, conteuse et elle intervient régulièrement dans les écoles. Auteure de plusieurs romans, elle a publié différents ouvrages chez Magnard Jeunesse, dont Les Pointes noires, lauréat du Prix Littéraire Jeunesse de la Fête du Livre de Saint-Etienne 2019.
Notre avis – On retrouve avec plaisir la jeune Ève qui poursuit son chemin dans le monde de la danse. Elle est désormais élève à l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Pas facile quand on est la seule fille noire… Comme dans le premier tome, on apprécie la plume authentique de Sophie Noël qui parle de danse sans mièvrerie et dépeint certaines situations avec beaucoup de réalisme. La danse est un milieu difficile surtout quand on ne correspond pas aux canons esthétiques en vigueur. Mais est-il normal de devoir toujours se justifier d’être “différente” à l’heure où des danseur.euse.s ont ouvert la voie ? Ce deuxième tome a le mérite de poser les bonnes questions en filigrane : ai-je ma place dans ce monde si je n’ai pas la “bonne” couleur de peau ? Suis-je prête à sacrifier qui je suis vraiment pour continuer de danser ? L’attitude de Ève est très courageuse. Plutôt que de se plier à des choix ridicules, elle ose dire non, quitte à tout perdre. L’autre sujet du livre est la quête identitaire d’une enfant adoptée, là-aussi abordé avec beaucoup de justesse et sans caricature.