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Roxane Stojanov et Simon Le Borgne, lauréats du Prix de l’AROP 2019

La saison écoulée a beau être des plus étranges, certaines traditions demeurent. Et notamment les Prix de l’AROP – Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris – qui récompensent chaque année deux jeunes talents du Ballet de l’Opéra de Paris et deux jeunes talents lyriques. Et pour la danse, les deux lauréat-e-s pour le Prix de l’AROP de la Danse sont Roxane Stojanov et Simon Le Borgne, tous les deux Sujets dans le corps de ballet.

Pas de cérémonie, de discours ou de cocktail dans le Foyer de la Danse, crise sanitaire oblige. Mais l’AROP a tenu toutefois à marquer le coup en réalisant une vidéo pour la remise des Prix de l’AROP, prix décernés par les membres de l’association. Les lauréats 2019 ont ainsi adressé quelques mots et souvenirs, espoirs sur leur carrière : Roxane Stojanov et Simon Le Borgne pour les Prix de la Danse, Angélique Boudeville et Danylo Matviienko pour le lyrique.

Entrée à l’École de Danse en 2008, en quatrième division, Roxane Stojanov se fait remarquer alors qu’elle est en première division et l’une des protagonistes, avec Alice Catonet et Antonio Conforti, du documentaire Graines d’étoiles. C’est un an plus tard, en 2013, que Roxane Stojanov est reçu au Ballet de l’Opéra de Paris, en même temps qu’Ida Viikinkoski, Roxane Stojanov, Clémence Gross, Pablo Legasa, Antoine Kirscher, Hannah O’Neill et Camille de Bellefon. Arrivée à la direction du Ballet la saison suivante, Benjamin Millepied la remarque et la distribution dans sa création Clear, Loud, Bright, Forward (2015), alors que la danseuse monte Coryphée deux mois plus tard, avec une très belle variation libre tirée de The four seasons de Jerome Robbins. C’est essentiellement dans ce répertoire que la danseuse se fait remarquer. Elle déploie ainsi toute sa technique et son fort tempérament scénique dans la soliste dans Rubis, la danseuse indienne de La Bayadère ou la danseuse de rue dans Don Quichotte. Elle est d’ailleurs promue Sujet en 2018 avec une belle sensibilité du Cygne blanc. La programmation actuelle ne lui permet pas vraiment d’enchaîner les rôles, mais Roxane Stojanov se démarque en scène. Et c’est véritablement en soliste, avec un vrai charisme et beaucoup d’autorité comme de musicalité, qu’elle a dansé Sérénade de George Balanchine quelques jours avant le confinement, qui lui promet un brillant avenir.

Pour la danseuse, ce Prix de l’AROP est d’ailleurs une importante forme de reconnaissance. “C’est le signe que cette persévérance que je peux avoir pour avancer est récompensée et a été remarquée. Quand je regarde la liste de tous les lauréat-e-s précédent-e-s, que je vois que la plupart sont devenus Danseurs ou Danseuses Étoile par la suite, je me dis c’est un beau tremplin, cela me donne encore plus confiance et espoir pour aller aussi haut et essayer, pourquoi pas, de rejoindre ces Étoiles“. Et la danseuse de se remémorer ses premiers pas sur scène, dans le rôle de la Fée clochette dans Peter Pan, et de ressentir pour la première fois le plaisir de la scène. Son deuxième grand souvenir : son premier passage en scène en tant que danseuse de l’Opéra de Paris, un moment bien plus stressant, la danseuse remplaçant une blessée. “Il ne fallait pas que je me plante. Et une fois sur scène, j’ai géré le stress grâce à ce plaisir d’être en scène et d’être là avec la compagnie. Enfin je sentais que je faisais partie de ce monde“. Roxane Stojanov apprécie de voir les rôles arriver de plus en plus et rêve un jour de danser Odile/Odette. “J’ai encore plein de choses à apprendre”, conclue-t-elle. “Je m’ouvre et je prends tout ce que je peux, tous les moyens d’aller plus loin“. 

Roxane Sojanov lors du Concours de promotion 2015

Simon Le Borgne rentre Petit stagiaire à l’École de Danse de l’Opéra de Paris en 2005. Il entre dans le corps de ballet en 2014, en même temps qu’Eugénie Drion, Marion Gautier de Charnacé, Héloïse Jocqueviel, Awa Joannais, Paul Marque, Axel Magliano, Julien Guillemard et Isaac Lopes-Gomes. Sa carrière met un peu de temps à démarrer : Simon le Borgne montre une personnalité percutante en scène et de grandes qualités théâtrales, notamment dans le répertoire contemporain (même si sa technique classique est brillante) ou dans le groupe 3e Étage. Mais le Concours de promotion ne lui réussit pas forcément. Il lui faut attendre quatre ans pour monter Coryphée, avec une variation de La Sylphide et de William Forsythe, montrant déjà là une facilité à se fondre dans différents styles. C’est avec ce même chorégraphe en variation libre qu’il passe d’ailleurs Sujet fin 2019. Sur scène, il s’illustrer dans Les applaudissements ne se mangent pas de Maguy Marin, puis dans des pièces de Jirí Kylián, Crystal Pite ou Ohad Naharin. Et surtout dans Carmen de Mats Ek, où il est à couper le souffle dans le rôle de Don José aux côtés de la puissante Eleonora Abbagnato. C’est d’ailleurs ce rôle qui reste pour lui le plus marquant, “c’était très intense physiquement et émotionnellement“. La scène est pour lui un lieu où il vit des moment “intenses“, même s’il y a des soirs “où ce n’est pas si facile que ça. Il y a parfois des frustration, mais la plupart du temps, c’est une joie de bouger mon corps“.

Carmen de Mats Ek – Eleonora Abbagnato et Simon Le Borgne

À l’Opéra, Simon Le Borgne souhaite poursuivre dans cette voie. “J’aimerais continuer à faire beaucoup de rencontres, avec des chorégraphes ou des porteurs de projets. J’aime rencontrer des chorégraphes, être avec eux en studio, avoir cet échange sur la façon de bouger, d’interpréter“. Simon Le Borgne a également fondé avec Marion Barbeau la compagnie Alt. Take, plus expérimentale.

 

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