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Bilan 2016 de la danse – Le Top 5 des spectacles de la rédaction

2016 touche à sa fin… Quels spectacles de danse ont marqué la saison ? Quel.le.s artistes ont particulièrement brillé ? Quels ont été les moments forts de la danse en France et dans le monde ces douze derniers mois ? La rédaction de Danses avec la plume joue le jeu du bilan, et chaque rédacteur.rice vous donne son Top 5 des spectacles de danse de l’année 2016. De Paris à New York, du théâtre au musée, de Giselle à Emanuel Gat en passant par Crystal Pite ou Alexeï Ratmansky. 

 

Le Top 5 d’Amélie Bertrand

– Les actes blancs de Giselle et Le Lac des cygnes avec Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann au Ballet de l’Opéra de Paris

Symphony in C de George Balanchine par le New York City Ballet

Le Sacre du Printemps de Pina Bausch par le Tanztheater Wuppertal aux Arènes de Nîmes

La Belle au bois dormant d’Alexeï Ratmansky par l’American Ballet Theatre

The Seasons’ Canon de Crystal Pite par le Ballet de l’Opéra de Paris

J’ai toujours beaucoup aimé le partenariat entre Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann. Cette année, ils ont pour moi été au sommet, notamment dans les actes blancs de Giselle et du Lac des cygnes. Il y avait entre eux une profonde tendresse et un vrai sentiment d’intimité qui m’ont véritablement bouleversée. Bouleversée aussi, mais d’une autre façon, par Symphony in C de George Balanchine qui a clôturé la triomphale tournée parisienne du New York City Ballet. Trois semaines de bonheur et la découverte de la Reine Sara Mearns ! 

Je connais bien Le Sacre du Printemps de Pina Bausch. Mais le revoir dans le décor naturel des Arènes de Nîmes avait quelque chose de magique. Le vent dans les robes, les étoiles contemplant le sacrifice, les pierres imposantes tout autour… Comme l’impression d’être dans un autre temps. La Belle au bois dormant d’Alexeï Ratmansky par l’American Ballet Theatre  fut aussi une très belle redécouverte. Le chorégraphe a su replonger dans les racines de Marius Petitpa pour proposer un petit bijou de style et de danse vivante, redonnant vie à une Belle parfois bien compassée. Un régal ! The Seasons’ Canon de Crystal Pite a aussi été une belle découverte. Voilà une pièce originale, bouleversante aussi, emportant comme un tourbillon. Cela faisait longtemps que le Ballet de l’Opéra de Paris n’avait pas été aussi formidable dans une création, faisant corps de ballet tout en s’exprimant pleinement en scène. 

Le Lac des cygnes – Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann

 

Le Top 5 de Jade Larine

1 – Francesca da Rimini de Yuri Possokhov avec Svetlana Zakharova et Denis Rodkine

2 – Giselle et Le Lac des cygnes avec Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann au Ballet de l’Opéra de Paris

3 – Le Roméo de Hugo Marchand dans Roméo et Juliette de Rudolf Noureev au Ballet de l’Opéra de Paris

4 – Le Lac des cygnes d’Alexeï Ratmansky par le Ballet de Zürich et la Scala de Milan.

5 – Don Quichotte par le Ballet du Bolchoï avec Svetlana Zakharova et Denis Rodkine

Cette année comme les précédentes, c’est Svetlana Zakharova qui a constitué un spectacle à elle seule à chaque fois que je l’ai vue sur scène. Nul n’égale sa grandeur ! Mention spéciale pour Francesca da Rimini, qu’elle interprète avec Denis Rodkine sur la symphonie éponyme de Tchaïkovsky. Du côté de l’Opéra de Paris, j’ai été enchantée par la reprise de deux classiques (Giselle, Le Lac des cygnes) dansés par le couple Mathias Heymann/Myriam Ould-Braham. Chacun exhale une fragilité et une délicatesse qui incarnent, à mon sens, la danse classique dans tout son raffinement. Chez les jeunes talents, j’ai été séduite par Hugo Marchand dans Roméo et Juliette, que Rudolf Noureev a chorégraphié avec génie et qu’il me tarde de revoir.

Très belle surprise également du côté du Lac des cygnes reconstruit d’Alexeï Ratmansky, dont j’admire l’esthétique, que j’ai apprécié à Zurich (Viktorina Kapitonova est une vraie perle) mais que j’ai adoré interprété par le Ballet de La Scala. Je ne peux omettre le Bolchoï, que j’ai eu le plaisir de voir à Moscou et à Londres cette année, sans parler des retransmissions cinéma (coup de coeur pour Spartacus). Je couronne Don Quichotte comme le ballet emblématique de la compagnie.

Svetlana Zakharova, Denis Rodkin – Don Quichotte

 

Le Top 5 de Dephine Baffour

1 – SUNNY d’Emanuel Gat

2 – Au cœur de Thierry Thieû Niang

3 – Les Applaudissements ne se mangent pas de Maguy Marin

4 – Auf dem gebirge hat man ein deshrei gehört de Pina Bausch

5 – Work / Travail / Arbeid d’Anne Teresa De Keersmaeker

2016 fut, pour la danse contemporaine, une année contrastée. Si elle n’a vu éclore qu’assez peu de créations marquantes, elle fut l’occasion d’importantes reprises et d’échappées belles dans les rues ou les musées. Parmi les nouveautés, Emanuel Gat et son complice Awir Leon ont illuminé Montpellier Danse avec SUNNY, pièce chorégraphique et musicale ciselée, vivante et sensuelle, à la composition complexe. De son côté, Thierry Thieû Niang a bouleversé le Off avignonnais avec Au cœur, portant un regard sensible sur le tragique destin des migrants avec la complicité de magnifiques enfants et adolescents amateurs. 2016 vit aussi le retour de Maguy Marin après presque 30 ans d’absence à l’Opéra de Paris, avec l’entrée à son répertoire des Applaudissements ne se mangent pas, pièce abrupte et engagée ayant pour thème les dictatures sud-américaines. Elle n’a pas fait l’unanimité mais reste pour moi essentielle. Trente, c’est également le nombre d’années qu’aura dû attendre le public parisien avant de redécouvrir Auf dem gebirge hat man ein deshrei gehört de Pina Bausch, un opus remarquable et trop rare qui se joue de nos angoisses collectives, archaïques.

Mais la danse cette année s’est aussi largement invitée hors des salles de spectacles, dans les rues, les cinémas et les musées. Work / Travail / Arbeid d’Anne Teresa De Keersmaeker présenté à Beaubourg en fut un des exemples les plus enthousiasmants. Étirant son spectacle Vortex Temporum sur une durée de neuf heures, la chorégraphe a su dépasser les contraintes muséales avec une proposition éminemment vivante et proche des spectateur.trice.s. 

SUNNY d’Emanuel Gat et Awir Leon

 

Le Top 5 de Jean-Frédéric Saumont 

1 – La Belle au Bois Dormant par l’American Ballet Theatre et Le Lac des Cygnes par la Scala de Milan, surtout les deux d’Alexeï Ratmansky

2 – Sérénade d’après le symposium de Platon par l’American Ballet Theatre et toujours d’Alexeï Ratmansky

3 – La Juliette d’Alessandra Ferri dans Roméo et Juliette de Kenneth MacMillan à l’American Ballet Theatre

4 – The Season’s Canon de Crystal Pite par le Ballet de l’Opéra de Paris

5 – Sara Mearns pour sa danse ” bigger than life”

Alexeï Ratmansky n’en finit pas de faire découvrir Marius Petipa. Son travail minutieux sur les notations Stepanov ouvre un champ chorégraphique que l’on ne connaissait pas. Il est certes un peu ardu à la première vision pour le.la balletomane mais plus on voit ces reconstructions/réinventions, plus on est séduit par cette esthétique que l’on pensait enfouie. Pour Sérénade, le chorégraphe montre là son autre veine que l’on à peine à qualifier de néoclassique tant l’art du chorégraphe américano-russe transcende les codes habituels. Sur la partition de Leonard Bernstein, Alexeï Ratmansky livre sa vision de la nature de l’amour. Cette oeuvre majeure devrait entrer au répertoire d’autres compagnies.

Alessandra Ferri a fait un come-back imprévu sur la scène du Metropolitan Opera où elle avait brillé durant plus de 20 ans. A 53 ans, la ballerine italienne a fait un retour triomphal mérité avec son partenaire, Herman Cornejo. On se met alors à rêver que d’autres stars de la danse récemment retraitées reviennent sur scène…. Crystal Pite m’avait déjà enthousiasmé l’an dernier à New York avec Emergence par le Pacific Northwest Ballet et sa création à l’Opéra de Paris,confirme que la canadienne est une chorégraphe majeure de l’époque. On avait rarement vu le corps de ballet de l’Opéra de Paris aussi uni et soudé pour 40 minutes d’intense beauté. Enfin Sara Mearns, que les Parisien.ne.s ont pu découvrir lors de la tournée du New York City Ballet, reste une danseuse au physique atypique, dotée d’une musicalité parfaite, aussi à l’aise dans les ballets de Balanchine que dans les créations de Justin Peck. Un trésor !

La Belle au bois dormant d’Alexeï Ratmansky – American Ballet Theatre

 

Le Top 5 de Laetitia Basselier

1 – From Black to Blue : les adieux de Mats Ek et Ana Laguna au Théâtre de Champs-Elysées

2 – The Seasons’ Canon de Crystal Pite à l’Opéra de Paris

3 – Les Cahiers de Nijinski, de Brigitte Lefèvre et Daniel San Pedro, au Théâtre de Chaillot

4 – Le Sacre du Printemps/Henri Michaux : Mouvements de Marie Chouinard à la MAC

5 – Three d’Ohad Naharin, par la Batsheva Dance Company à l’Opéra de Paris

Après les adieux de Sylvie Guillem, le Théâtre des Champs-Elysées accueillit début 2016 ceux de Mats Ek et Ana Laguna. S’il est difficile d’imaginer que le répertoire de Mats Ek, selon ses volontés, ne sera pas redonné, ou que l’on ne verra plus Ana Laguna danser, cela ne rendit cette soirée que plus émouvante. Autre grande émotion scénique, cette fois-ci au Palais Garnier, avec The Seasons’ Canon. Crystal Pite offrit une très belle chorégraphie au corps de ballet de l’Opéra, emportée par le souffle de la musique de Max Richter. À Garnier également, la Batsheva Dance Company investit la scène avec l’énergie et la joie qu’on lui connaît.

Dans une atmosphère beaucoup plus intime, Les Cahiers de Nijinski, mis en scène par Brigitte Lefèvre et Daniel San Pedro, furent une rencontre bouleversante avec le texte de Nijinski, merveilleusement récité par Clément Hervieu-Léger, dans l’ombre spectrale de Jean-Christophe Guerri. Beau moment également que la soirée programmée à la MAC autour de deux pièces de Marie Chouinard, Le Sacre du Printemps et Mouvements. Sur la musique d’Igor Stravinsky comme sur le poème d’Henri Michaux, c’est la même pulsation énergique qui fuse, la même nécessité de mouvement qui se déploie.

À un tournant d’année bien sombre, souhaitons que 2017 soit pavée de ces lumières qui, parmi d’autres lumières (celles de tou.te.s celles et ceux qui se battent pour un monde meilleur), donnent sens et beauté à ce qui nous entoure.

The Seasons’Canon de Crystal Pite

 

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