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[Photos] Retour sur la saison 2017-2018 du Ballet de l’Opéra de Paris

De Joyaux de George Balanchine à La Fille mal gardée de Frederick Ashton en passant par Don Quichotte de Rudolf Noureev ou la reprise de The Seasons’ Canon de Crystal Pite, des adieux de Laetitia Pujol et Marie-Agnèes Gillot à la nomination d’Étoile de Valentine Colasante, le Ballet de l’Opéra de Paris a connu une saison 2017-2018 marquée par quelques événements et de jolies reprises, malgré un certain déséquilibre et de nombreuses crises internes. 

Retour en images sur les moments forts de la saison 2017-2018 du Ballet de l’Opéra de Paris : 

 

La saison 2017-2018 du Ballet de l’Opéra de Paris a été marquée par des crises internes sur lesquelles nous nous sommes déjà penchés. Restons-en ici sur ce qui s’est passé en scène, même si l’ambiance pesante des coulisses se ressent forcément sur le plateau. Cette saison a été comme attendue : morne dans l’ensemble car très déséquilibrée. Difficile de se nourrir artistiquement quand il y a peu de choses à danser, ou d’assurer avec brio les grandes oeuvres classiques quand elles se font rares. Les créations, nombreuses, n’ont pas vraiment marqué les esprits. La question de l’équipe encadrante du Ballet se pose aussi avec des reprises parfois approximatives. Pourtant, le Ballet de l’Opéra de Paris compte nombre d’artistes fabuleux. Et ce sont ainsi souvent des performances personnelles qui ont marqué les spectacles. La plupart des Étoiles ont assuré brillamment leurs rôles et leur position, laissant de vrais grands souvenirs d’interprètes. Quelques Premiers danseurs et Premières danseuses ont marqué la scène même si oublié.e.s par la direction. De jeunes talents ont émergé, brillants eux et elles aussi. Ils méritent une nourriture artistique plus approfondie. 

La saison 2017-2018 du Ballet de l’Opéra de Paris a démarré par le traditionnelle gala, marqué par Trois Gnossiennes de Hans van Manen très bien dansé par Hugo Marchand et Ludmila Pagliero. Puis place à Joyaux de George Balanchine, un chef-d’oeuvre qui a un peu souffert de distributions déséquilibrées. Des interprètes qui ne semblaient pas tout à fait prêts, et de grands moments de scène aussi, parmi les plus beaux de la saison : Rubis par François Alu et Valenine Colasante, Diamants par la superbe Sae Eun Park, qui n’a pas volé son Benois de la Danse. Puis place à une soirée mixte, composée d’Agon de George Balanchine, la création Grand Miroir de Saburo Teshigawara et Le Sacre du Printemps de Pina Bausch. Et c’est cette dernière pièce qui a marqué les esprits avec quatre belles Élues : Eleonora Abbagnato, Alice Renavand, Valentine Colasante et Léonore Baulac. Vient ensuite Play d’Alexander Ekman. Création très attendue et qui a bénéficié de beaucoup de moyens. Et la déception fut à la hauteur de l’attente, même si le succès public a été réel. Une scénographie magnifique mais qui n’utilise à aucun moment le talent des danseurs et danseuses de la compagnie. 

Play d’Alexander Ekman

Don Quichotte de Rudolf Noureev a été une reprise plutôt réussie, voire de très haute volée pour certains soirs. Mathias Heymann ou Dorothée Gilbert ont survolé tout le monde de leur talent et leur charisme, même si les performances de Ludmila Pagliero ou Myriam Ould-Braham étaient aussi réjouissantes. L’artiste invitée Isabella Boylston a apporté tout son peps américain, toujours très agréable. Mais nous sommes à l’Opéra de Paris, rien ne peut se passer calmement. Suite à des blessures en cours de série, il a manqué un partenaire pour Alice Renavand. François Alu ou Vincent Chaillet avait déjà dansé le ballet avec elle, Aurélie Dupont a préféré faire appel à un artiste invité, Isaac Hernández, très bien au demeurant. À noter aussi : la très belle qualité des nombreux seconds rôles : Hannah O’Neill ou Sae Eun Park en reine des Dryades, Dorothée Gilbert impériale Cupidon, Florian Magnenet ou Valentine Colasante extras en Espada et Mercedes, Francesco Mura détonnant en chef des brigands… La liste est longue. Et surprise à la fin : la nomination d’Étoile de Valentine Colasante, que personne n’avait vu venir. 

Pas de compagnie invitée en janvier, la reprise se fait en février avec Onéguine de John Cranko. Une série un peu difficile, l’absence d’Isabelle Ciaravola se fait sentir. Et le ballet, souvent repris, aurait mérité de se reposer un peu. Là encore, les performances individuelles priment : Mathias Heymann a tout simplement coupé le souffle en Lenski. Le danseur, qui a énormément gagné en jeu d’acteur, est un très grand. Hugo Marchand a fait une prise de rôle très réussi, tout comme Sae Eun Park. Dorothée Gilbert a une fois de plus montré tout son talent. Quel dommage que cette Étoile n’ait pas eu au cours de la saison un partenaire de son niveau artistiquement. Direction ensuite l’Opéra Bastille pour une soirée mixte, composée de Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied et du Boléro de Maurice Béjart. Une sympathique reprise pour le premier, même si les compagnies américaines vont mieux aux pièces du chorégraphe. Et des performances pour le second : on a adoré ou détesté Marie-Agnès Gillot sur la table rouge, le fait est qu’elle n’a laissé personne indifférent, et c’est bien là le propre des grands artistes. 

Le Boléro de Maurice Béjart – Marie-Agnès Gillot

Marie-Agnès Gillot est revenue au Palais Garnier pour Orphée et Eurydice de Pina Bausch et ses adieux. La reprise de trop pour ce ballet qui est apparu bien poussif dans l’interprétation, avec un groupe très – trop – lisse.  Le spectacle en soi n’a donc pas été un sommet, mais comment ne pas être ému.e par les adieux à la scène de Marie-Agnès Gillot ? Une artiste à part, une grande gueule, qui a profondément marqué l’institution. Pas sûr qu’aujourd’hui, elle aurait pu avoir la carrière qu’elle a eue. 

La saison a continué avec la reprise inutile de Roméo et Juliette de Sasha Waltz, même si Hugo Marchand y a mis du sien. Le ballet devait être repris pour les adieux de Hervé Moreau, alors que tout le monde savait d’avance qu’il ne pourrait pas remonter sur scène. Son départ est acté, il n’est pas dans l’organigramme de la saison, mais rien n’a été annoncé. Oui, c’est bien triste. Pour voir de la danse française, il fallait retourner au Palais Garnier et le spectacle de l’École de Danse, qui a proposé Suite de danses d’Ivan Clustine, Un Ballo de Jiří Kylián et Spring and Fall de John Neumeier. Un programme un peu déséquilibré, mais qui a mis en avant de belles personnalités. La reprise par la compagnie de la soirée Anne Teresa de Keersmaeker, avec Quatuor n4Die Grosse Fugue et Verklärte Nacht n’a pas vraiment déchaîné les foules. On ne comprend pas bien, de fait, l’omniprésence de la chorégraphe dans la compagnie.

Soirée morne aussi avec la création dans les espaces publics Frôlons de James Thierrée, l’entrée au répertoire de The Art of Not Looking Back de Hofesh Shechter ou la création The Mâle Dancer d’Ivan Perez. Trois pièces déjà oubliées, qui rappellent assez cruellement qu’une direction artistique, ce n’est pas aligner des noms, mais se demander pourquoi ces noms. La reprise de The Seasons’ Canon de Crystal Pite a illuminé la soirée, avec encore plus de force qu’à sa création. La saison s’est enfin terminée avec La Fille mal gardée de Frederick Ashton. Un peu la reprise de trop là aussi, avec une certaine lassitude du corps de ballet. D’autant plus que cela intervenait après une grosse crise interne et une tournée américaine annulée. Mais l’on pouvait compter sur les Étoiles et solistes. François Alu et Alice Renavand ont détonné pour la première, même si l’absence de nomination a tourné au ridicule. Dorothée Gilbert a été étincelante, Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann désarmants de tendresse. Et Josua Hoffalt, l’un des meilleurs Colas de la compagnie, a été regretté. Qu’il soit assuré qu’il a manqué cette saison. 

La Fille mal gardée de Frederick Ashton – Alice Renavand et Françoiis Alu

 

Et vous, que retenez-vous de cette saison 2017-2018 du Ballet de l’Opéra de Paris ?
 

Commentaires (3)

  • Léa

    Pour Onéguine, Bullion/Hecquet ont été exceptionnels. Pour ma part, dans un autre style, j’ai trouvé que Ganio/pagliero avaient aussi proposé une interprétation de haute volée.
    Mais oui bravo aux interprètes, qui hélas n’ont pas grand chose à se mettre sous la dent…. Et on espère encore un peu revoir J. Hoffalt.

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  • Léa

    Le partenaire à la hauteur de D. Gilbert serait bien H. Marchand, mais ils ne sont que rarement associés. Je trouve qu’elle est très bien aussi avec M. Ganio, mais là encore, je ne sais pourquoi, c’est trop rare…

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  • Pascale M.

    Pour ma part, je retiens de ce que j’ai vu cette année sur scène la fatigue évidente de Karl Paquette à la fin de” Don Quichotte”, le beau quatuor Ludmila Pagliero- M. Ganyo/ MOB- M. Heyman dans “Onéguine”, et pour “La fille mal gardée” l’interprétation brillante d’Alu, le casting totalement à contre-emploi de Germain Louvet, et le très joli couple formé par Léonore Baulac et Paul Marque.
    Pour le reste…comme la plupart des balletomanes, beaucoup de frustration devant le petit nombre de ballets classiques proposés, la non nomination d’artistes qui le méritent amplement, les choix discutables en matière de programmation.

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