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Bilan 2020 de la Danse – Le Top 5 de la rédaction

Un Top 5 des spectacles de 2020 ? La mission semble impossible. Avec la fermeture des théâtres une bonne partie de l’année, seul le souvenir du confinement semble rester. Et pourtant, il y en a eu de belles représentations ! En début d’année, à l’aube des fermetures, puis en septembre, avec ce sentiment d’urgence à danser et de plaisir à retrouver la scène, même si c’était pour peu de temps. Alors gardons aussi les belles choses de 2020 : place au Top 5 des spectacles de l’année par chaque membre de la rédaction.

 

Le Top 5  d’Amélie Bertrand

1 – Mozart à 2 et Beethoven 6 de Thierry Malandain par le Malandain Ballet Biarritz

2 – Onéguine de John Cranko par le Royal Ballet de Londres

3 – Coppél-i.A de Jean-Christophe Maillot par les Ballets de Monte-Carlo

4 – Soirée Peck/Robbins par le Ballet de l’Opéra de Bordeaux

5 – Programme George Balanchine par le Ballet de l’Opéra de Paris

Quelle étrange sensation au moment de faire son Top 5 des spectacles de 2020… Quand on se demande si on a même vu plus d’une dizaine de spectacles sur les douze mois écoulés ! Alors que reste-t-il au moment de faire le bilan, une fois écartée cette sensation de vide et de manque ? La première image qui me vient à l’esprit, c’est le rideau qui s’ouvre sur Mozart à 2 de Thierry Malandain, au festival Le Temps d’aimer, marquant le retour en scène après six mois de confinement du Malandain Ballet Biarritz. Une intensité, une émotion, un bonheur des retrouvailles, aussi une urgence à danser aussi devant tant d’incertitude… Beaucoup de choses, au-delà de la superbe performance des artistes, qui ont rendu cette soirée si spéciale. Idem pour la soirée de reprise du Ballet de l’Opéra de Bordeaux, entre Justin Peck et Jerome Robbins, pour un programme néo-classique plein de virtuosité et de joie de danser. 

Deuxième moment fort, l’Onéguine de John Cranko superlatif du Royal Ballet de Londres de janvier. L’on aime dire qu’il s’agit de la meilleure troupe européenne du moment. Cette représentation n’a en tout cas pas fait défaut à cette réputation. Il y avait la bonne alchimie autour de ce superbe ballet : des Étoiles qui vous emportent et une si belle cohésion collective entre tous les artistes. Natalia Ossipova est la reine de sa génération, sa Tatiana – personnage dont on croit connaître tous les tourments à force d’avoir vu l’oeuvre – a réussi à me surprendre. L’année avait décidément bien commencé avec la relecture étonnante et réussie de Coppélia – rebaptisée Coppél-i.A – de Jean-Christophe Maillot par les Ballets de Monte-Carlo, doublé du plaisir de plonger dans une oeuvre narrative d’aujourd’hui. Souvenir enfin de la belle soirée George Balanchine par le Ballet de l’Opéra de Paris juste avant le confinement. Alors que le gros de la compagnie était en tournée, les solistes oubliés de la direction avaient enfin droit pleinement à la scène, et ils s’en sont bien servis. 

Mozart à 2 de Thierry Malandain – Malandain Ballet Biarritz

Le Top 5 de Claudine Colozzi 

1 – You’re The First, The Last, My Everything de Mehdi Kerkouche par la compagnie EMKA

2 – Journal de confinement d’Olivia Lindon

3 – La série Move sur Netflix de Thierry Demaizière et Alban Teurlai

4 – Les danses de balcon de Jeanne Morel

5 – Dire merci par les danseur.euse.s du Ballet de l’Opéra de Paris

Si l’exercice de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur des douze derniers mois est plutôt enthousiasmant, cette année, il s’est révélé douloureusement cruel. La tentation était donc grande de ressasser ma frustration en proposant le Top 5 des spectacles ou compagnies que j’aurais tant aimé voir en 2020 (The Sacrifice de Dada Masilo, Giselle d’Akram Khan aux Etés de la danse, Toulouse-Lautrec de Kader Belarbi, le Ballet Stanislavsky…). Ou d’essayer de me remémorer les quelques spectacles qui m’avaient marquée. Mais puisque la danse, à défaut de vivre dans les théâtres et dans les festivals, a déployé ses ailes sur la toile ou sur les écrans, c’est là que je suis allée la chercher.

Avant de chorégraphier pour le ballet de l’Opéra de Paris, Mehdi Kerkouche a fait bouger les danseurs et danseuses de la compagnie EMKA sur la chanson de Barry White grâce à un savant montage sur Instagram. Une bulle électrisante qui a dynamisé le premier confinement. La danseuse Olivia Lindon a, elle, offert des capsules poétiques très réussies et écrit au fil des jours son Histoire de la danse. Autre révélation, la danseuse Jeanne Morel qui a su transformer son mètre carré de balcon en un magnifique belvédère artistique. Ses rendez-vous vespéraux m’ont aidée à traverser le printemps confiné le sourire aux lèvres. Les danseur.euse.s du ballet de l’Opéra National de Paris ont eux aussi tenu à réaliser une vidéo (Cédric Klapisch s’en est chargé). Sur la Danse des Chevaliers (n°13)​ de Roméo et Juliette, chacun.e s’est révélé.e dans son quotidien de confiné.es continuant à s’entraîner. Emouvant.

Enfin, les réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai, auteurs de Relève avec Benjamin Millepied en 2016 ont livré une série documentaire, Move. Une exploration brillante du processus créatif à travers les portraits de Lil Buck et Jon Boogz, Ohad Naharin, Israel Galván, Kimiko Versatile (championne de dancehall) et Akram Khan. Une manière de clore magnifiquement cette année déprimante.

You’re The First, The Last, My Everything de de Mehdi Kerkouche (capture)

Le Top 5 de Jean-Frédéric Saumont

Vessel de Damien Jalet et Kohei Nawa

– Les 50 ans de la Trisha Brown Dance Company

Impulso de Rocio Molina

So Schnell de Dominique Bagouet 

One More Thing d’Adi Boutrous

Il y a quelque chose de déraisonnable à tenter d’évoquer les spectacles que l’on a préférés dans une année qui s’est déroulée en pointillés. Plus difficile encore d’établir un classement mais alors que l’hiver s’annonce rude pour les théâtres, il est bon de se remémorer quelques émotions. Damien Jalet et Kohei Nawa ont livré avec Vessel une pièce miraculeuse, une osmose parfaite entre danse et arts plastiques. La série est presque allée jusqu’à son terme au Théâtre de Chaillot avant la fermeture des salles de spectacles. Simultanément, le théâtre de Nîmes accueillait l’unique date de la grande tournée européenne de la compagnie Trisha Brown pour son cinquantenaire, là encore interrompue en plein vol par la pandémie : privilège absolu que de revoir trois pièces majeures de la chorégraphe américaine.

C’est aussi à Nîmes que Rocio Molina a enchanté le Festival de Flamenco avec un bref mais intense Impulso, cette forme d’improvisation où la danseuse invite des artistes à la rejoindre sur scène. Dans la petite salle de l’Odéon, elle a proposé un mano à mano avec le guitariste virtuose Rafael Riqueni. Ce fut un tel succès que le spectacle devrait être repris. Quelques jours plus tard, la même Rocio Molina prenait possession du plateau de la salle Firmin Gémier au Théâtre de Chaillot sur un format plus long avec en invité François Chaignaud, offrant une séquence de flamenco post-moderne, rock et baroque qui laisse K.O. d’émotions. Montpellier Danse a dû troquer l’été pour l’automne et revoir à la baisse son programme mais l’ouverture retardée fut fulgurante avec la reprise du spectacle de Dominique Bagouet So Schenll, 30 ans après sa création à Montpellier. Enfin, dans cette petite fenêtre automnale, Adi Boutrous est l’un des rares chorégraphes étrangers qui a pu passer les frontières. Ce jeune israélien d’origine arabe a présenté au Théâtre des Abbesses One More Thing, variation virtuose pour cinq danseurs sur le thème de la masculinité.

Voilà cinq souvenirs très forts, pas un hit-parade ! Et l’espoir de tous les revoir vite…

Vessel de Damien Jalet et Kohei Nawa

 




 

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