S’entraîner avec Tiler Peck ou Tamara Rojo : six cours de danse en ligne à la loupe
Pour continuer à s’entraîner pendant le confinement, alors que les studios de danse sont fermés, de multitudes de cours de danse en direct sont proposés sur les réseaux sociaux. DALP propose ainsi trois sessions hebdomadaires avec Noëllie Coutisson, tandis que la professeure de danse de la rédaction Lorena Lopez met en ligne un exercice chaque jour. Les danseurs et danseuses pros, Étoiles internationales ou artistes de corps de ballet, se sont aussi lancés dans ces cours de danse et barre en ligne et/ou en direct. Nous en avons testés six, de Tamara Rojo à Tiler Peck, de la barre au cours de danse complet, pour débutants comme pour les plus avancés.
Le cours de danse classique de Tiler Peck
Où et quand – En direct du lundi au samedi sur le compte Instagram de Tiler Peck à 19h.
Le cours – Tous les soirs de la semaine, à 19 heures (décalage horaire oblige), la star du New York City Ballet Tiler Peck nous propose un cours de danse complet d’une heure. La danseuse s’étant confinée chez ses parents, c’est donc dans une maison typiquement américaine à la décoration un peu vieillotte (meubles tout en bois, bibelots en porcelaine) qu’elle nous accueille, avec quelques apparitions de sa mère et de son chien. Celle qui brille sur scène par son charisme et son énergie paraît ici très posée et surtout abordable. Son cours est très classique et bien complet avec une barre (chez elle le bar marquant la séparation entre sa cuisine et son salon), un milieu et les cinq dernières minutes consacrées aux exercices de pointes (un à la barre et un au milieu). Si Tiler Peck a tendance à un peu s’emballer au milieu, sa barre est par contre très carrée et ne déstabilisera pas les maniaques de l’École française.
La musique – Il y en a pour tous les goûts avec des cours thématiques : chansons pops, musiques de ballet ou encore comédies musicales. Ce dernier choix est particulièrement jouissif. Qui n’a pas rêvé de faire ses dégagés sur Hamilton et ses ronds de jambe sur Wicked ? (Ndlr : il est par contre déconseillé de chanter le final de Defying Gravity à pleine voix lorsque l’on fait un cambré).
On a aimé – Si l’idée de prendre un cours avec une grande Étoile internationale peut intimider, pas de panique ! Le cours est adapté à tous les niveaux. Elle prend le temps à chaque exercice de montrer une version simplifiée pour les débutants. Mais la grande particularité de ce cours, ce sont les invitées. Parce qu’il est important pour Tiler Peck que l’on ait l’expérience de danser sur de la musique live, elle invite, lors de certains cours, une grande voix de Broadway qui nous accompagne avec une chanson de son répertoire le temps d’un exercice. C’est, avouons le, assez kiffant de faire son adage au son de la voix de Sierra Boggess ou de Laura Osnes. De plus ça permet de voir Tiler Peck en mode fan-girl. Comme quoi, elle est comme nous.
On a moins aimé – Tiler Peck est la danseuse américaine par excellence : elle n’a peur de rien. Par conséquent, ses exercices au milieu sont assez… ambitieux ! Un exercice de pirouettes ? Ça glisse un peu mais on peut le tenter. Une diagonale ? Ça devient un peu tendu. Mais par contre le manège de piqués, assemblés soutenues, tours attitude… Si vous êtes confinés dans un appartement parisien, ça relève de la mission impossible sans se cogner contre la bibliothèque ou s’effondrer sur le canapé. À faire donc avec de grandes précautions, mais ça peut être un peu frustrant.
La barre classique d’Andrea Sarri
Où et quand – En direct une à deux fois par semaine vers midi sur la page Facebook d’Andrea Sarri, puis en replay.
Le cours – Le jeune danseur italien Andrea Sarri est l’un des talents les plus brillants du Ballet de l’Opéra de Paris et nous offre depuis le début du confinement une très bonne barre une à deux fois par semaine. Il apparaît dans son salon comme on le voit en scène, détendu et respirant la bonne humeur. Un rayon de soleil même en confinement. Il se paye parfois le luxe d’avoir Thomas Docquir (autre brillant Sujet de la compagnie) comme assistant. Ici pas de milieu, juste une longue barre (chez lui, un rebord de tiroir d’une commode) d’une petite heure suivie de quelques étirements. Un cours très classique, efficace et carré, sans fioriture.
La musique – Pour ce qui est de la playlist, on retrouve les classiques de cours de danse ainsi que quelques chansons pop ou issues des classiques Disney en version piano.
On a aimé – Outre sa bonne humeur qui illumine nos journées cloîtrées, Andrea Sarri propose une barre très efficace qui décrasse bien les muscles et fait travailler en profondeur. On se sent bien chaud à la fin et le pied à la main passe facilement.
On a moins aimé – Si le cours ne s’adresse pas qu’aux professionnel.le.s, le niveau proposé est un bon “intermédiaire”. Les débutant.e.s se sentiront vite dépassé.e.s par les exercices proposés, d’autant plus que les explications sont parfois un peu rapides (et l’inconvénient quand on fait le cours seul.e chez soi, c’est que l’on n’a personne sur qui copier).
Le cours de danse classique de Tamara Rojo
Où et quand – Du lundi au vendredi à 12h, en direct sur la chaîne Youtube de l’English National Ballet, puis en replay.
Le cours – Pendant le confinement, Tamara Rojo, directrice de l’English National Ballet, prend toujours soin de sa compagnie et leur prodigue tous les jours le cours de danse. Et comme elle est sympa, elle en fait profiter le monde entier sur les réseaux sociaux. Tamara Rojo est une star et on est impressionné rien qu’à l’idée de prendre son cours. Elle est d’une classe absolue, très grande dame, même en jogging dans sa cuisine (cuisine qui fait pâlir de jalousie tant elle est spacieuse, belle et moderne). C’est donc un vrai cours de compagnie auquel on assiste avec 50 minutes de barre et 40 minutes de milieu. Aucun exercice n’est épargné, même les sauts (désolé les voisin.e.s). Pour assistant, elle n’a rien de moins qu’Isaac Hernández, Principal de l’English National Ballet et compagnon.
La musique – Tamara Rojo alterne entre les versions piano de chansons de Broadway (et pas toujours les plus connues), de jazz ou de pop rétro.
On a aimé – Si la barre va très vite, les exercices au milieu sont répétés au minimum deux fois, voire quatre, ce qui permet de bien les assimiler. Et puis on ne va pas se le cacher : regarder Tamara Rojo et Isaac Hernández prendre leur cours tous les jours, c’est un peu le rêve de tou.te.s balletomanes. À un moment, on a juste envie de s’asseoir par terre et de les regarder danser. Un spectacle quotidien.
On a moins aimé – Le cours est avant tout à destination de la compagnie et cela se sent. Tamara Rojo parle peu, même dans ses explications qui sont très rapides et majoritairement marquées avec les mains. C’est ainsi assez difficile à suivre quand on est non professionnel.le.s et on a vite l’impression de faire n’importe quoi. Les exercices sont d’ailleurs globalement très rapides et même Isaac Hernández est un peu à la peine sur la fin (elle demande des entrechats six en même temps). Un cours à réserver pour les très avancé.e.s ou les niveaux moyens au cœur bien accroché voulant se challenger.
La barre classique de Maxime Thomas
Où et quand – Le dimanche vers 11h30 en direct sur le compte Instagram des Balletomanes anonymes.
Le cours – Tous les dimanches en fin de matinée, Maxime Thomas, Coryphée au Ballet de l’Opéra de Paris, est l’invité des Balletomanes Anonymes pour une heure de barre. Le danseur, qui se fait plutôt discret sur les réseaux sociaux, se prête avec aisance à l’exercice. Fond blanc, tenue noire, juste une chaise qui lui fait office de barre, aucune distraction visuelle autour : on est là pour travailler, pas pour admirer la déco. Si cette description peut sembler stricte, ce n’est pourtant pas du tout l’ambiance du cours. Celle-ci est très sereine et on se laisse guider par la voix apaisante du professeur tout au long du cours. Ce dernier est composé d’une longue barre, très axée sur le placement, précédée et suivie de quelques étirements. Un vrai travail de fond, parfait pour être en bonne condition physique et attaquer la journée (ou le brunch).
La musique – On retrouve les traditionnelles versions pour piano des standards de la pop, de Disney ou de Broadway (et on apprécie particulièrement les grands battements sur Waterloo).
On a aimé – En plus de sa carrière de danseur, Maxime Thomas a l’habitude d’enseigner pour tous les niveaux et ça se sent. Il est très pédagogue, même en live Instagram. Il prend le temps de lire les commentaires et n’hésite pas à réexpliquer un exercice si on le lui demande. Il rit même aux blagues de certains élèves. Comme un vrai cours en studio en fait ! Il propose de plus des étirements avant la barre, étape à laquelle on devrait tou.te.s penser mais qu’on peut avoir la fâcheuse tendance à oublier…
On a moins aimé – Comme dit plus haut, Maxime Thomas propose un bon travail de fond sur le placement, mais si vous cherchez à vous défouler pour terminer la semaine ce n’est pas exactement le cours qu’il vous faut. Pour les marmottes, l’horaire est peu compatible avec la grasse matinée dominicale.
Le cours de danse classique des Cindies
Où et quand – Les lundi, mercredis et vendredis en direct sur le compte Instagram d’Isabella Boylston.
Le cours – Figures emblématiques de l’American Ballet Theatre, Isabella Boylston et James Whiteside sont également des stars sur Instagram. Ils dansent souvent ensemble à la scène et sont inséparables à la ville, et ont surnommé leur duo les Cindies, Si le confinement les a séparés, c’est tout naturellement qu’ils donnent le cours ensemble, chacun chez soi avec écran partagé. Deux salles mais pas deux ambiances. Même confiné.e.s, les deux artistes restent fidèles à leur image de new-yorkais déluré.e.s, que ce soit dans leurs tenues ou les choix musicaux (on apprécie particulièrement la playlist Mum’s Night Out). Le cours dure une petite heure, avec une barre et un milieu, chacun son tour montrant un exercice avec quelques blagues et chamailleries au passage.
On a aimé – Isabella Boylston et James Whiteside s’adorent et c’est contagieux. On a le sourire aux lèvres pendant tout le cours, on rit avec eux et on en sort de très bonne humeur avec l’envie de passer une soirée en boîte avec les deux danseur.euse.s. On rigole mais on travaille également, leur cours est d’un bon niveau intermédiaire et on fini tout en sueur.
On a moins aimé – Si vous aimez les cours bien structurés, passez votre chemin. On sent qu’il n’y a pas beaucoup de préparations en parallèle et ils perdent un peu de temps dans l’élaboration des enchaînements ou dans le choix de la musique d’accompagnement. Si leurs enfantillages peuvent amuser, ils peuvent aussi agacer en fonction de vos goûts ou de votre humeur du moment. À faire avec modération pour éviter l’overdose.
La barre classique du Het National Ballet
Où et quand – Les lundis et vendredis sur la chaîne Youtube du Het Nationale Ballet, en ligne dès 11h.
Le cours – La compagnie néerlandaise propose à ces danseur.euse.s une barre en ligne tous les lundis et vendredis. Mais si vous avez envie de tester un vrai cours de compagnie, vous êtes libres de suivre cette barre sur YouTube à partir de 11 heures. Le décor est le Studio 1 du Het Nationale Ballet, où l’on retrouve à la barre Ernst Meisner, le coordinateur artistique de la Junior Company, qui dispense le cours. La leçon comprend juste une barre de quarante minutes. Court mais diablement efficace et on en sort très très bien chauffé.e (L’exercice de fondus est particulièrement diabolique). NDLR : depuis le lundi 20 avril, la compagnie propose aussi une vidéo de milieu.
La musique – Ernst Meisner est accompagné par Rex Lobo, l’un des pianistes du Het Nationale Ballet. Un cours en studio avec piano, c’est ce dont on rêve tou.te.s en cette période de confinement, non ?
On a aimé – On apprécie le côté immersion dans un cours de compagnie tout en restant chez soi (ce qui évite de se faire juger car on n’a pas le niveau), on s’y croit vraiment. On sent la qualité très professionnelle de toute l’opération, notamment avec la qualité de l’image et du son. Il y a également un travail de montage, ce qui nous permet d’avoir des plans rapprochés sur le bas de jambe du professeur (ce qui s’avère très pratique). De plus la durée (moins de quarante minutes) permet d’insérer facilement la barre dans sa routine quotidienne. Et puis l’accompagnement par un pianiste, il n’y a que ça de vrai.
On a moins aimé – Le défaut de tout cours de compagnie quand on est habitué à une pratique amatrice, c’est le manque d’explication. Ici Ernst Meisner montre peu l’exercice avant de le faire. Il explique oralement en mimant avec ses mains. S’il fait l’exercice à droite, il ne le fait pas à gauche, ce qui est assez frustrant quand on n’a pas bien saisi l’exercice la première fois. Et même si on a conscience que ces vidéos ont avant tout un but professionnel, on regrette un peu le manque de fantaisie (ne serait ce que dans le choix des musiques).
Aventure
Merci pour ces chouettes recommandations ! Y a-t-il un endroit pour savoir quand ont lieu les barres d’Andrea Sarri pour pouvoir les suivre en direct ?
Je n’avais pas connaissance non plus des barres de Maxime Thomas, il est dommage qu’elles ne soient pas disponibles en replay !
J’apprécie les barres du National Ballet du Canada, ils mettent en ligne un programme varié sur leur compte Instagram, avec des barres de niveaux différents, données par un danseur différent à chaque fois.
Amélie Bertrand
@ Aventure : Il faut suivre la page FB d’Andrea Sarri pour les horaires, il n’y a pas forcément de rendez-vous fixe. Pour les replays, la plupart des professeurs proposent ces live bénévolement, il est normal qu’ils ne souhaitent pas forcément les voir laisser en ligne par la suite, les musiques ne sont pas forcément non plus libres de droit. On note pour le Ballet du Canada, merci !