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Bleuenn Battistoni nommée Danseuse Étoile – Retour sur son parcours

Bleuenn Battistoni a été nommée Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris le mardi 26 mars, à l’issue d’une représentation de La Fille mal gardée de Frederick Ashton où elle dansait le rôle de Lise. À 25 ans, elle accède ainsi au plus haut grade de l’institution et voit devant elle une brillante carrière à venir. Voilà en effet une promotion attendue, la danseuse s’étant fait remarquer dès l’École de Danse. De ses premiers spectacles à sa nomination, retour sur le début de carrière de Bleuenn Battistoni en fouillant dans les archives de DALP.

 

Bleuenn Battistoni nommée Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris

 

Née en 1999 à Lyon, Bleuenn Battistoni démarre la danse à 4 ans, dans une école de sa région, et fait son petit chemin dans le milieu des concours. Sur DALP, elle est citée ainsi pour la première fois en 2012, alors qu’elle se classe troisième chez les Juniors lors de la demi-finale européenne du YAGP. Un an plus tard, la voilà au CNSM de Paris, sous la direction de Clairemarie Osta, avant d’être finalement prise la saison suivante à l’École de Danse de l’Opéra de Paris dirigée par Élisabeth Platel – où elle avait échoué plusieurs fois à entrer étant plus jeune. À Nanterre, la jeune danseuse fait son chemin, d’abord en deuxième division, puis en première en 2016, où on la retrouve lors du spectacle annuel dans l’un des rôles principaux de Conservatoire d’Auguste Bournonville. Mais c’est surtout l’année suivante, en redoublant sa première division, qu’elle se démarque en scène : Une ballerine en herbe sereine, précise et assurée dans Divertimento n° 15 de George Balanchine, Elle défend crânement sa variation de la Gitane quelques semaines plus tard lors du Gala Chauviré. À la fin de l’année scolaire, en juillet 2017, la voilà engagée dans le corps de ballet, en même temps que Bianca Scudamore, Alexandre Boccara, Milo Avêque, Samuel Bray et Jack Gasztowtt (See-Hoo Yun et Naïs Duboscq au Concours externe).

Lors de ses premières années en tant que Quadrille, la danseuse se fait plus discrète. À vrai dire, tout le monde ne parle que de Bianca Scudamore, camarade de promotion et qui rafle les suffrages au Concours de promotion. Bleuenn Battistoni met elle un peu plus de temps à se faire à cet exercice si compliqué. En novembre 2018, nous lui décernons tout de même le Prix officieux de la révélation féminine – elle termina troisième alors qu’il n’y avait que deux places de Coryphées – mais ne marque pas les esprits en 2019. Puis le Covid fait son œuvre et bloque les carrières. Et c’est lors du Concours 2020, décalé à 2021, sans public, alors qu’il n’y a pas eu de spectacles depuis plusieurs mois, que Bleuenn Battistoni accède enfin au statut de Coryphée, avec une variation extraite de de The Four Seasons de Jerome Robbins, en même temps que Inès McIntosh et Nine Seropian.

 

Divertimento n°15 de George Balanchine – Bleuenn Battistoni à l’Ecole de Danse

 

Les choses s’accélèrent nettement pour la danseuse, qui a le droit à de plus en plus de mise en avant. Bleuenn Battistoni se fait remarquer lors d’un programme Jeune danseurs et danseuses – là encore sans public – avec La Belle au bois dormant, reçoit le Prix du Cercle Carpeaux. Puis elle brille, cette fois-ci enfin devant un public, en Demoiselle d’honneur dans Don Quichotte de Rudolf Noureev, quelques semaines après avoir été promue Sujet avec la variation de la Cigarette dans Suite en Blanc de Serge Lifar. 2022 est ensuite une belle année pour elle, avec le Prix de l’AROP et son tout premier rôle d’Étoile : Gamzatti dans La Bayadère, dont elle s’empare avec autorité. Et puis il y eut cette soirée du 13 juillet. Au Palais Garnier, l’Étoile Alice Renavand fait ses adieux à la scène dans Giselle. Mais au deuxième acte, elle se blesse en scène et sort en claudiquant. Deux minutes plus tard, Bleuenn Battistoni entre en scène à sa place. Et assure tout le deuxième acte sans faillir, au bras de Mathieu Ganio avec qui elle n’avait jamais répété, alors qu’elle-même n’avait jamais dansé ce rôle. C’est dit : sous ses airs de jeune femme discrète, cette danseuse a un sacré cran.

Quelques mois plus tard, elle est l’une des cinq solistes du virtuose The Vertiginous Thrill of Exactitude de William Forsythe en tournée. Et elle crève la scène dans un rôle où on ne l’attendait pas forcément : la prostituée séductrice Mitzi Caspar dans Mayerling de Kenneth MacMillan. “Bleuenn Battistoni étonne en Mizzi Caspar, sexy en diable dans la taverne, s’envolant dans les bras des officiers, donnant de la clarté à la pantomime, ce qui n’est pas une mince affaire dans ce ballet. Cette représentation a eu lieu la veille du Concours de promotion, et l’on se dit qu’elle a gagné sa place avec cette performance“. Effectivement, elle décroche son poste de Première danseuse quelques semaines plus tard, en reprenant l’une des variations de La Belle au bois dormant de Rosella Hightower.

Le Concours se passe sous les yeux de José Martinez, tout juste nommé Directeur de la Danse après la démission d’Aurélie Dupont, mais qui n’est à ce moment-là pas encore en poste., Ce changement de direction n’affecte pas la trajectoire de Bleuenn Battistoni : elle continue à être bien distribuée, la direction lui faisant visiblement confiance. On la voit ainsi drôle et impétueuse en Maîtresse de Lescaut dans L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan (“Sa Maîtresse a ce qu’il faut de gouaille, d’envie et de drôlerie pour dessiner un personnage qui prend la scène“), irrésistible de charme et de drôlerie dans Le Concert de Jerome Robbins, plus grave dans In the Night (“Bleuenn Battistoni joua avec malice la carte de la drama queen pour le troisième pas de deux, intense et virtuose“), dans Petite Mot de Jiří Kylián ou The Dante Project de Wayne McGregor pour un registre plus contemporain. La danseuse commence aussi à se faire connaître à l’international, avec de belles invitations à l’étranger. On connaissait son brio technique, on découvre l’ampleur de ses possibilités, sa capacité à se glisser dans la peau de personnages très différents, sa facilité à s’emparer de la scène et à donner le ton de la soirée, une véritable maturité d’interprète. De là, une nomination semble promise.

 

Bleuenn Battistoni – La Maîtresse de Lescaut dans L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan

 

En mars, là voilà donc titulaire du rôle de Lise dans La Fille mal gardée de Frederick Ashton. Après quelques blessures côté danseur, l’Étoile du Royal Ballet Marcelino Sambé est appelé en renfort. Et c’est avec Bleuenn Battistoni qu’il danse, preuve encore de la grande confiance que lui accorde José Martinez. Sa prise de rôle se passe de la plus belle des façons. Sa deuxième date sera celle de la nomination d’Étoile. En attendant sa Giselle, cette fois-ci en entier, qu’elle dansera en mai prochain. Et ses nombreuses années de carrière qui promettent d’être brillantes.

 

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Commentaires (5)

  • Raydens

    Elle est très talentueuse j’espère que ma fille sera comme elle.

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  • Gazelle

    Oui belle nomination mais ça n’aurait pas été mon choix.

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  • Aleida Gutiérrez Oceguera

    ¡Felicitations pour elle!

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  • CLAIRE GAU

    Bravo à elle ! Je lui souhaite beaucoup de chance dans le parcours qui s’ouvre devant elle.

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  • sylvie

    bravo à elle!
    j’ai eu la chance de la voir remplacer Alice Renavand, hélàas blessée le soir de ses adieux à l’Opéra Garnier dans Giselle, et je l’ai trouvée merveilleuse , extraordinaire ! voilà une nomination bien méritée je pense et je serai ravie de pouvoir l’applaudir encore sur scène prochainement.

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