Nicolas Le Riche nommé directeur du Ballet Royal de Suède
Nicolas Le Riche a été nommé directeur du Ballet Royal de Suède. “Parmi les sollicitations dont j’ai la chance de faire l’objet, les propositions de l’Opéra Royal de Suède m’ont convaincu, car elles rejoignaient pleinement mes aspirations personnelles : un corps de ballet riche d’individualités remarquables et d’un collectif porteur, un projet ambitieux pour la danse classique, une vision à long terme, une grande ouverture internationale et une démarche franche et claire“, explique Nicolas Le Riche à DALP.
Son nom avait été évoqué pour le Ballet de l’Opéra de Bordeaux, aujourd’hui en crise. Mais l’ancien Danseur Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris prendra la succession de Johannes Öhman, qui lui-même remplace Nacho Duato à la tête du Staatsballett de Berlin. Un mercato surprenant car ce n’est pas sur ces terres scandinaves que l’on attendait Nicolas Le Riche, mais voilà un défi qui doit assurément réjouir celui qui fut l’un des danseurs français les plus populaires des années 1990 et du début du XXIe siècle. Pour mémoire, seul entre tous-toutes, il eut droit à une soirée d’adieu mémorable en juillet 2014, construite pas ses soins avec une pléiade d’invités dont Sylvie Guillem, qui l’avait choisi pour partenaire régulier depuis leur premier Don Quichotte en juin 1998 au Palais Garnier.
Le Ballet de Suède est l’une des compagnies les plus anciennes d’Europe, qui a certes connu quelques vicissitudes au long de l’histoire, mais qui s’inscrit comme une troupe majeure dans un pays où existe une forte tradition chorégraphique de renommée internationale : Birgit Cullberg bien sûr, Mats Ek son fils, Alexander Ekman plus récemment. Et à l’instar du Ballet de l’Opéra de Paris, le Ballet Royal de Suède est familier d’un répertoire qui allie à la fois les ballets académiques et les chorégraphes contemporains : Jiri Kylian, William Forsythe et bien évidemment Mats Ek. Paris avait d’ailleurs accueilli la compagnie en janvier 2015 pour Juliette et Roméo, relecture radicale du mythe shakespearien.
Nicolas Le Riche arrivera donc en terrain presque familier, lui qui alterna avec bonheur les grands rôles du répertoire mais fut aussi l’interprète de prédilection des chorégraphes invités à l’Opéra de Paris : William Forsythe et Jiri Kylian – encore eux ! – ou Mats Ek. Dans sa toute première déclaration après l’annonce de sa nomination, Nicolas Le Riche s’est réjoui de présider aux destinées du Ballet Royal de Suède: “Nous allons travailler sur les œuvres classiques mais aussi avec des chorégraphes d’aujourd’hui, avec l’objectif de créer un répertoire large et innovant pour tous les publics, national et international…”. L’objectif est clairement édicté : perpétuer le savoir-faire des danseur-e-s de la compagnie mais aussi la faire rayonner au-delà des frontières. De ce point de vue, la notoriété et le carnet d’adresses de Nicolas Le Riche sont deux atouts majeurs.
C’est une forme de revanche pour Nicolas Le Riche qui n’avait pas caché ses ambitions pour succéder à Brigitte Lefèvre à la direction du Ballet l’Opéra de Paris. La nomination surprise de Benjamin Millepied avait mis un terme à ses espoirs. Mais il avait su rebondir immédiatement avec la création d’un concept inédit, le LAAC, acronyme de l’Atelier d’Art Chorégraphique qu’il co-dirige avec son épouse et ancienne Étoile Clairemarie Osta. Il est probable que cette structure à laquelle les deux artistes sont très attachés et qui collabore avec le Théâtre des Champs-Élysées, perdurera sous une forme ou une autre. “Une belle aventure commence. C’est une bonheur de penser que le LAAC bénéficiera de cette belle énergie“, continue Nicolas Le Riche.
Quelles que soient les qualités et l’innovation que représente le LAAC, cela n’était pas totalement à la mesure de Nicolas Le Riche. Danseur exceptionnel, nommé Étoile le 27 juillet 1993 par Patrick Dupond, il a interprété tous les grands rôles du répertoire et dansé sur les scènes les plus prestigieuses : le Bolchoï où il fut Spartacus, le Mariinsky ou encore le Royal Ballet où il fut artiste invité à la demande de Sylvie Guillem. Il dansa avec elle le ballet mythique de Frederick Ashton, Marguerite et Armand créé pour Rudolf Noureev et Margot Fonteyn et qui n’avait jamais été repris. Tenté par la chorégraphie, il créât en 2005 à l’Opéra de Paris le ballet Caligula sur la musique des Quatre Saisons de Vivaldi et un livret écrit par son ami et comédien, Guillaume Gallienne.
Voilà en tout cas une aventure qui réjouira tous les fans de Nicolas Le Riche et ils sont nombreux-ses. C’est aussi le signe de la force de cette génération formée et influencée par l’aura de Rudolf Noureev : Kader Belarbi à Toulouse, Manuel Legris à Vienne, Laurent Hilaire à Moscou au Théâtre Stanislavski, Éric Vu-An à Nice. Cette génération a à l’évidence quelque chose de puissant à transmettre, une volonté de préserver et élargir cette philosophie qui était celle de Rudolf Noureev : ce souci constant de se ressourcer aux grands ballets classiques qui sont la sève de toute la danse. Mais aussi de savoir repérer et accueillir les nouveaux talents sans lesquels cet art fragile ne pourrait survivre. Nous sommes tous un peu triste de voir Nicolas Le Riche s’exiler sur ces terres septentrionales mais l’on espère aussi le revoir très vite invité en France à la tête du Ballet Royal de Suède. Qu’il nous soit permis à Danses avec la plume de lui souhaiter bon vent !
Léa
C’est surtout bien dommage que l’Opéra ne lui ait pas offert le poste après le départ de Millepied…. Une trop forte personnalité ?
Cygne blanc
Les bons s’expatrient, les mauvais restent à Paris
Christina Hérouard
Quelle chance pour les suédois – Grattis och Lycka till!!!!!!!!!! Bonne chance